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Karim Mejjati, l’homme des réseaux

© D.R

Karim Mejjati aurait eu quarante ans actuellement s’il avait survécu aux balles des forces de sécurité saoudiennes, le 4 avril 2005, dans la ville d’Ar Rass au nord-ouest de Riyad. Parmi les quinze morts, on retrouvera son propre fils, l’un des deux garçons fruits d’un mariage avec la Marocaine Fatiha Hassani.
Pour les autorités de Riyad, le fait que Karim Mejjati ait séjourné en Arabie saoudite fut une grande surprise surtout que l’homme était recherché par plusieurs services de sécurité européens, américains et marocains en même temps. Pas pour les experts en matière de terrorisme qui font passer Mejjati comme ayant été un as du déguisement. De plus, sa parfaite maîtrise des langues lui facilitait grandement les choses.
Si on ignore exactement son « grade » dans la nébuleuse terroriste, le parcours de Karim Mejjati peut être de quelque secours pour renseigner sur celui qu’on qualifie de «coordinateur» entre Al Qaïda et ses cellules en Europe et dans le Maghreb, au Maroc particulièrement. Au moment où les autorités saoudiennes ont commencé l’identification des morts de l’attaque de l’immeuble de Ar Rass, elles ont encore été surprises de découvrir que, parmi ces derniers, figurait un autre Marocain qualifié d’ « homme de Ben Laden » dans le pays : Youssef Hayyari.
Lors des procès qui ont suivi les attentats du 16 mai, le nom de Karim Mejjati est cité par les membres de plusieurs cellules, tantôt en tant qu’organisateur de ces attentats, tantôt en expert en explosifs et parfois en tant qu’ « encadrant » des préparatifs qui se déroulaient dans une forêt près de la ville de Salé.
Une chose est toutefois sûre : Mejjati ne se trouvait pas au Maroc en mai 2003, mais aurait séjourné, à cette époque-là, en Arabie saoudite pour les besoins des attentats de Riyad, quelques jours avant ceux de Casablanca. Condamné au Maroc, par contumace, à vingt ans de prison ferme, Karim Mejjati fera l’objet d’intenses investigations du FBI en septembre 2003. Les Américains s’étaient enfin souvenus que le terroriste marocain le plus recherché de la planète avait séjourné aux Etats-Unis, à deux reprises, entre 1997 et 1999. Visiblement, il avait effectué ces séjours sous une fausse identité : une autre zone d’ombre dans le parcours de ce jihadiste marocain. 
Abou Ilyass (c’était son nom de guerre) est cité encore pour avoir joué un rôle de premier ordre dans les attentats de Madrid. C’est ce qui ressortira des investigations menées autour de Amer Azizi, un des Marocains montrés du doigt par la justice espagnole.
Bruxelles sera même sur le qui-vive quand les services de sécurité belges découvriront que Mejjati avait eu quelque chose à voir avec les attentats qu’aurait préparés le dénommé Houcine El Hasski arrêté à Anvers en Flandre.
Karim Mejjati, né moins d’un an avant mai 1968, est une autre preuve que le terrorisme n’est pas toujours l’apanage des milieux défavorisés de la société. S’il n’est pas né avec une cuillère d’or sous le menton, sa famille lui permettra pourtant de fréquenter les meilleures écoles du Royaume. Sa mère française aurait surtout insisté pour que Karim Mejjati soit placé dans l’une des écoles de la mission française.
 Le choix sera porté sur le lycée Lyautey où le jeune Mejjati se la coulait « cool » jusqu’à l’obtention de son baccalauréat à l’âge de vingt ans. Il part par la suite en France pour suivre une formation dans le domaine médical. Les détails de son séjour dans l’Hexagone sont un autre mystère dans le parcours d’Abou Ilyass puisqu’il en revient totalement transformé et intransigeant sur tout ce qui touche à la religion. Ses amis d’adolescence ne le prennent pas au sérieux et finissent, de guerre lasse, par s’en éloigner.
Pour Karim Mejjati, les débuts des années 1990 seront synonymes de grandes déambulations dans les quatre coins du monde. Il se hasarde en Bosnie, part en Afghanistan, séjourne en Iran et en Turquie, se déguise et voyage aux Etats-Unis, le tout entre de fréquents voyages en France.
Récemment son nom était encore cité dans les enquêtes sur le réseau de Hassan Khattab (Jamaât Ansar al Mahdi) surtout que sa veuve entretiendrait des relations ave les trois femmes arrêtées. Fatiha Hassani a nié en bloc. Mais elle n’a toujours pas livré tous les secrets de ce que fut la vie de jihadiste de son (ex) mari.

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