Cet art de création populaire, dont les racines se sont implantées dans la région du Tafilalet vers le 16ème siècle, a tendance à se perdre aujourd’hui alors que son rayonnement d’antan a fait sa notoriété bien au delà des frontières du Royaume car il s’est propagé dans des pays du Maghreb comme l’Algérie et la Tunisie et d’Afrique Noire.
Défini comme étant la qacida du Zajal, le Malhoun a été à l’origine de la création d’un vaste mouvement intellectuel fondé sur la liberté de la pensée et du propos à travers laquelle des sujets divers et tabous étaient traités sur la base du verbe anodin. C’est ainsi que l’art du Malhoun a été considéré à la fois comme un art éclectique qui s’est infiltré dès le 18-ème siècle dans la cour des grands, des salons privés de personnages comme ceux de Mohammed Ben Slimane, des Zaouias de Jazuli à Marrakech, de sidi Qaddur Al Alami à Meknès et de Sidi Frej à Fès et, populaire dans la mesure où il a reçu une large audience auprès des petites gens, en particulier les artisans qui l’ont adopté comme une thérapie atténuant les méfaits d’une vie quotidienne austère.
Malheureusement, cet art ancestral, par méconnaissance ou ignorance, n’a plus l’aura d’antan et son pôle d’attraction vanté par des auteurs tels que Ali Al Baghdadi, célèbre pour son poème « Al Harraz », chanté par la suite par Mohammed Toulali, est aujourd’hui une véritable peau de chagrin. Absent de la littérature musicologique en raison de l’utilisation des phrases où se mêlent l’arabe classique vulgarisé et le dialecte marocain, le Malhoun n’a pas eu d’impact sur les études musicologiques. Les manuscrits rares et difficiles à compiler n’ont pas aidé à le préserver de la mémoire de l’oubli.
Pour cette raison, les anciens disciples nostalgiques d’une période fastueuse et révolue, qui faisait le bonheur des maisons marocaines, attendent beaucoup de ce festival, qui, en dehors des concerts, se penchera dans le cadre d’une table ronde sur « la problématique d’archivage de textes du Malhoun et découvrira qu’il est difficle de remplacer ceux qui ne sont plus.
• Schéhérazade Alaoui (MAP)