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Les petits marchands des rues vous saluent

© D.R

Il s’appelle Mohamed Fadil. Il appartient à la grande famille des commerçants de rue. Ceux que le petit commerce de survie du mois de Ramadan fait sortir de l’anonymat trente jours et trente nuits durant.  Tout cela parce que pendant ce mois où le désir de se faire plaisir n’a d’égal que la soif de spiritualité, toutes les occasions sont bonnes de dépenser de l’argent. Et tant qu’ on en à dépenser, autant en profiter pour faire œuvre compatissante.
Vous n’aimez pas les photos anciennes ? Vous ne résisterez pas à celles-ci ! C’est d’ailleurs avec une fierté particulière que Mohamed Fadil expose, dans l’une des ruelles populaires de Casablanca, son amoncellement de photos en noir et blanc, avec une place d’honneur réservée au portrait de feu SM Mohammed V.
Certes, la photo royale est calée contre la roulotte d’un marchand de Raïb mais Hamid est du genre accueillant et pour ce qui est de l’aspect  c’est l’intention qui compte, n’est-ce pas ? L’important pour Mohammed est qu’on le respecte dans sa particularité : la famille royale, c’est un peu aussi sa famille, sans compter ce que ces photos font rejaillir sur lui d’aura…
Et voilà qu’un soir, un journaliste qui passait par là le prend en photo en vue de lui consacrer un reportage. Tiens, se demandent les gamins qui aussitôt font foule autour de lui, ce type-là aurait donc quelque chose d’intéressant, à part ses photos ? Tant et si bien que tous ceux qui jusque-là distinguaient à peine les images amoncelées du bric-à-brac ambiant se précipitent dessus. Au point que Mohamed est forcé d’intervenir : la célébrité, c’est bien connu, ça n’a pas que des bons côtés…
Tiens, par exemple, tous ces gens qui il y a cinq minutes seulement n’auraient pas daigné vous adresser la parole et qui sont soudain prêts à toutes les indignités pour figurer sur la photo. Au point que le photographe a dû batailler ferme pour obtenir une photo qui donnerait au lecteur le rendu du spontané, du pris sur le vif, et non pas un cliché de famille avec toute la rue dedans. Le journaliste est d’ailleurs gêné de devoir expliquer au vieux monsieur devenu très bavard depuis cinq minutes que le propre des photos est de se passer de commentaires et que c’est un reportage pour la presse écrite, pas pour la télévision !
Mais ça ne fait rien, ça fait toujours un bon moment à se remémorer, après, lorsque le papier de la page du journal où sa photo sera imprimée aura jauni sous la vitre du cadre. En attendant, profitez donc de ce qui reste de Ramadan pour découvrir les rues et les gens du grand Casablanca. Des ruelles pas toujours très bien famées, c’est vrai, où il convient, certes, de se méfier des mortadelles trop bon marché, où l’on ne sait jamais comment va finir le petit accrochage de rien du tout qui vous oppose depuis deux minutes à quelqu’un que vous venez de bousculer mais c’est précisément dans tout cela que réside le charme des ruelles populaires…
Il tient surtout à ces images débordantes de vitalité, d’enthousiasme et de joie de vivre que véhiculent les soirées de Ramadan.
Lors de votre prochaine sortie, n’emportez pas forcément votre appareil photo, c’est plus prudent, mais donnez-vous la peine de faire attention aux gens. Aux braves gens qui courent les rues, contrairement à ce que la rumeur répand.

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