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Mohamed Belahrach : l’épicurien qui tue les prostituées (1)

Nous sommes en 1993, le 12 septembre. Dans une salle d’audience de la chambre criminelle près la Cour d’appel d’El Jadida, le silence règne. Deux hommes, amis intimes, Abdelouahed Mouli et Ahmed Nouri, se trouvent sur le banc des accusés. Le président de la Cour les appelle. Tous les deux se lèvent, les yeux hagards, avancent à pas lents et se tiennent au box des accusés. Un frémissement court parmi l’assistance assise sur les bancs de bois sombre. Tous les regards convergent vers eux. Le président de la Cour qui s’arrête de feuilleter le procès-verbal, les fixe sagement et ouvre le débat en annonçant leurs identités et leur chef d’accusation : constitution d’une association de malfaiteurs, homicide volontaire avec préméditation, guet-apens et vol qualifié. En fait, ils risquent la peine de mort. Oui, rien que la peine capitale sans bénéficier des circonstances atténuantes. « Je n’ai tué personne, M. le président», crie Abdelouahed Al Mouli avant que son ami, Ahmed Nouri, ne clame également haut et fort son innocence. Le président de la Cour et ses quatre assesseurs les croient-ils?
«Personne ne veut nous croire, M. le président, ni la police, ni le parquet général, ni le juge d’instruction. Tout le monde nous accuse gratuitement de meurtre», rétorque Ahmed Nouri pendant que deux larmes coulent de ses yeux. Le président de la Cour les assure que toutes les garanties d’une justice équitable sont disponibles. «Vous n’avez rien à craindre», les rassure-t-il. Vrai ou faux ? Ne craignent-ils rien ? «La police, M. le président, nous a bandé les yeux et nous a torturés sans pitié… Les policiers nous ont obligés à signer les procès- verbaux… Nous avons nié devant la police. Et pourtant, nos avocats nous ont expliqué que les procès-verbaux contiennent des aveux que nous n’avons pas dits», affirme Abdelouahed Al Mouli. Il y a plus d’un mois, un matin en plein été, Aïcha, la maquerelle, a été trouvée, chez elle, à Derb Mohamed El Hilali, corps sans âme, gisant dans une mare de sang. Qui l’a tuée ? Peut-être un client. Pour quel raison ? L’argent? S’est-elle abstenue de coucher avec lui ? Règlement de compte ? Vengeance ? Si c’était un client, qui est-il ? Les enquêteurs de la police judiciaire ont été alertés. Une enquête a été diligentée. La police n’a trouvé aucun indice susceptible de les mettre sur une piste de l’enquête. Il y a une morte. Où est le meurtrier ?
Une femme, témoin, qui demeure au même quartier, non pas loin de la demeure de la victime, Aïcha, a confié aux enquêteurs avoir remarqué, la nuit, deux hommes qui escaladaient le mur qui sépare les deux terrasses. Ils sont arrivés à se faufiler à l’intérieur de la maison via la terrasse. «Non, M. le président, ce n’était pas moi, ni mon ami, Abdelouahed… Nous sommes innocents», rétorque Ahmed Nouri qui semble avoir perdu tout contrôle de ses nerfs. Il clame à haute voix son innocence. Le président de la Cour lui explique que le témoin n’a pas intérêt à le mouiller gratuitement dans une affaire de meurtre. Abdelouahed Al Mouli garde le silence, on dirait qu’il est devenu muet. La femme maintient son témoignage. Bien que «la nuit, tous les chats sont gris», elle affirme, devant la Cour, avoir distingué d’Abdelouahed et Ahmed dans l’obscurité de la nuit. Le réquisitoire du représentant du ministère public et les plaidoiries des avocats. Les derniers mots de  Abdelouahed et Amed  confirment leur innocence. Les juges se retirent pour se délibérer. Deux heures plus tard, après les délibérations, ils retournent au perchoir. Dans un silence tendu, le président de la Cour ouvre le dossier et commence à rendre le verdict. Les a-t-il innocentés ? Ou les a-t-il condamnés à mort? Entre les deux, il y a toujours de l’espoir.

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