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Noureddine Ayouch : «L’entreprise autant que le citoyen ne sont pas satisfaits de la Justice au Maroc»

© D.R

ALM : SM le Roi a mis en valeur dans son neuvième discours du Trône la nécessité de réhabiliter la classe moyenne. Pourquoi la classe moyenne aujourd’hui ?
Noureddine Ayouch : S’il y a quelque chose qui m’a le plus frappé et fait plaisir, c’est bien le concept de la classe moyenne qui a été mis en valeur par le Souverain dans son discours du Trône. Tout le monde ne peut que reconnaître l’absence d’une classe moyenne dans notre pays. Il y a beaucoup de spéculateurs dans la Bourse et l’immobilier ; il y a beaucoup d’argent gagné par une petite frange de la population qui ne produit pas de biens durables. Et il y a en face la grande majorité du peuple marocain qui a besoin d’égalité des chances pour accéder au savoir et aux biens de la consommation. Et le Maroc a un besoin urgent et impératif d’une classe moyenne qui dispose d’une éducation performante, d’une santé accesible et de qualité, d’une justice équitable et efficace et, enfin, de revenu suffisant pour vivre décemment. Le Maroc ne peut jamais devenir un grand pays sans contenir en son sein une classe moyenne importante pour lui assurer un réel développement.

La refonte du système judiciaire est au centre de la nouvelle génération de réformes définies par le Souverain. Quelles sont vos attentes sur ce registre ?
Jusqu’à présent, il n’a eu que des réformettes au niveau de la justice. Et l’entreprise autant que le citoyen marocain ne sont pas satisfaits de la justice au Maroc. Les investisseurs étrangers, quand ils veulent investir au Maroc, sont totalement déçus de la justice marocaine. Il est temps, aujourd’hui, de s’engager véritablement dans une réforme en profondeur de la justice.

Le Souverain a mis en place un nouveau concept en parlant de « sécurité judiciaire». Que signifie pour vous ce concept ?
Le citoyen marocain ne peut se sentir en sécurité face à la justice parce que, tout simplement, il n’a pas confiance en la justice marocaine. Il lui reproche son opacité, il a peur devant la corruption de certains juges et il préfère ne pas avoir affaire à la justice marocaine pour régler ses problèmes. Le problème de la justice au Maroc, ce n’est pas tant la compétence des juges que l’absence de lois claires et transparentes. Et la réforme doit toucher tous les niveaux de la justice, y compris le corps des avocats qui, souvent, salit l’image de la justice de notre pays.

Le système éducatif national s’est révélé être un véritable échec. Que peut faire l’Etat pour redresser ce système ?
Je pense que c’est le problème numéro 1 qui se pose au Maroc, et son règlement permet d’entrevoir un véritable développement socio-économique qui touche l’ensemble des citoyens, en particulier les jeunes.
SM le Roi a parlé de la perte de confiance du citoyen. Et s’il y a un domaine où les Marocains ont perdu toute confiance, c’est bien celui de l’Education. Il est indispensable que, là aussi, des mesures indispensables soient prises qui soient simples à appliquer, en tenant compte avant tout de l’acteur principal qui est l’enseignant. Sans la valorisation de l’enseignant, sur le plan financier, de sa formation constante aux nouvelles technologies, et son rétablissement dans le statut d’acteur indispensable à toute réforme dans l’enseignement, rien ne peut se faire, aucun succès n’est assuré. Il est grand temps d’associer l’entreprise marocaine à la conception, au suivi, et à l’évaluation de toute réforme de l’enseignement. Aujourd’hui, autant le Conseil supérieur de l’enseignement que le ministère de l’Education nationale ont engagé des études pour apporter des solutions aux problèmes que vit l’enseignement marocain. Ces problèmes sont principalement liés à l’abandon scolaire, qui atteint un pourcentage catastrophique ; au manque d’adéquation entre l’enseignement et les besoins de l’entreprise ; à la motivation de l’enseignant.

La mise à niveau du secteur agricole a également occupé une place privilégiée dans le discours du Trône. Avez-vous des attentes particulières là-dessus ?
Le Plan Maroc vert présenté par Aziz Akhannouch, ministre de l’Agriculture et de la Pêche maritime, contient des pistes intéressantes qu’il faut approfondir avec des agronomes marocains qui ont acquis une reconnaissance internationale au niveau de leur savoir. Là encore, le Plan Maroc vert n’a pas occulté les petits paysans, il s’adresse tant aux grands exploitants qu’aux petits paysans. Mais il faut absolument que la société civile s’invetisse avec le gouvernement pour réaliser un tel projet qui a besoin de la formation des petits paysans aux nouvelles techniques de la culture et à la production de produits qui répondent aux besoins de la population marocaine avant tout. Là encore, les paysans marocains ont besoin d’être alphabétisés, encadrés et d’avoir à leur disposition des microcrédits pour réaliser leurs projets.

Sur le registre diplomatique, et en particulier sur le dossier de la relation avec l’Algérie, SM le Roi a réitéré l’appel du Royaume pour l’ouverture de la frontière. Que pensez-vous de cette nouvelle offre ?
C’est une offre généreuse et intelligente de la part du Souverain. Et nos frères algériens, avec le président Abdelaziz Bouteflika à leur tête, ont intérêt à répondre favorablement à la proposition de SM le Roi qui s’inscrit pas seulement dans la construction du Maghreb, mais qui va plus loin en visant la réconciliation de deux peuples qui s’aiment, qui ont des points communs et qui sont faits pour s’entendre et prendre le leadership de l’Afrique du Nord, et pourquoi pas du monde arabe. Le peuple algérien et le peuple marocain ont des atouts extraordinaires pour affronter l’avenir et occuper le leadership de cette future union méditerranéenne qui s’est dessinée à Paris le mois dernier. Il faut arrêter d’insulter l’avenir en nous critiquant mutuellement. Aujourd’hui plus que jamais, nous devons rétablir la confiance entre nos deux peuples en se lançant dans des chantiers importants qui touchent non seulement nos deux pays mais toute l’Afrique. Il est temps de lancer des jumelages entre les villes marocaines et algériennes. Il est temps, également, de créer un pont entre l’intelligentsia marocaine et algérienne. Il est également temps de lancer des initiatives mutuelles sur le plan social et culturel.

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