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Ninja, le tueur nocturne (4)

© D.R

«Ne restes plus devant mes yeux, pars ou je te tue…», s’adresse Abdellah Kassimi à haute voix au sergent tout en continuant à tirer sur terre.
Ayant des sueurs froides, le sergent se scotche à sa place et le supplie : «Ne me tues pas. Tu te calmes. Ne me tues pas, j’ai des enfants à nourrir».
Abdellah arrête de tirer des balles, fixe le sergent avec des yeux rouges comme des braises ardentes, lui demande pourquoi il l’a obligé de rester en garde et lui l’ordonne de partir sans ajouter le moindre mot. Comme un enfant effrayé, le sergent se fond comme la neige au soleil. Pas moins de quelques secondes, des Jeeps regagnent le poste où Abdellah se campe, plusieurs soldats y descendent, se jettent sur Abdellah, le menottent et le mettent à bord de l’une des Jeep. Interrogé, il avoue avoir tiré des balles de son fusil. «Je voulais juste lui faire peur. Si j’avais l’intention de le tuer, il n’arriverait pas chez vous à pied», répond-il aux enquêteurs militaires sans avoir regretter son geste.
Devant le tribunal militaire à Rabat, Abdellah semble être fier d’avoir effrayé le sergent : «Il mérite d’être tué et non pas uniquement  lui faire peur».
Un aveu qui lui coûte un an de prison ferme. Le même jour, le 7 août 1984, où il a été conduit à la prison centrale à Kenitra pour y purger la peine d’emprisonnement, il a été radié des rangs de l’armée.
En été 1985, il quitte la prison, rejoint sa famille à Casablanca, plus d’argent qu’une solde de quatre mille dirhams qu’il doit récupérer, plus d’armée, plus de rêve. Est-il le début de la fin pour Abdellah Kassimi ? Peut-être. Et peut-être le début d’un nouveau pas, nouveau chemin, nouvelle carrière…Mais la réalité montre autre chose, montre un jeune homme sans boussole et sans objectif, qui passe son temps à parcourir le bidonville Sekouila et les jardins en bordure de l’autoroute, qui dort à maintes reprises à la belle étoile. Il ne retourne que rarement chez ses parents. Pire encore, tout au long de son vagabondage, il ne trouve rien à se mettre sous les dents. Le manque d’argent oblige.
«Je dois avoir de l’argent pour acheter de quoi manger», pense-t-il.
À défaut d’un emploi, recourt-il à la mendicité ? Non. Recourir au vol ? Peut-être. En fait, Abdellah décide de voler n’importe quoi et à n’importe quel prix. Une décision qui semble être favorisée par le hasard. Comment ? Il marche sans destination précise quand il remarque une voiture en panne. Il s’approche de l’automobiliste qui vient de descendre de sa voiture à bord de laquelle il y a sa femme et sa petite fille.
– «Puis-je t’aider ?
-Oui, merci».
Abdellah change le pneu.
L’automobiliste se contente de lui lancer un «Allah Yarham Walidik». Abdellah qui tient encore le cric de levage de voiture le regarde et recule doucement. Tout d’un coup, il s’enfuit à toutes jambes. L’automobiliste qui n’y voit que le feu monte dans sa voiture et démarre pour disparaître. Quand il s’arrête, il tourne ses regards vers l’arrière pour se rassurer que personne ne le suit. Il part ensuite à Souk Djaïjia, un lieu situé en ancienne médina, donnant sur le boulevard des FAR et rue Moha Ou Saïd où les jeunes se débrouillent pour gagner leur vie en vendant tous les biens d’occasion. C’est là qu’il vend le cric de voiture. Depuis, il commence à commettre de petits larcins pour acheter de quoi manger et le loyer mensuel d’une chambre qu’il a louée en ancienne médina à cent cinquante dirhams. Il y passe quelques mois avant de rencontrer une jeune fille. Une petite histoire d’amour les réunit et les encourage à se marier. Abdellah Kassimi et sa femme déménagent dans une autre chambre située au quartier Al Qods, à Sidi Bernoussi. Bien qu’il soit marié, il n’a pas abandonné le monde de petits vols. Il continue à dérober les radio-cassettes des voitures qu’il vend toujours à un receleur à Derb Djaïjia. Arrêté, celui-ci le balance aux policiers.

 (Lundi : Abdellah Kassimi
sera-t-il arrêté ?)

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