A lui tout seul, feu Mohamed Wadii Al Assafi représente une vraie école tant par sa personne, son engagement que par son art. Symbolique de toute une époque faite de lutte pour un Maroc libre, il reste une figure qui a marqué une bonne partie de notre histoire contemporaine. La vie malheureuse qu’il a vécue, les responsabilités qu’il a assumées tout au long de sa vie, son rôle éducatif, d’enseignant, sa carrière journalistique, et sa position de poète, fait de sa mort, et comme l’ont bien indiqué tous ceux qui ont eu à le côtoyer, une perte de « l’une des pierres angulaires de l’expérience de l’écriture et de la vie ». Mais la menace d’une autre perte, plus grande, se profile d’ores et déjà à l’horizon. Celle de sa mémoire.
L’universitaire et critique Driss Belmlih l’a bien expliqué. En négligeant le véritable patrimoine que le défunt poète nous a légué, nous serons en train de nous négliger nous-mêmes. C’est pour cela que l’oeuvre complète de ce poète national dévoué doit être publiée dans les plus brefs délais. En agissant ainsi ce n’est pas seulement un hommage que nous lui rendrons, mais un droit de mémoire que nous consacrerons. Une mémoire à garder vive pour nous comme pour les générations à venir et dont aussi bien la personne que la poésie de feu Mohamed Wadii Al Assafi constituerait un repère. Son engagement pour la fidélité à la culture marocaine doit non seulement être honoré, mais relayé, transmis.
Sa ville natale, Safi, ainsi que tout le pays se doivent de préserver ses écrits. Sa poésie, au service de l’identité, de l’authenticité tout en s’ouvrant à la modernité, doit être célébrée. C’est cela le droit à la mémoire.