Nous sommes le premier jour du mois de juin 1995. Vers 11 h, Mohamed Belahrach, armé d’un tuyau en fer bourré de ciment, se tient dans un coin de derb El Berkaoui. Son cœur bat comme d’habitude. Son air prouve que la fureur n’a pas d’autorité sur sa vie. Il tourne les yeux à gauche et à droite, s’assure que personne ne le voit et avance vers le domicile n°13. C’est là où Fatima, alias Lkocatéa, demeure. Il se tient une dernière fois devant la porte. Avec ses yeux, il fait un tour de 180° autour du Derb. Il ne remarque personne. Calme et tranquille, il frappe à la porte. Personne ne lui ouvre. Il frappe une deuxième et une troisième fois. La porte s’ouvre. Le beau visage de Fatima apparaît. Elle vient de se réveiller. «Il est encore tôt…Mais, entre Mohamed, sois le bienvenu…Attends que je me lave le visage…», lui demande-t-elle tout en le conduisant à une chambre. Mohamed pénètre dans la chambre. Fatima rentre aux toilettes. Dix minutes après, elle le rejoint. «Tu as passé la nuit à rêver de moi ou quoi ?», lui demande-t-elle d’un air ironique. Belahrach la scrute de haut en bas comme s’il désire dévorer son corps avec ses regards pleins de chaleur, lui demande de le rejoindre au lit et de s’approcher de lui. Lkocatéa vient le rejoindre au lit, commence à se dévêtir et attend qu’il enlève ses vêtements. Mais, il se contente seulement de déboutonner son pantalon. Ni plus, ni moins. Elle lui demande pourquoi. Il ne répond pas, garde le silence et le sourire, la scrute et l’embrasse comme des amoureux de belle lurette. Elle insiste pour qu’il se dévête. Mais, il s’abstient sans justifier son choix. Peu importe pour elle. Ce qui importe c’est l’argent. Puisqu’il va payer, qu’il se dévête ou pas, cela n’a pas trop d’importance. Il commence à couvrir son corps d’étreintes, à lui toucher et téter les seins, à lui sucer sa partie intime. Fatima serpente sur le lit. Enfin, il arrive à la rendre comme une braise qui brûle. Ils font l’amour. On n’entend que les gémissements et les soupirs. Mohamed a toujours ses vêtements sur lui. Seul son pantalon est déboutonné. Alors que Fatima est nue comme Eve. Tous deux arrivent à leur orgasme et s’allongent sur le lit, chacun dans un côté.
«- Lkocatéa, ça te dit de te mettre à plat ventre ?
– Non, je viens de me réveiller… Attends d’abord qu’on prenne notre déjeuner.
– Je ne peux pas patienter. En plus, je vais t’ajouter une somme d’argent… Allez viens… Tes fesses m’excitent.
– Tu me donnes trente dirhams en plus ?
– Oui, prends-les dès maintenant et viens t’allonger sur le ventre».
Fatima reçoit les trente dirhams, les met dans un sac à main accroché au miroir et retourne au lit pour s’agenouiller en face de Mohamed. Celui-ci ne perd pas de temps. Il commence à s’ébranler derrière elle. Tout d’un coup, il l’assomme de plusieurs coups successifs de tuyau en fer bourré de ciment. Elle n’arrive pas à se défendre. Le sang gicle de sa tête. Fatima qui vient de lancer un seul cri perd connaissance. Mohamed boutonne son pantalon. Il voit le corps de Fatima. Est-elle morte? C’est du moins ce qu’il croit. Le sang est partout sur le lit. Il regarde une fois encore Fatima. «Elle ne respire plus…», pense-t-il et commence à fouiller l’armoire. Il est midi. Il cherche partout. Il met la main sur un billet de cent dirhams, puis les billets qu’il lui a remis. Il continue à fouiller à gauche et à droite. Il découvre une petite caisse en bois. Il l’ouvre. Un petit trésor d’Ali Baba. Des bijoux en or qui coûtent certainement de l’argent.