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La presse ou les démons du mensonge (2)

Depuis le renversement de Chadli en janvier 1992, le commandement de l’ANP de l’époque prend en charge la diffusion de toute information touchant de près ou de loin l’institution militaire ou la vie politique du pays.
Les moyens de communication sont mis sous surveillance stricte afin de s’assurer du contrôle du reste des événements. Dans le passé, cette mission délicate a de tout temps été attribuée au service presse de la Direction du Renseignement et de la Sécurité qui a mis sur pied au fil des ans un service très spécialisé qui a tissé sa toile autour de tous les médias. La gestion et la manipulation de l’information est une arme moderne très redoutable qui est employée pour gérer une situation de crise, façonner l’opinion publique et même retourner celle-ci lorsqu’elle est hostile à la politique en cours.
C’est une spécialité bien établie dans tous les services secrets du monde, appelée «Média Management ou Crisis Management» et qui a démontré son efficacité plus particulièrement lors de la guerre du Golfe.
En Algérie, la DRS n’est pas en marge dans ce domaine, les exemples sont nombreux, mais la pratique la plus connue de tous est la censure classique qui couvre tout le champ politique. Cette opération est assurée par l’intermédiaire de son service presse de manières différentes, mais le but final reste la manipulation psychologique de l’opinion publique nationale et même internationale lorsque le sujet a une dimension internationale.
L’exploitation et la manipulation de l’information sont réalisées par une sous-direction de la DRS : le service presse, plus scientifiquement baptisé «service psychologique». Il est en charge de la «guerre médiatique ». Cette sous direction est basée actuellement au centre opérationnel de Belaroussi (l’ex-centre de support opérationnel technique), situé derrière la cité des Asphodèles à Ben Aknoun et est connu par les introduits dans les milieux médiatiques sous le nom de code CCD.
Le centre Belaroussi, classé très sensible, est commandé par le fameux Colonel Aziz. Il abrite les bureaux du centre de la communication et de la diffusion (CCD) qui est dirigé par le colonel Tahri Zoubir alias Hadj Zoubir.
Si El-Hadj comme il est communément appelé, est comme ses prédécesseurs, en charge du recrutement par n’importe quel moyen du plus grand nombre possible de journalistes (même étrangers), le but est bien simple : la censure passive et active de tout ce qui est considéré comme une information à caractère sécuritaire.
La censure passive est plus classique, elle permet la régulation des moyens médiatiques que ce soit la télévision, la radio, la presse écrite ou très récemment l’Internet (le serveur du Cerist, ANEP, Wissal), et ce par l’intermédiaire d’officiers présents sur place, qui bénéficient de postes importants (bureaux de sécurité) et jouissent d’une liberté d’action sans limites. Chaque bureau de sécurité au sein d’un organisme médiatique comme la TV, la radio, les stations régionales (TV et radios) et l’APS regroupe une petite équipe d’officiers qui veille 24 heures durant sur le bon déroulement des choses. Il est même arrivé qu’un officier soit lui-même le directeur de l’établissement comme cela est souvent le cas concernant le poste de directeur de l’APS (comme le colonel Talmat, décédé en 1996).
La censure active est plus importante car elle nécessite des moyens humains importants à savoir des agents et des spécialistes en communication, capables de créer l’événement et de renverser une situation médiatique hostile.
Ce sont des spécialistes, le plus souvent des étrangers (spin docteurs : ce qui veut dire, des docteurs en renversement de crise), qui tracent les démarches à suivre pour minimiser les retombées médiatiques d’une situation catastrophique (comme ça a été le cas après les massacres de 1997 et 1998).
Dans tous les cas, le CCD a pour mission : la culture du secret dans le seul but de manipuler les masses d’une population en quête de vérité. Rien ni personne ne compte devant la soi-disant raison d’Etat, ce sceau sous lequel bien des vies sont sacrifiées et tant d’autres gâchées.
Tahri Zoubir est un ancien officier issu de la Direction Centrale de la Sécurité de l’armée (DCSA), il a occupé des postes de responsabilité assez importants avant de devenir commandant du CCD. Il a été le sous-directeur de la sous direction des points sensibles ; ce qui englobe la sécurité de toutes les enceintes militaires à travers le territoire national. Il a joué un rôle-clé lors du départ du général Kamel Abderahman et plus tard dans celui du général Mohamed Betchine qui a été aussi son ancien chef.
El Hadj Zoubir est assisté dans ses tâches par toute une équipe d’officiers qui sont :
• Le colonel Smail Hallab du corps de la gendarmerie nationale qui commande un service de soutien à Zoubir depuis le quartier général à Bab Djedide.
• Le colonel Kamel originaire de la DRS avec ses hommes qui sont: les commandants Hamdi Amalou et Omar Bououne, le capitaine Amine et le lieutenant Salah du service analyse de la DRS.
• Le commandant Miloud originaire de la DCE et le Capitaine Hamza, originaire du centre opérationnel "Antar" et qui travaillent tous deux pour le compte de Smain Lamari.
• Les adjoints directs de Zoubir, originaires de la DCSA tout comme lui, sont : les commandants Djilali et Samir.
• Les Capitaines Djamel, Mohamed et Boudjemaa, le lieutenant Madjid, l’adjudant chef Abdenour Khodja et la PCA Djamila (personnel civil assimilé), qui constituent le secrétariat général du CCD.
Le recrutement des plumes est réalisé grâce à la collaboration directe d’une classe de journalistes totalement dévouée aux thèses de la DRS moyennant des avantages matériels très importants et une notoriété acquise grâce à leurs protecteurs. Une deuxième classe de journalistes est recrutée sous la compromission, à la suite de grandes pressions, sous la menace et même parfois grâce à de vrais-faux attentats attribués aux GIA. Il existe cependant des journalistes qui ont su rester fidèles à l’esprit de déontologie mais qui ont payé le refus d’être achetés, soit de leurs vies, soit en abandonnant le journalisme, soit en étant obligés de quitter l’Algérie et d’opter pour l’exil. Dans tous les cas, Le colonel Tahri Zoubir est prêt à aller jusqu’aux limites de la barbarie pour exécuter les ordres de Toufik et Smain.
Avant de devenir le chef du CCD, Zoubir a dû montrer patte blanche vis-à-vis de Toufik auquel il a largement témoigné sa fidélité. La confiance de Toufik a été acquise grâce à Mohamed Betchine. En réalité, ce dernier à peine installé, après l’élection de Zeroual, qu’il commence à approcher discrètement des cadres avec lesquels il a travaillé à la DCSA ou à la DRS pour le soutenir dans sa soi- disant démarche de paix. Plusieurs officiers le rejoignent effectivement, soit directement au siège de la présidence, soit restent en contact permanent pour lui rendre compte au fur et mesure de ce qui se passe à la DRS. Il fait de même avec le commandant Tahri Zoubir (à l’époque sous-directeur des points sensibles et chargé de mission spéciale pour la DCSA) qui n’ hésite nullement avant d’aller voir Toufik et lui rendre compte de l’offre de Betchine. L’ancien directeur de la DRS croyant avoir réussi le retournement de Zoubir se prend dans son propre jeu, et Toufik lui fait parvenir des informations qui ont permis par la suite de renverser toutes les tentatives de récupération du MDN par le président Zeroual et l’élimination spectaculaire de Betchine. Il va sans dire que Zoubir a été largement récompensé pour cette fidélité qui lui a ouvert les portes d’un pouvoir immense. Depuis sa nomination à la tête du service presse, suite au départ du colonel Fawzi actuellement en poste à Rome en tant qu’attaché militaire, Zoubir a suivi les ordres de Toufik à la lettre et a réalisé quelques coups médiatiques qui ont eu un impact important sur la vie politique du pays même à l’échelle internationale, parmi ces opérations de manipulation médiatique :
• L’interview réalisée par le journaliste de  »Chark el Awsat », Amir Atahiri.
• La couverture médiatique de l’opération de Ouled Allal.
• Les attaques contre le général Mohamed Betchine et qui ont conduit par la suite à la démission du président Zeroual.
• Très récemment, l’aide à Khaled Nezar et la promotion médiatique des anciens officiers de l’armée française par l’intermédiaire du colonel Mohamed Rabah Boutella, fondateur du mouvement des officiers algériens de l’armée française.
• Et La campagne menée pour discréditer le MAOL.
Ce travail de maître-manipulateur n’aurait jamais pu aboutir sans l’apport considérable de ses agents, qui signent de leurs noms ou de leurs pseudonymes des articles tous faits au CCD et qu’ils reçoivent le plus souvent par fax à leurs rédactions respectives. Ces plumes mercenaires s’emploient à donner de la crédibilité à des faits ou à des évènements factices, concoctés par la cellule analyse du CCD dans le but de damner le pion à tous ceux qui résistent ou combattent le totalitarisme militaire.

L’affaire Atahiri
L’interview réalisé par ce journaliste en mars 98 est un boom médiatique, puisqu’elle fait énormément de bruit même à l’étranger où elle est repris par plusieurs magazines et agences de presse. Il va sans dire que la promotion de cet article à l’intérieur de l’Algérie est prise en charge par les relais médiatiques locaux sous la direction de Zoubir en personne.
Durant cette période post-massacres, les pressions subites par les généraux sont très fortes et l’opinion publique nationale et internationale sont presque unanimes sur le fait que l’armée est mêlée d’une manière ou d’une autre à ces horribles massacres. Le sujet tabou qui fait trembler l’ensemble des généraux algériens est les demandes persistantes d’une enquête internationale faites par des organisations de défense des droits de l’Homme en Algérie avec l’appui de plusieurs ONG ou des personnalités politiques algériennes et étrangères.
La question «qui tue qui?» est née et les généraux sont mis à l’index par plusieurs temoins gênants. Les attaques faites contre ces généraux sont finement projetées vers l’institution militaire.

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