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Polémique autour du Festival des arts populaires

© D.R

Polémique. Quelques jours après la tenue de la 44ème édition du Festival des arts populaires, ce qui est défini comme un succès par les organisateurs de cette manifestation, l’une des plus anciennes du Maroc, est qualifié d’échec culturel et artistique par le Syndicat national des arts populaires (SNAP). «Les organisateurs ont franchi la ligne rouge en mélangeant hip hop, musique andalouse et arts populaires», a indiqué à ALM Fourak Abbes. Ce chercheur dans la tradition orale au Maroc et ancien directeur artistique du FNAP aux côtés du directeur artistique Mohamed Tanjaoui jusqu’en 2008, s’est converti en président du SNAP. Selon lui, le festival a été créé pour contribuer à la sauvegarde du patrimoine oral au Maroc dans son originalité et dans le respect de sa pure tradition.
Ainsi, le FNAP doit être exclusivement dédié aux arts populaires marocains tels que définis par des académiciens, à savoirs Aïta, Regadda, Aissawa, Ahouache, Haha, Abidat R’ma, Ahidous, Rokba, Houara, Dekka, Gnaoua, Al Guedra et Malhoun, entre autres genres traditionnels comprenant chacun plusieurs variantes régionales. «A travers ce festival, les spectateurs découvrent la composition tribale et ethnique très diversifiée du peuple marocain et ce par le biais de chants, rythmes, danses, costumes, ornements, dialectes de ses arts traditionnels», indique M. Fourak, et d’ajouter : «Ces arts font partie de la mémoire collective nationale et doivent être respectés aussi bien dans le fond que dans la forme. Cela n’excluant pas l’utilisation seule par des connaisseurs de la tradition orale et de la mise en scène, de techniques scéniques modernes pour la décodification des spectacles d’arts populaires en vue de les rapprocher du public marocain et étrangers». Mais le sens d’«arts populaires» n’est pas entendu de la même oreille par M.Tanjaoui, toujours directeur artistique du festival. «Dites- moi si Bajedoub, le chanteur de la musique andalouse, n’est pas connu de tous les Marocains. Pour moi, c’est un artiste populaire. Aussi le groupe de rap Fnaïr qui s’inspire des musiques traditionnelles, les réarranger, d’une manière moderne et les promouvoit auprès des jeunes, est populaire». Pour M. Tanjaoui, qui a acquis son expérience de professionnel du spectacle en France et à l’étranger, la programmation d’artistes urbains «populaires» est la seule manière de permettre au festival d’évoluer et d’attirer le maximum de public. D’ailleurs, la 44ème édition du festival a drainé, selon lui, 347.000 spectateur par rapport à quelque 250.000 l’an dernier. Mais ce que reproche M. Fourak le plus aux organisateurs est que des artistes intrus aux «arts populaires» soient payés plus que les membres des troupes traditionnelles, soit «150 DH la journée pour ces derniers alors que des jeunes qui font du hip hop ont été payés à 50.000 DH pour leur spectacle», dénonce le syndicat des arts populaires créé en 2008 et qui regroupe 1200 adhérents selon son président.
Par ailleurs, en dehors de cette polémique à multiples facettes, pour le chercheur et intellectuel Hassan Nejmi, connu pour son célèbre travail sur l’Aïta, la dénomination «art populaire» prête à la confusion. «Elle ne conceptualise rien». «La culture populaire réfère à tout ce qui fait partie du patrimoine et de la mémoire collective nationale», explique-t-il. Et de poursuivre : «Elle comprend principalement la musique traditionnelle». Il dresse comme critères de cette dernière, l’anonymat du compositeur et de l’auteur, un rapport à un rituel spirituel ou religieux, ainsi qu’un rapport à un système social ( moissons, mariage, saisons…).
Aussi selon lui, on peut dire que les artistes de musique chaâbi et de variété font partie des arts populaires. Dans ce sens, «populaire» peut également être péjoratif. Une polémique qui n’est pas loin de finir.

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