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Leçon de piano…

© D.R

Posture droite, comme façonnée par des années de pratique pianistique, le sourire toujours présent au coin des lèvres, toujours vainqueur, elle était là. Sereine, rayonnante comme un soleil, Rita n’est pas pour autant une icône, inerte, que l’on admire au gré de sa soif. Son être placide distille une forte personnalité et une flamme de vie manifeste. Un tempérament radieux qui se révèle au fur et à mesure de la discussion.
Le mot facile, toujours avec le sourire, l’agencement spontané de ses idées trahit un souci de précision et une imperturbabilité instinctive, legs, sans aucun doute, de perpétuels moments de concentration intense. Des moments qu’elle partage, jalousement, avec son piano. Des moments, aussi, qui ont fait d’elle le pianiste, l’illustre pianiste qu’elle est aujourd’hui.
Les communions auxquelles elle a pris part en sont un irréfutable témoignage. Depuis ses premiers pas, son interprétation, gracieuse et nuancée, exquise et langoureuse, ne passait pas inaperçue. Elle avait, dès son âge tendre, quelque chose de magique. Une magie qui vit le jour en l’an 1983.
Ce jour-là, le foyer des Saher fut illuminé par la venue au monde d’une petite princesse qu’on baptisa Rita. Espiègle et joviale, elle a vite fait d’apposer son empreinte dans la sphère familiale, tantôt par ses facéties, tantôt par des répliques quelque peu averties pour son âge.
Les yeux ouverts dans une atmosphère musicale, elle a dû attraper le « syndrome du mélodium » dès son plus jeune âge. Avait-elle le choix ? Peut-on faire autrement quand les sonatines viennent caresser votre ouie alors que vous êtes à l’état embryonnaire ?
En effet, de la bouche même de l’artiste, elle fut bercée, notamment par des mélodies arabes, à cet état de la genèse. «J’ai écouté la musique arabe dans le ventre de ma mère», souligne-t-elle avec humour. Fille d’un luthiste passionné et professeur de musique, Rita côtoyait les notes musicales et était toute prédisposée à partir sur les traces de son père. Ce dernier se rappelle agréablement le jour où, fredonnant des airs d’Oum Kalthoum, Rita, alors âgée de cinq ans, intervint pour lui rectifier certains passages.
Dès son sixième printemps, on l’inscrivit dans des cours de danse classique. Le ton était donné. Bien que sa nouvelle discipline est à caractère physique, la petite Rita venait d’intégrer le monde féerique des arts acoustiques.
Son professeur de danse sera derrière son intégration du monde de la musique, via les affinités le liant à celle qui deviendra son professeur de musique. Une carrière artistique se profilait à l’horizon. Qui pouvait s’en douter ?
Rita avait neuf ans quand elle commença à voguer entre les octaves de l’instrument qui deviendra son fidèle compagnon. Son amour du piano la poussa à se surpasser et réussir à concilier piano et études. À cette époque, sa dose quotidienne variait entre une et deux heur de pratique quotidienne. Des « excès » étaient toutefois permis durant les week-ends et cette durée pouvait s’étendre à six heures.
« Mon papa était là et m’encourageait, il restait tout près de moi durant plusieurs heures et m’incitait à persévérer. Parfois c’était dur, ça demande un effort considérable car les choses changent lorsqu’elles prennent l’allure de “travail”. Le plaisir reprend le dessus lorsque l’on appréhende le résultat final ; c’est un plaisir indescriptible », se remémore Rita, qui souligne que sans le soutien de ses parents, elle n’en serait pas là aujourd’hui.
Et en matière de résultats, la fillette, dont les petits doigts parcourraient non sans difficulté l’interminable clavier, n’allait pas tarder à récolter ce qu’elle a semé. Les concours où elle s’imposa se succédèrent à une vitesse vertigineuse. Le succès, mais surtout la maîtrise, étaient notamment au rendez-vous.
En 1994, Rita Saher rafla le premier Prix international des jeunes pianistes de Meknès, et le Prix spécial du meilleur lauréat marocain. D’autres au Maroc comme à l’étranger. Le talent de la jeune artiste n’était plus à démontrer. D’ailleurs, il est à souligner que Rita n’y accorde pas beaucoup d’importance. « Un artiste peu remporter autant de concours qu’il veut, cela ne veut pour autant pas dire qu’il réussira dans sa carrière. D’autres n’ont aucun concours à leur actif, ce qui ne les a pas empêché de faire des percées remarquables », indique-t-elle.
Les cours de piano continuant leur bonhomme de chemin, Rita poursuit aujourd’hui des études de concertiste, niveau suprême à l’Ecole Alfred Cortot de Paris, référence mondiale en la matière. Son inscription dans cette école prestigieuse remonte à l’année 2000, où elle intégra directement la classe de 4ème division. Le niveau de 6ème division exécution mis en poche, elle prépare en fait une licence de concert. Actuellement au Maroc pour donner son premier récital, Rita Saher estime que la musique classique n’est pas l’apanage d’une certaine caste. Il suffit de qualifier le classique de musique « élitiste » pour la voir toutes griffes dehors ! « Il n’est point de musique élitiste. La musique est universelle, c’est l’une des rares choses à ne pas faire de distinction et à être accessible à qui entend y accéder… »

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