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Nouvelles parutions : Des auteurs à découvrir

© D.R

«Tchétchénie : Le déshonneur russe»
Depuis août 1999, Anna Politkovskaïa, grand reporter du bihebdomadaire Novaïa Gazetta, s’est rendue plus d’une quarantaine de fois en Tchétchénie pour couvrir la guerre, la seconde, qui frappe cette petite République. Pour elle, c’est l’avenir même de la Russie et ses chances d’accéder à une véritable démocratie qui sont en jeu. Décrivant le calvaire de la population tchétchène, elle montre que la poursuite du conflit le rend de plus en plus incontrôlable. La violence absolue favorise la minorité tchétchène la plus extrême, au détriment de la majorité acquise aux idées occidentales, et déshumanise les combattants des deux camps. Les militaires russes pillent, violent et tuent en toute impunité, les combattants tchétchènes sombrent dans la délation et les règlements de compte, dévorés par le désir de vengeance d’un côté, et les exigences cyniques de la survie de l’autre, basculant parfois dans la criminalité pure et simple. Et finalement, ces pratiques finissent par gangrener moralement toute la société. Pour Anna Politkovskaïa, qui n’épargne pas l’actuel président russe Vladimir Poutine, cette spirale infernale trouve son origine dans la tradition d’un pouvoir qui a besoin d’un ennemi – bouc émissaire -, pour lui faire porter le poids des malheurs – réels – des Russes, dans la difficile période du postcommunisme.
Anna Politkovskaïa, 43 ans, est aujourd’hui l’un des seuls journalistes russes à rendre compte de manière indépendante de ce qui se passe en Tchétchénie. A ce titre, elle a été plusieurs fois primée en Russie, et par le Pen Club International, en 2002. Elle a reçu au Danemark, en février 2003, le prix du Journalisme et de la Démocratie, décerné par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Son seul parti est celui des victimes. En octobre dernier, au péril de sa vie, elle a accepté de servir de négociatrice lors de la récente prise d’otages dans un théâtre de Moscou, qui s’est terminée de manière dramatique.

«Nous autres»
« … On nous attacha sur des tables pour nous faire subir la Grande Opération. Le lendemain, je me rendis chez le Bienfaiteur et lui racontai tout ce que je savais sur les ennemis du bonheur. Je ne comprends pas pourquoi cela m’avait paru si difficile auparavant. Ce ne peut être qu’à cause de ma maladie, à cause de mon âme.  »
Ainsi parle D-503, un homme des siècles futurs. Il vit dans une société qui impose fermement l’Harmonie sous la direction du guide. Or D-503 qui participe activement à l’expansion de cette organisation à l’échelle interplanétaire en arrive à l’autocritique, à la dénonciation, au rééquilibrage psychique.
C’est en 1920 que le Soviétique Eugène Zamiatine a conçu cette politique-fiction. Il y aborde, pour la première fois, les mécanismes de l’Utopie au niveau existentiel. Jusque-là, tous les organisateurs de sociétés futurs, sous la bannière de Platon et de saint Thomas More, se contentaient d’une description monomaniaque de leurs structures. Zamiatine introduit l’homme vivant dans ces souricières. La porte poussée, Aldous Huxley et George Orwell vont s’engouffrer dans le corridor.
Quel extraordinaire visionnaire que ce Zamiatine, écrivain, mathématicien et ingénieur. Il y a soixante ans, la dissidence n’était pas encore une maladie mentale traitée à l’halopéridol. Le règne du père génial de tous les peuples, Staline, et de ses épigones n’avaient pas commencé. Et les pieux des camps de rééducation n’étaient pas encore systématiquement plantés. Pourtant, le ver était dans le fruit, et même à cette époque pas encore totalement occultée, l’ouvrage ne fut pas publié. L’oracle Zamiatine scrutant les brumes de l’Histoire de demain pousse un hurlement solitaire. Lui-même, en nos temps de surdité, condamné au silence et à l’exil, étouffé par l’angoisse, mourra à Paris, en 1937, à l’âge de 53 ans.

«Je suis mort hier»
La vie d’Alexandre Oulanov, hôte d’un talk-show télévisé, vire au cauchemar lorsqu’il comprend que sa femme a engagé un tueur à gages pour l’assassiner. Peu avant, le patron de son émission et une journaliste ont été tués dans l’explosion de leur voiture. Règlement de comptes de la mafia ? Vengeance ?
Bien qu’en proie à une sévère dépression nerveuse, l’inspectrice Kamenskaïa se lance dans l’enquête lorsque Ioulia Gotovtchits, une députée de la Douma, est assassinée à son tour. Crime politique ou crapuleux ? Son mari est mort de peur. Encore une fois, c’est à Kamenskaïa de démêler l’affaire. Elle fait appel à son amie Tatiana Obraztsova, juge d’instruction qui travaille sur une histoire de sorcière. Où justement…
Belle jeune femme de vingt-six ans, Viktoria Eremina a été retrouvée étranglée dans les bois de Saviolov, à 75 km de Moscou. Elle travaillait dans une société du secteur privé où, elle servait d' »hôtesse d’accueil » pour les clients étrangers de passage à Moscou. Bref, elle se prostituait pour son patron, celui-ci, qui l’appréciait beaucoup, fermant les yeux sur l’alcoolisme prononcé de son employée. Aucune famille connue, mais un amant, Boris Kartachov, un peintre qui avait téléphoné au bureau, inquiet de ne pas la voir revenir au bout de plusieurs jours d’absence. Le phénomène n’était pas rare, mais avant de disparaître, la jeune fille lui avait paru si bizarre qu’il avait consulté un psychiatre, le docteur Maslennikov: Vika affirmait que quelqu’un lui aurait volé un cauchemar qu’elle faisait depuis des années… pour le diffuser à la radio. Dans ce cauchemar figure une main rouge de sang qui glisse sur un mur et une mystérieuse clé de sol de couleur verte. D’après le rapport d’enquête, le psychiatre aurait conclu à une psychose grave connue sous le nom de syndrome de Kandanski-Clérambault et justiciable d’enfermement en hôpital. Anastasia Kamenskaïa, trente trois ans, juriste et criminologue, se lance dans son enquête sans trop croire à une quelconque réussite. Pendant ce temps-là, dans un bar quelque part à Moscou, trois hommes, dont l’un, « Arsène », 63 ans, a une mâchoire émaillée de dents d’acier, se sont réunis et se jurent d’empêcher Anastasia d’arriver à ses fins : qu’aucune inculpation ne soit prononcée avant la mi janvier et « tout », mais quoi au juste ?
L’enquête d’Anastasia piétine jusqu’au moment où elle découvre un silence curieux dans une bande de répondeur téléphonique du peintre. La réponse du laboratoire est claire : Boris a effacé un morceau de la bande. Et il n’y a pas que ça, l’ami de Boris qui l’a mis en contact avec le psychiatre est mort écrasé. Banal accident ou bien s’agit-il d’un meurtre ? Et pourquoi ? Ancien lieutenant-colonel de la police judiciaire de Moscou et véritable phénomène de l’édition russe, Alexandra Marinina a écrit plus de dix-sept romans sur l’incorruptible Anastasia Kamenskaïa.

«Vodka-Cola»
Ils ou elles s’appellent Anton, Liapa, Macha, Oleg, Svietka, Kostia, Volkova. Ils ont 20 ans à Saint-Petersbourg. Dans une Russie en pleine anarchie, les enfants du désordre jouent à cache-cache. Ils protègent leurs amours d’un monde qui ne les aime pas, et inventent des chansons trop simples pour leurs vies déjà compliquées. Irina trace leurs portraits, comme on dessine à la craie sur le trottoir : des images violentes et crues, d’une incroyable justesse.
Liapa – un batteur punk – a deux buts dans la vie : les filles et la célébrité. Celle qu’il a épousée “virtuellement” s’en plaint auprès de sa copine Volkova, qui se moque : qu’elle choisisse un homme riche et s’amuse. Dénia n’est pas de meilleur conseil, il n’a qu’une idée en tête depuis qu’il est rentré de Tchétchénie, mourir pour une grande cause. Nastia, elle, se lamente de ne jamais tomber sur le bon mec, Sviétka couche avec Serguéï tout en pensant à Oleg, et, lorsque Nastia et Macha parlent d’amour tout en craquant des graines de tournesols, on se demande comment tout ce petit monde va passer de l’adolescence à l’âge adulte. Ils ont entre 12 et 20 ans, vont et viennent dans la ville grise. Il pleut, il neige, le soleil brille rarement. Indifférents à ce qui les entoure, ils pratiquent la violence pour se distraire ou se frayer un chemin dans un monde anarchique qui ne leur propose rien, enchaînent les expériences – drogue, sexe, alcool -, et ils causent. Ils causent beaucoup, mais jamais de famille ou d’avenir, d’histoire ou de politique. Leurs mots – à l’instar de ceux qu’affichent les écrans de leur ordinateur ou de leur portable – restent sans écho dans leur existence. La musique est leur seul ancrage. Elle rythme leur vie, lui donne un sens, et décide de leur place : on est contre Eminem, inconditionnel de BANDerlogi, un groupe punk dont les chansons reflètent la vie, ou peut-être est-ce l’inverse. “Tout doit être aussi réaliste que possible.” Irina Denejkina insiste sur le fait que tous ses personnages existent, qu’elle n’a même pas changé leurs noms.
Elle est née en 1981 à Iekaterinbourg, où elle vient d’achever ses études de journalisme.

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