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Ray Charles, l’âme généreuse de la soul

© D.R

Sa vie durant n’aura été autre que souffrance et lutte pour l’affirmation non seulement d’un talent, mais d’une appartenance, d’une race. Sa mort, survenue le vendredi dernier, vient clore un chapitre, celui des légendes de la chanson, la bonne, la vraie.
Celle qui parle au coeur et à l’âme, et non pas aux bourses, encore moins à l’appétit de consommation. Une musique dont la simple appellation, soul, renvoie directement aux sphères du sentiment, contrairement aux sensations, aussi brèves que lassantes, auxquelles la musique d’aujourd’hui, sterile, invite.
Ray Charles n’est pas seulement un pilier de la soul, dont il était le génie, qui vient de s’effondrer. Il en est le créateur. Le talentueux le célèbre producteur, ami de toujours Ray Charles est le mieux placé pour le savoir. « Il n’y aura plus jamais d’autre musicien capable d’abattre ainsi les frontières entre les genres musicaux…Je sais que le ciel est devenu un lieu bien meilleur depuis qu’il est là-haut », a-t-il si bien résumé. Le « génie de la soul », laisse derrière lui un terrain aussi vague que désert.
Un terrain dont il est désabusé bien avant son décès, affaibli par une maladie et un âge qui l’avaient terrassé, l’obligeant à annuler des tournées et à en reporter d’autres. Il n’en restera pas moins l’un des plus grands innovateurs de la scène musicale américaine, mélangeant le gospel en vogue dans les églises noires avec la sensualité du blues pour créer tout un genre, la soul. « C’était un homme fabuleux, plein d’humour et intelligent », a déclaré Aretha Franklin, elle-même une figure légendaire de la « soul ».
« Un artiste immense et, bien sûr, celui qui a fait connaître au monde la version profane de la soul music », a-t-elle ajouté au sujet de celui qui a vu le jour le 23 septembre 1930 à Albany, en Géorgie, sous le nom de Ray Charles Robinson.
Il passe son enfance à Greenville, en Floride. Sa mère fait office de blanchisseuse pour gagner des sous et son frère aîné se noie sous ses yeux dans une baignoire. L’année suivante, le futur musicien perd la vue à la suite d’un glaucome. Très affecté par la mort de sa mère quand il a 15 ans, le futur Ray Charles quitte l’école pour Jacksonville et entame une carrière de musicien.
Deux ans plus tard, il se rend à Seattle avec ses économies (600 dollars). C’est là qu’il change de nom pour Ray Charles, afin d’éviter la confusion avec le champion de boxe Sugar Ray Robinson. « J’avais le choix entre me procurer une canne blanche et une sébile pour m’installer au coin d’une rue, ou prendre mon courage à deux mains et tout faire pour devenir musicien », avait-il déclaré.
Il connaît plusieurs années de misère, pianotant dans les bars, avant de rencontrer le producteur Quincy Jones, son complice.
Il enregistre son premier disque (« Confession Blues-1948 ») et devient accro de l’héroïne. Ensuite viendront les grands succès, dont « I Got a Woman » en 1952. Parmi une longue série d’autres, figurent « Hallelujah I Love Her So », « What’d I Say », «Georgia On My Mind », « Hit The Road Jack » ou « Unchain My Heart ».
La réussite est fulgurante. Ray Charles enchaîne les tubes, composant quelques unes des chansons les plus écoutées du répertoire américain, mêlant blues, jazz, rythm’n blues et pop, les interprétant sur toutes les scènes mondiales.
Le fisc, la drogue et la prison le plongèrent dans l’oubli pendant plusieurs années jusqu’à son retour sur scène, en 1990, au festival de jazz d’Antibes (France). En 1986, le chanteur est honoré par le président Ronald Reagan, qui lui décerne une Kennedy Center Award.
Ray Charles eut neuf enfants de cinq femmes différentes. Son mariage, qui dura 20 ans, avec Della se termina par un divorce en 1977. Malgré ses ennuis de santé, Ray Charles, mort à 73 ans, avait travaillé à un CD composé de duos avec des artistes aussi divers que Norah Jones, Elton John, B.B. King, Diana Krall, Johnny Mathis et Willie Nelson. Sa publication était annoncée pour la fin de l’été.
Les obsèques du chanteur devaient avoir lieu ce vendredi. Des stars aussi imminentes que Stevie Wonder, Willie Nelson et B.B. King étaient attendues lors de cette cérémonie, ainsi qu’un éloge funèbre de l’ancien président Bill Clinton.

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