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La Qaraouiyine, un haut lieu de rayonnement spirituel

Fès, ville impériale et spirituelle du Royaume, classée au patrimoine mondial de l’humanité, doit en grande partie son rayonnement à la mosquée Qaraouiyine, l’une des plus importantes universités du monde arabo-musulman. Au fil des siècles, cet éminent édifice religieux, fondé en 859 sous le règne des Idrissides, est devenu un carrefour incontournable des savants originaires des quatre coins du monde et un célèbre centre d’enseignement. Tout le mérite revient à une grande dame de Qaïraouan, en Tunisie, Oum Al Banin Fatima Al Fihria, qui a décidé après la mort de ses parents, de consacrer une partie de son héritage à la construction de la mosquée.
Erigée dans la Médina sur la rive gauche de Oued-Fès, la mosquée, de dimensions modestes à l’origine, voit son architecture évoluer et s’agrandir au fil des siècles. Elle connaîtra un développement glorieux grâce au grand intérêt que lui portèrent les Souverains des différentes dynasties qui se sont succédé sur le Trône marocain. C’est au début du 10ème siècle que les Zénètes entreprennent l’élargissement de la Qaraouiyine.  En 955, l’imam Ahmed Abou Bakr la dota de son minaret blanc, de base carrée surmonté d’une coupole. Il s’agit des plus anciens du Maghreb et il a servi de modèle pour les autres minarets de l’époque en 1055, la dynastie s’éteint et cède la place à la dynastie almoravide. Celle-ci, originaire du Sahara, compte comme Sultan Youssef Ibn Tachfine, qui a fondé la ville de Marrakech vers 1070. Sous le règne des Almoravides, la Qaraouiyine a connu une nouvelle opération de restauration et de revalorisation.
Le Sultan Ali Ben Youssef a considérablement agrandi la mosquée, lui donnant ainsi sa superficie actuelle de 5846 m2. Ainsi, elle devint l’une des plus grandes et prestigieuses mosquées du Maghreb. Elle a constitué une véritable enceinte universitaire dans laquelle se sont formés les premiers cercles d’études. La beauté et la grandeur de sa structure en font un joyau de l’architecture hispano-mauresque, fruit du métissage de la tradition arabe et andalouse. Les Almohades contribuèrent également à l’embellissement de cet édifice religieux, dont la renommée transcende les frontières de l’empire. Ils ont installé une vasque de marbre au cœur du Sahn, la grande cour, et de lustres monumentaux. La dynastie atteint son apogée vers la fin du XIIème siècle. Toutefois, après la disparition du calife Yacoub El-Mansour, les insuccès militaires suivront, annonçant ainsi la décadence de la dynastie almohade et annonçant celle des Mérinides.
Ces derniers reprennent Fès comme capitale. La ville est à son apogée : plusieurs medersas y sont bâties comme medersas El-Attarine et Abou Inane, entre autres. La mosquée Qaraouiyine connut également une évolution sans précédent. Le Sultan Mérinide Abou Inane y a créé une bibliothèque. L’observatoire, une tour voisine du minaret d’où l’on observait la lune pour déterminer le début du mois dans le calendrier musulman est également l’œuvre des Mérinides. Une salle du minaret, "Dar Al Mouwakkit", accueillit, dès 1286, une horloge hydraulique qui permettait de déterminer l’heure des prières. Pour informer les muezzins des autres mosquées de la ville de l’arrivée de l’heure de la prière, on hissait un drapeau blanc le jour et on allumait un phare la nuit.
La dynastie Alaouite a maintenu la tradition universitaire à l’intérieur de la mosquée à travers la restauration des documents et manuscrits authentiques. Le premier Sultan alaouite Moulay Rachid fit don d’une horloge à la Qaraouiyine pour enrichir la collection de Dar Al Mouwakkit.
Au cours du 19ème siècle, le Sultan Moulay Slimane entrepris une nouvelle opération de rénovation de la Qaraouiyine. Aujourd’hui, la mosquée s’étend sur 5846 mètres carrés, compte seize portes et comprend également 16 nefs ornées chacune de 21 arcs . Elle peut accueillir plus de 20.000 fidèles. L’historien arabe Ibn Abi Zar a donné plus de précision sur sa structure dans son "Rawd Al Qirtas". Il y écrit: «il y a dans la mosquée Qaraouiyine 270 colonnes qui forment 16 nefs de 21 arcs chacune tant en longueur qu’en largeur.
Dans chaque nef, s’établissent les jours de prières, 4 rangs de 210 fidèles soit 840 fidèles par nef,… Pour avoir le nombre de d’hommes qui peuvent assister à la prière on a donc 16 fois 840, soit 13440, totalement auquel il faut ajouter 560, nombre des fidèles qui se placent au besoin devant les colonnes, plus 2700 que contient la cour, plus, enfin 6000 autres qui prient sans ordre, dans la galerie, les vestibules et sur le seuil des portes, ce qui fait en tout 22 700, nombre exact ou à peu près, des personnes qui peuvent le Vendredi entendre, ensemble, la prière de l’imam, comme cela s’est vu aux époques florissantes de Fès». En somme, les dynasties qui se sont succédé à Fès ont profondément marqué la spiritualité et l’évolution de la mosquée Qaraouiyine. Malgré les siècles écoulés, la tradition de fidélité à l’héritage ancien est restée intacte.

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