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Les livres de la semaine

Le Témoignage de la littérature
La littérature ne peut être que la voix d’un individu, le résultat de sa propre vision du monde, de son sentiment de l’existence. La littérature renaît du combat de l’homme pour survivre à l’histoire des masses. L’auteur est un spectateur sceptique et lucide sans prétention de pouvoir expliquer le monde. Mais il rencontre la liberté dans l’écriture, par l’écriture. Et c’est seulement lorsque les sentiments de l’écrivain nourrissent une oeuvre que ces sentiments résistent aux ravages du temps. Telle est l’ambition de l’oeuvre plutôt que de l’auteur : une oeuvre qui perdure est une réponse puissante de l’écrivain au temps et à la société; aussi longtemps qu’il y aura des lecteurs, cette voix continuera de résonner. Un recueil de textes, de réflexions sur la littérature, le témoignage d’un homme sur la liberté d’écrire, sur l’écriture, sur l’écriture d’une littérature chinoise et universelle, sur l’insoumission à l’uniformité graphique et poétique.
Par le prix Nobel de littérature en 2000, Gao Xingjian, poète, essayiste, dramaturge, metteur en scène de théâtre et d’opéra, peintre.
Gao Xingjian est né en Chine orientale le 4 janvier 1940. Il acquiert sa notoriété en Chine dès le début des années quatre-vingt grâce à la publication d’un texte théorique Premier essai sur l’art et le roman moderne, puis en écrivant et en mettant en scène des pièces de théâtre : L’Arrêt d’autobus, L’Homme sauvage, qui seront très rapidement interdites par le régime communiste.
Il quitte la Chine en 1987, et publie son oeuvre maîtresse, le roman La Montagne de l’âme, en 1990 à Taïwan. Il obtient le prix Nobel de littérature en 2000. Il se consacre actuellement à la mise en scène du Quêteur de la mort qui sera créée en septembre 2003 à Marseille. Ses talents de plasticien, son travail à l’encre de Chine sur papier de riz sont également reconnus dans le monde de la création graphique contemporaine, et il est régulièrement invité à exposer ses oeuvres dans de nombreux pays.
Impératrice Shan Sa
Elle est née dans la fabuleuse dynastie Tang du VIIe siècle.
Elle a grandi au bord du fleuve Long, où elle apprenait à dompter les chevaux.
Elle est entrée au gynécée impérial où vivaient dix mille concubines.
Elle a connu les meurtres, les complots, les trahisons, elle est devenue Impératrice de Chine.
Elle a connu la guerre, la famine, l’épidémie.
Elle a porté la civilisation chinoise à son apogée, elle a vécu entourée de poétesses, de calligraphes, de philosophes. Elle a régné sur le plus vaste empire sous le ciel, dans le plus beau palais du monde.
Elle est devenue l’Empereur-Sacré-Qui-Fait-Tourner-la-Roue-d’Or.
Son nom a été outragé, son histoire déformée, ses mémoires effacées, les hommes se sont vengés d’une femme qui avait osé devenir Empereur, et pour la première fois depuis treize siècles, elle ouvre les portes de sa Cité Interdite.
Shan Sa est née à Pékin, en 1972. En 1990, après avoir écrit dans sa langue une oeuvre poétique, elle quitte son pays et le chinois pour le français. Elle commence alors des études de philosophie à Paris et devient la secrétaire du peintre Balthus. Setsuko, la femme de Balthus l’initie à la civilisation japonaise.
En 1997, elle obtient le prix Goncourt du Premier roman pour Porte de la paix céleste, en 1999, le prix Cazes pour Les quatre vies du saule et en 2001, le prix Goncourt des lycéens pour La Joueuse de go.
La Démence du sage
La démence du sage se déroule au printemps 1989 à Shanning, dans le sud de la Chine. L’avenir du narrateur et principal protagoniste Jian Wan semble assuré : il prépare son admission pour un doctorat à l’université de Pékin, sous la houlette du professeur Yang, dont il est l’élève assidu et le futur gendre.
Lorsque le professeur est hospitalisé à la suite d’une attaque, l’étudiant est assigné à son chevet par la secrétaire du Parti. Là, entre des phases de sommeil agité et de veille, Yang évoque pêle-mêle la Bible, la Genèse, une société où les hommes seraient égaux, Dante et la Divine Comédie, mais aussi des épisodes érotiques et une cellule où il aurait été enfermé. D’abord consterné devant cet homme qu’il croit devenu fou, Jian se met à écouter ses « divagations » d’une autre oreille.
Entre les slogans de la Révolution culturelle scandés dans son sommeil et ses gémissements contre les travaux inhumains endurés trois ans dans un camp de redressement, les discours désordonnés sur sa vie privée – une liaison contrariée avec une étudiante – et ses propos lorsqu’il est éveillé, Jian reconstitue le puzzle de sa vie faite d’humiliations, de trahisons, en raison de son choix (contre-révolutionnaire) de la poésie et de ses traductions de Goethe.
Ébranlé par les conseils de Yang, bouleversé de le voir mourir plein de haine, Jian renonce à sa carrière universitaire et part avec une poignée d’étudiants à Pékin où il assiste au massacre de la foule par l’armée sur la place Tienanmen.
Rentré à Shanning, recherché par la police, il part précipitamment vers Hong Kong. Nous le perdons de vue au moment où il brûle sa carte d’étudiant et entre chez le barbier pour se faire couper les cheveux et se rendre méconnaissable.
Si La longue attente se déroulait sur deux décennies, l’intrigue de La démence du sage tient en 6 semaines (du 19 avril au 6 juin 1989) riches en évènements. En concentrant la politique des 30 dernières années de la Chine dans l’explosion du passé refoulé du professeur Yang, Ha Jin parvient, de façon magistrale, à tout nous raconter en raccourci, avec des retours en arrière, en choisissant des évènements précis, en évitant le sentimentalisme du récit confidentiel ou l’aveu d’une vie brisée d’un maître à son élève. C’est par des éclats, sur une maîtresse, une épouse, des collègues que Jian apprend que, sous l’apparente sérénité du professeur de poésie, se trouve un être révolté qu’on a contraint au silence. Sa maladie et sa mort sont un révélateur pour le jeune homme, une sorte de rédemption, et l’éloignent d’une vie tracée dans le cadre du régime. Né en Chine en 1956, Ha Jin a servi six ans dans l’armée populaire de libération avant de quitter sa Chine natale pour les Etats-Unis en 1985 grâce à une bourse. Fait remarquable : après des études à Brandeis University, il a choisi la langue anglaise pour écrire deux volumes de poèmes, trois recueils de nouvelles et trois romans remarqués. Le deuxième, La longue attente (Seuil, 2002), couronné par le National Book Award, le PEN/Faulkner Award, finaliste du Pulitzer Prize, fait l’objet d’une adaptation cinématographique par Peter Chan (cf Tigre et Dragon et Le roi et moi).
Le Seuil publie simultanément son premier roman, La mare, et son troisième, La démence du sage. Ha Jin vit dans le Massachusetts et enseigne l’anglais à l’université de Boston.
Les Trois Portes
Publié en 1999 par un auteur de dix-sept ans considéré comme un prodige en Chine, ce roman retrace l’itinéraire d’un jeune garçon, Lin Yuxiang, de l’école primaire au collège, puis au lycée. Les trois Portes symbolisent les trois dernières années du cursus scolaire.
Fils unique d’un couple dont il est le trait d’union récalcitrant, le narrateur décrit avec lucidité – signe d’une indépendance d’esprit encore peu fréquente en Chine – et une drôlerie parfois irrésistible, les travers, les incohérences, les boursouflures, les absurdités d’une société écartelée entre un retour à la tradition, une invasion des modèles occidentaux, sans oublier le poids de la tyrannie communiste toujours omniprésente dans les esprits et la corruption à tous niveaux.
Adolescent se débattant pour échapper à la pression que les enfants uniques subissent en Chine, le héros dépeint les angoisses, 1e déracinement, le mal de vivre de la jeunesse de ce pays dont il est, en un sens, le porte-parole.
Han Han est né en 1982 dans un village de la province du Jiangsu. Il vit actuellement à Shanghai et à Beijing.

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