Ninja devient dealer, revend du haschich, empoche les bénéfices, rentre chez lui avec le panier plein de tout ce que sa femme et sa fille ont besoin. Sa générosité dépasse l’imagination de sa femme. Elle ne pense plus ni à la nourriture, ni aux vêtements de sa fille… Tout est disponible à la maison.
Quelques mois plus tard, il s’approche de sa femme et lui chuchote dans l’oreille : «Je dois cesser de vendre du haschich… Les policiers nous guettent partout… De même les pros du domaine ont été chopés par la police ».
Sa femme ne lui répond pas. C’est lui le maître, qui décide, qui ordonne, qui prend les initiatives. Il a pris la décision de ne plus vendre du haschich. Il ne supporte plus d’être incarcéré abandonnant sa femme et sa fillette à leur propre sort surtout que la police mène une campagne sans merci contre les trafiquants de drogue. C’est mieux de reprendre son activité dans le domaine qu’il pratique : le vol des radio-cassettes des voitures. Professionnel dans ce monde, il arrive à commettre son forfait sans être repéré ni par les gardiens de voitures, ni les veilleurs de nuit, ni les policiers. Depuis, les choses roulent bien. Abdellah ouvre les voitures, démonte les radio-cassettes, les dérobe, les revend aux receleurs et empoche le butin pour rendre heureux sa femme et sa fille.
Nous sommes le jeudi 2 mai 1991. Au quartier Sidi Bernoussi. Abdellah sort, la nuit, en quête de voitures pour voler leurs radio-cassettes. Il silonne les ruelles, les boulevards et les grandes artères. Il est 3 h du matin. Abdellah arrive dans un boulevard où stationnent des voitures, lance un regard furtif à gauche et à droite. Aucun gardien ne lui apparaît. Il met sa main dans sa poche, tire un tournevis, commence son travail, ouvre le portail d’une Mercedes 240, rentre et commence à démonter la radio-cassette. Quand il arrive à achever sa tâche, il s’apprête à sortir de la voiture. Seulement, sa gorge se noue et arrive à peine à respirer. Pourquoi ? Le veilleur de nuit, Ahmed Maâzouz, se plante juste à ses pieds avec un bâton à la main. Rapidement, il lui assène un coup à la tête. Abdellah sort de la voiture, pousse violement le veilleur de nuit et s’apprête à mettre la voile.
Cependant, Ahmed Maâzouz le suit au point qu’il s’approche de l’attraper. Seulement, Abdellah réagit rapidement, saisit une pierre et tourne vers le veilleur de nuit. Celui-ci s’arrête, recule. Abdellah l’attaque, lui donne un coup à la tête. Ahmed Maâzouz s’effondre. Abdellah lui arrache le bâton et l’assomme de coups successifs. Se rassurant que le veilleur de nuit n’a plus la force de se battre, il tente de s’enfuir. Malheureusement, il se retrouve face-à-face avec Ahmed Alouach, un marchand de charbon qui emprunte le chemin à destination de la mosquée pour effectuer la prière d’Al Fajr. Il lui assène également plusieurs coups de bâton avant de s’enfuir.
Le lendemain, vendredi 3 mai 1991, il retourne sur les lieux. Il apprend que ses deux victimes sont mortes suite à leurs blessures. Abdellah devient un assassin sans jamais le penser. Non pas un seul meurtre, mais deux ! A-t-il été remarqué par un curieux ? Peut-être. Il doit, désormais, prendre ses précautions.
«Je suis obligé d’être déguisé», décide-t-il. Comment ?
Il porte une gandoura très échancrée, enroulée sur son corps par un turban et couvre son visage, le tout en noire.
Abdellah reprend son activité, le vol dans les voitures. Toute une série de vol des radio-cassettes de l’intérieur des bagnoles doublées d’une série d’agressions contre les veilleurs de nuit qui le surprennent avec ses vêtements bizarres. La police a compté plus d’une dizaine de victimes dont Maâti Kanouche, Abbès Rassoul, Mohamed Mastour, Bouâzza Moufid, Moulay Mbarek Nihad, Mohamed Fejri, Lahcen Sahel…Ils révèlent tous aux enquêteurs que l’agresseur ressemble à Ninja.
(Demain : quel sera l’autre
pas du Ninja ?)