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Mohamed Zineddaine : «Un réalisateur ne doit pas trop penser au public»

© D.R

ALM : Comment s’explique le choix de tourner votre film «Tu te souviens d’Adil?» entre Casablanca et Bologne (Italie)?
Mohamed Zineddaine : C’est tout simplement une question de liberté que j’éprouve lorsque je raconte une histoire dans d’un espace qui m’appartient: Bologne et Casablanca sont deux villes qui m’ont façonné.
J’ai choisi de tourner le film en Italie, pour donner un sens universel au récit. Adil, le personnage principal pourrait éventuellement être un certain Igor de la Russie, un Japonais, un Burkinabais ou un Français, vu qu’il représente un être humain en dehors de tout cliché racial. Il avait une envie intime de voyager, de tourner le dos à son passé, et de se lancer et s’aventurer vers un nouvel horizon. Il voulait prouver à sa famille, à sa copine, et au monde entier qu’il est capable de forger son destin avec ses propres instruments.

Votre premier long-métrage «Réveil» (2004) raconte la quête initiatique d’un écrivain revenu dans son pays d’origine après un long séjour en Europe. Qu’est-ce qui fait la différence entre les deux personnages?
En fait, le film « Tu te souviens de Adil?» est le fruit d’une réflexion sur «Réveil».
Ces deux films se ressemblent: le souvenir est en quelque sorte un réveil.
Mais je crois que j’aurai dû peut-être penser à réaliser «Tu te souviens de Adil ?» avant «Réveil». En fait, dans les deux films, j’aborde des sujets existentiels autour desquels l’Homme s’est interrogé depuis la nuit des temps. Il s’agit de la vie, l’amour et la mort. C’est le triangle autour duquel chacun de nous cherche à construire d’autres formes géométriques: rectangulaires, circulaires ou ovales. Cette dernière est la forme idéale pour être dans le monde et éviter de heurter les angles épineux. Moi aussi, à travers mes personnages, je me pose des questions sur la vie l’amour et la mort. Hélas, je ne suis pas capable de donner des réponses. Dans ce film, il s’agit d’une galerie de personnages qui parcourent leur «parabole» vitale depuis l’enfance jusqu’à l’âge mûr. Au fur et à mesure que le récit se dénoue, les personnages, leurs caractères et leurs destins prennent formes solides et indissolubles. Depuis son enfance, Adil, le personnage principal est insaisissable. Il fait ce qu’il pense et joue avec la vie non pour gagner, mais pour le plaisir de jouer. Par contre, le monde qui l’entoure est borné. Chacun est plongé soit dans des dogmes religieux, moraux ou matériels.

Avec qui avez-vous collaboré dans ce film?
Il y a une dizaine de nationalités. Tous les participants, techniciens, acteurs, assistants… se sont retrouvés pour travailler dans une ambiance et une convivialité et ont marqué de leur emprunte le film. Il s’agit là d’une approche interculturelle qui me tient à cœur. Le caractère des personnages, leurs paysages intérieurs et leurs sensibilités, nous ont imposé un casting international. On a dû l’organiser au Maroc, en France, en Espagne et en Italie. Cela ne veut pas dire que nous n’avons pas de comédiens talentueux au Maroc. Au contraire, si le film rencontre un succès, ce sera grâce aux comédiens marocains choisis comme Omar Lotfi, Amin Ennaji Souad Khouyi, Mehdi El Aarroubi et Mohamed Choubi, ainsi que le réalisateur Driss Chouika qui joue dans le film.

C’est pour quand la sortie du film et avez-vous des projets quant à sa promotion et sa diffusion ?
La durée du montage du film «Tu te souviens d’Adil ?» est de quinze semaines. Nous en sommes actuellement à la neuvième. C’est la phase la plus délicate pour n’importe quel film. Il reste à faire le montage son, l’étalonnage et le mixage. Ceci dit, chaque fruit a sa saison ! Une première participation est prévue notamment pour le Festival de San Sebastian en Espagne le 22 septembre prochain. Ce serait une occasion de faire découvrir le film « Tu te souviens d’Adil ?» aux professionnels des différents secteurs de l’industrie cinématographique. Par ailleurs, si tout va bien, le film sortira dans les salles à la fin du mois de décembre.

Lorsque vous réalisez un film, avez-vous en tête le genre de public auquel vous vous adressez?
Ma conviction est qu’un créateur ne doit pas trop penser au public durant la phase de l’écriture et du tournage d’un film. Et ce pour une simple raison qu’on ne peut jamais créer quelque chose de noble en pensant à quoi manger. Sous-estimer le public, sa sensibilité et sa capacité de voir et d’analyser les choses, est une erreur. Une belle image et un dialogue sincère ont toujours un impact sur le public et sont capables d’émouvoir profondément aussi bien la concierge d’un immeuble, l’homme de lettres que le vieux qui vend des cigarettes.

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