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Le chant dans les veines

© D.R

Sa démarche et son attitude évoquent celles des divas de la chanson arabe, de la veine de Oum Kalthoum et d’Asmahane. A son approche, on sent que l’on est devant une artiste qui a une mission à accomplir et non seulement des foules à divertir. Au lieu de vivre de son art, Aïcha Redouane est l’une des rares à vivre son art, qui n’est pour elle que le prolongement de soi. D’emblée, elle déclare : «Toute petite, je chantais presque malgré moi. Je n’ai pas choisi de faire de la musique. C’est la musique qui m’a attirée vers elle». Assez pour dire que le destin de Aïcha Redouane a pris bien des tournures que cette marocaine, installée en France à l’âge de six ans, après que ses parents y avaient immigré, était loin de pouvoir imaginer.
Architecte de profession, elle ne tarde pas à abandonner sa carrière pour se consacrer à la musique, où elle fait ses débuts en autodidacte. La tradition du maqam l’attire et c’est également en autodidacte qu’elle cisèle sa formation de chanteuse et de joueuse de qanoun. Un premier défi se présente. La stylistique maqâmienne, tant vocale qu’instrumentale, est par définition un art de solistes réservé à une élite d’hommes. Un défi que la chanteuse relève suivant la lignée des cheikh de la Nahda et en se donnant comme mission de perpétuer cette grande tradition et la revivifier sur les scènes actuelles. Et pour cause. «Le maqam est un style musical à travers lequel nous transmettons la musique classique arabe, celle de tout le Proche-Orient. Ce n’est pas seulement d’un patrimoine musical et artistique qu’il s’agit, mais de toute une identité», déclare-t-elle dans un entretien accordé à ALM.
Une grande tradition musicale certes, mais qui est au service de la poésie souffie. C’est en tout cas ainsi que le perçoit Aïcha Redouane, celle qui a su dépasser les limites de cette stylistique pour en embrasser d’autres. De la tradition berbère du Moyen-Atlas à l’art vocal du maqam, elle chante tous les styles (berbère, jazz-blues, chant occidental …) qui sillonnent son parcours atypique depuis sa plus tendre enfance. «La musique, tout comme la poésie, la peinture ou autre ne sont que des moyens pour pouvoir transmettre un message : le respect de la vie car la vie est sacrée. Un respect que nous devons tous partager en commençant par le partage de nos valeurs», se contente-t-elle de répondre quant à la question liée à son choix de la diversité des styles et des tendances. Et d’ajouter que chaque style musical «est une façon de découvrir la beauté et la richesse du monde dans lequel nous vivons».
Si Aïcha Redouane a pu atteindre ce degré de respect qu’elle inspire là où elle passe, c’est notamment grâce au ministère de la Culture français qui lui octroie une bourse pour ses recherches musicales. L’année 1993 marque un tournant dans sa carrière avec un premier triomphe au Théâtre de la Ville de Paris, un premier album distingué d’un Choc de la Musique et d’un Diapason d’Or. Son second album, produit par l’Institut du Monde arabe à Paris, est recommandé par Classica. Accompagnée par l’ensemble al-Adwar qu’elle a fondé avec le percussionniste et ethnomusicologue libanais Habib Yammine, ses concerts sont de véritables voyages dans l’univers du Tarab.
Un univers auquel elle a initié plus d’un. Parallèlement à sa carrière de concertiste, elle initie et forme les chanteurs et instrumentistes dans la stylistique du maqam. «Ce dont nous disposons ne nous appartient pas. Nous devons apprendre à vivre ensemble et à partager ce qui nous été donné, à commencer par le talent», dit celle qui a fait du partage son fer de lance.
Ses tournées dans les quatre coins du globe ne lui font nullement oublier son pays natal. Un pays pour lequel elle porte un amour sans égal, amour où l’optimisme est de mise. «Je me rend régulièrement au Maroc. Et je peux dire qu’il connaît une très grande évolution. C’est un grand bonheur pour moi d’en parler. Cette évolution est peut-être lente, mais il faut savoir d’où l’on vient et dire alhamdoullah. Il y a tellement de belles choses qui ne demandent qu’à être découvertes dans notre pays», affirme Aïcha Redouane pour qui chanter au Maroc revient à chanter à la maison. «Je suis tout simplement parmi les miens. Une grande émotion mais aussi une grande douceur m’envahissent à chaque fois que je chante au Maroc. On ressent à tout temps quelque chose quand on se produit quelque part. Mais au Maroc, c’est comme si je chantais devant ma petite famille», explique-t-elle. Un regard sur son pays mais aussi sur le monde. Pour elle, l’humanité est une grande famille. Nous sommes dans un seul et même navire. Soit on fait un bout de chemin ensemble en paix, soit on croule tous. On ne peut si bien dire.

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