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«Ramadan nous ramène au vrai rapport qu’on doit avoir avec la vie»

© D.R



Quel est votre plus beau souvenir de Ramadan ?
Faouzi Skalli : Aussi loin que ma mémoire remonte, Ramadan est attaché à un moment de joie. La joie de la table du ftour, la joie des veillées et des grands regroupements familiaux de mon enfance. Pleins de souvenirs liés à ce mois m’habitent, notamment la ferveur religieuse qui y régnait et particulièrement les prières communes dans la zaouïa de mon grand-père. Enfant, on garde en tête tout ce qui se rattache à «la Nuit du destin», nuit qui se situe dans les dix derniers jours du mois de Ramadan. Mon imagination était particulièrement fertile par rapport à cette nuit où le ciel se rapproche de la Terre… Les limites entre le matériel et le spirituel se dissipent durant le mois de Ramadan. On devient céleste et terrien à la fois. Toutes les choses de la vie gagnent en intensité. Ramadan est attaché à un sentiment de valorisation des choses, on valorise chaque moment… Un verre d’eau prend une valeur sacralisée.
 
Que représente pour vous ce mois ?
Ramadan est le mois de la joie, et où la conscience des choses est plus intense. Ce mois nous ramène au vrai rapport qu’on doit avoir avec la vie.
Sachant que c’est la routine qui tue l’esprit, ce mois opère une rupture, que ce soit au niveau individuel ou  collectif. Toute la famille, la ville et la communauté jeûnent pendant ce mois. C’est un don qu’on reçoit, parfois d’une façon involontaire. Il faut savoir vivre ce mois et pas que le subir. C’est une opportunité qui revient chaque année… Avec son aspect cyclique, ce mois nous apprend la vie et nous apprend que le temps n’est pas linéaire comme on a parfois tendance à le croire. Je suis triste qu’on ne retienne de ce mois que l’aspect matériel et physique. Ramadan devient alors un mois de souffrance et où s’expriment les pulsions les plus primaires. J’appelle cela l’ «anti-ramadan». C’est l’envers de l’esprit profond de ce mois.
 
Ramadan a-t-il actuellement la même signification que lorsque  vous étiez enfant?
À un moment de ma vie, l’esprit du mois sacré s’est banalisé. Ramadan était devenu un mois comme les autres. Ce n’est que plus tard que j’ai retrouvé sa signification profonde ainsi que les sensations de mon enfance, mais de manière beaucoup plus consciente. J’ai commencé à avoir  cette conscience, il y a trente ans, lorsque le mois de Ramadan a coïncidé avec la saison d’été. C’étaient les premières années de mon initiation spirituelle. Je passais tout  le mois d’août en retraite à la Zaouia Kadiria Boutchichia. On passait tout le mois en pratiques spirituelles jusqu’à l’aube («dikr» (invocations», lecture de coran et prières). La rupture du jeune était un moment de convivialité entre les disciples. On prenait le ftour et tous les autres repas ensemble. Tout se faisait dans la joie.
 
Comment vous gérez votre temps durant ce mois ?
En fait, comme je suis maître de mon travail, je suis aussi maître de mon rythme de vie. En général, j’aime travaillé dans le calme de la nuit. Je veille jusqu’à l’aube entre mon chapelet et mon ordinateur. Le travail durant la journée est très limité. Cette dernière est surtout consacrée aux pratiques spirituelles, et investie de la conscience du jeûne. Durant ce mois, je ne compte pas les jours qui restent mais les jours qui sont partis. Ramadan passe trop vite. Heureusement qu’il revient à chaque fois comme un rappel, un appel à la conscience.

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