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Noureddine Sail : «Il faut que le marché du film africain se développe»

© D.R

ALM : À la lumière du palmarès de cette édition, comment se situe le cinéma marocain sur la scène africaine ?
Noureddine Sail : On peut constater que «Pégase» le film qui a remporté le Grand prix au festival du cinéma africain de Khouribga cette année, a auparavant été primé au festival de Tanger. Cela témoigne du talent du réalisateur avant tout et de la qualité de son film. Mais le jury a longuement hésité avant de récompenser «Pégase» parce que le long-métrage sud-africain «Shirley Adams» d’Olivier Hermanus (prix du jury) était un sérieux concurrent. Le palmarès de cette édition a aussi révélé d’autres films, notamment «Destin croisé» de Driss Chouika ou encore les films égyptiens «Un-Zero» et «La Joie». Ainsi à Khouribga,ces nations (Maroc, Afrique du Sud et Egypte) ont trouvé leur place naturelle dans le paysage cinématographique africain. Comme j’ai toujours mentionné, ces pays forment un triangle africain où le cinéma est le plus développé. Et le Maroc doit renforcer son rôle de leader, développer la production cinématographique africaine.

Comment le CCM soutient-il le cinéma africain ?
L’idée développée par le CCM depuis quelques années est que c’est nous, Africains, qui devons nous occuper de nos propres problèmes et non attendre des aides de l’étranger de plus en plus rares. Il faut avoir la conscience qu’être africain, c’est avoir cet esprit de solidarité et de partage. Et je crois que le Maroc, à travers le CCM, est dans la bonne voie en mettant à la disposition de l’Afrique les moyens dont nous disposons aussi modestes soient-ils comparés à ceux des USA ou de l’Europe. Depuis 2003, le Maroc a coproduit quelque 23 longs-métrages de la fiction et qui s’inscrivent dans la palette la plus large au niveau des sujets et géographiquement sans l’exclusion d’aucun pays (Algérie, Brukina Faso, Tunisie, Guinée…) il y a même une ouverture aux pays anglophones. La coopération Sud-Sud est devenue une nécessité, c’est aussi l’idée défendue dans le festival cette année et qui a trouvé échos chez tous les professionnels du cinéma africain.

Quels sont les obstacles qui entravent le développement du cinéma africain ?
La production cinématographique en Afrique est sinistrée et ce n’est pas le seul domaine d’ailleurs. Le Sénégal produit un film toutes les années bissextiles, le Burkina Faso deux films tous les deux ans. Le Nigeria produit en masse et à la hâte des téléfilms par centaines mais qui ne relèvent pas à proprement dit du cinéma. Au niveau de l’exploitation, le bilan est plus dramatique. Par exemple, le Sénégal n’a pratiquement aucune salle de cinéma en dehors des instituts français et une salle à Dakar pour les grandes occasions. Le Burkina Faso compte 7 salles, l’Algérie 13, la Tunisie 12, 6 salles en Côte d’Ivoire, le Maroc dispose de 70 salles alors qu’il doit en compter 300. Je reste persuadé que c’est la production de film qui fait naître les salles.

Comment y faire face?
Le Maroc doit devenir un partenaire incontournable et promouvoir par le biais de la production de films africains d’autres visions du monde. Il faut qu’un marché du film africain se développe en Afrique. Il faut qu’il y ait une circulation des films africains dans le Maroc et les films marocains dans toute l’Afrique. Les salles de cinéma sont la conséquence directe de la production de film. Il faut pour cela avoir la passion du cinéma et la foi en l’avenir. Et le festival de Khouribga et son public sont justement animés par la passion et l’amour de ce que l’Afrique a de plus fécond, ses histoires, ses scénario, cinéastes…

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