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L’agence de la mort (fin)

© D.R

«Mon père m’a dit qu’il allait rencontrer l’agent immobilier L’Husseïne qui l’avait appelé à propos d’une transaction commerciale. Il lui avait demandé d’apporter une somme importante», affirme Samira à la Gendarmerie royale qui vient de diligenter une enquête sur la disparition du père.
Mardi 24 septembre 2002. Convoqué, L’Husseïne se rend chez les gendarmes :
– «Je ne sais pas où il est».
– «Il a confié à sa fille qu’il irait chez toi».
– «Il est vrai que nous avions un rendez-vous et il est arrivé chez moi. Mais je ne l’ai pas vu depuis que nous nous sommes séparés», répond-t-il sereinement aux gendarmes.
Samira perd le contrôle de ses nerfs quand elle se tient debout devant L’Husseïne et lui lance au visage :
«Personne ne sait ce qui est arrivé à mon père à part toi. C’est toi qui vas nous dire s’il est mort ou vivant…», dit fermement la fille d’Abdelkbir.
L’Husseïne ne bouge pas de la chaise et l’interroge à sang-froid :
– « Oh ma fille, pourquoi m’accuses-tu ? Ton père était l’un de mes meilleurs amis».
Le chef de la brigade baisse la tête. L’affaire semble être compliquée. Il téléphone au procureur du Roi, lui raconte l’histoire et lui demande ce qu’il doit entreprendre pour éclaircir tout amalgame.
– «Tu dois mener une enquête en commençant par ce qui est nécessaire», répond le procureur du Roi sans précision.
Après avoir décroché le téléphone, le chef de la brigade donne ses instructions à ses limiers :
« Accompagnez L’Husseïne chez lui et procédez à une perquisition dans sa demeure et de son agence immobilière pour s’assurer s’il avait  un quelconque lien  avec la disparition d’Abdelkbir ».
Rapidement, ils le transportent à bord d’une Jeep grise et se lancent vers son domicile. La perquisition commence. L’Husseïne regarde calmement les gendarmes qui fouillent dans chacune des pièces de la maison. Est-il effrayé ? S’inquiète-t-il ? En apparence, il ne manifeste aucune inquiétude. Paisible, il tente de calmer son épouse et ses trois enfants. Soudain, l’un des enquêteurs crie :
– «Je l’ai trouvé».
Quoi ? L’Husseïne se lève en tremblant. Qu’est- ce qu’il a trouvé ? Surprise : Une carte d’identité nationale d’Abdelkbir, son permis de conduire et son acte de mariage. Voilà des preuves tangibles. 
-« Où est ton ami Abdelkbir ?, lui demande le gendarme.
– «Je l’ai tué et je l’ai calciné….lui et trois autres amis», avoue-t-il. 
 Le jeudi 26 septembre 2002. À bord de trois Jeep, les éléments de la Gendarmerie Royale arrivent à l’«Agence immobilière Yasmine pour vente, achat et location». Dans l’une des voitures  se trouvait L’Husseïne, menotté, cachant son visage entre ses genoux. Entouré, on le  fit descendre. Il baisse sa tête pour ne pas croiser les regards des personnes qui sont venues voir ce monstre qui a liquidé quatre de ses amis avant de les brûler. Sous les regards des enquêteurs, les scènes de la reconstitution des crimes se déroulent à l’intérieur de l’agence. Une heure plus tard, L’Husseïne a été conduit au poste du commandement de la Gendarmerie royale de Benslimane.Le vendredi 27 septembre 2002. La durée de la garde-à-vue est arrivée à son terme et la procédure est close. Le procès-verbal de l’accusé est lourd. L’Husseïne a été traduit devant la justice. Début 2003.Nous sommes à la chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca. Devant la Cour, L’Husseïne avoue tous ces crimes. Mais trop tard. Car ses mains sont déjà mouillées par le sang de ses quatre amis. Aurait – il tué  et brûlé d’autres amis s’il n’avait pas été arrêté ? Il garde le silence quand la Cour le lui demande. Un silence qui n’exprime ni oui, ni non, mais qui fait froid dans le dos. «Heureusement, qu’il a été arrêté sinon, ses victimes se compteraient par dizaines. Il avait  l’habitude de tromper ses amis, les tuer et les brûler », a expliqué le représentant du ministère public lors de son réquisitoire lors duquel il a requis la peine de mort. Une requête qui a été maintenue par la Cour. L’Husseïne a été conduit au couloir de la mort à la prison centrale de Kénitra. Il attend toujours l’exécution d’un châtiment qui ne sera jamais exécuté. n

(Prochaine affaire : Le monstre
 de Casablanca, Mustapha Moutachawiq)

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