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Safaa Erruass ou la force de la fragilité

© D.R

L’ambiance au Musée de Marrakech était particulièrement animée. Organisé samedi dernier dans le cadre des Rencontres internationales de la poésie, le vernissage de l’exposition «Expérience croisée», mettant en participation plusieurs artistes marocains et français, avait attiré plus d’un amateur d’art. Parmi ces artistes, une jeune Marocaine était particulièrement attendue : Safaa Erruass. Une attente accentuée à la fois par le magistral de son oeuvre et par le retard qu’elle avait pris à venir. Une fois arrivée sur les lieux, la jeune peintre, sobrement vêtue avec un signe distinctif qui ne trompe pas, à savoir son voile, a été d’emblée entourée par plusieurs journalistes et personnes intéressées par son travail. On se serait cru devant une véritable star. Et c’est le cas. La raison n’est autre que, malgré son jeune âge (27 ans), Erruass compte déjà à son actif plusieurs expositions au Maroc et dans plusieurs pays d’Europe. Une carrière qu’elle se trace, au fil des rencontres, doucement mais avec assurance.
Née en 1976 à Tétouan où elle vit et travaille toujours, Safaa Erruas est lauréate de l’Institut national des Beaux-Arts de la même ville. Un institut qu’elle fréquentait dès l’âge de 15 ans, attirée par les arts plastiques, avant de l’intégrer à l’âge de 18 ans. Entre-temps, elle a passé un baccalauréat option sciences expérimentales et fait une année à la faculté, branche physique-chimie. « Mais je me suis vite rendue compte que telle n’était pas ma véritable volonté et je n’ai pas tardé à changer de cap », précise Safaa Erruass.
Passées les quatre ans de formation (spécialité Volume), elle a participé à plusieurs manifestations au Maroc, notamment à travers les Instituts français, et à l’étranger. Les visites au Maroc de plusieurs «commissaires d’expositions» en quête de jeunes talents marocains, se soldaient souvent par des invitations. Lesquelles ont commencé par sa sélection à la Biennale de Dakar 2002. «C’est là où je me suis fait connaître». Depuis, elles ne se sont pas arrêtées : Paris, Sardaigne, Marseille, Londres, Berline… A voir ces installations, l’on ne peut être que troublé par tant de rigueur et devant une telle répétitivité. Un univers de fragilité d’une surprenante originalité fait de matériaux tout aussi oroginaux : Coton, sparadraps, papiers carton ou de soie, aiguilles. Des installations auxquelles s’ajoutent des images découpées de corps humains et devant lesquelles on ne peut que s’exclamer, pris de «peur» ou d’admiration. Pour elle, son travail n’est qu’«un reflet immatériel de la société dans laquelle je vis. Un simple regard que je porte par rapport aux gens et que j’essaye de traduire à ma manière.
Là-dedans, il n’y a ni une volonté d’adopter un discours féministe, encore moins politique», dit-elle en réaction à une étiquette qui commence à lui coller à la peau et la poursuivre là où elle va, celle d’une artiste féministe. Ne niant nullement la féminité que traduisent ses oeuvres, elle préfère le mot sensibilité à celui de conviction ou de position. « Il est normal que ma sensibilité traduit ma féminité, mais je ne me définirais pas comme étant une artiste engagée », dit-elle. Mais s’il y a une chose dont Safaa Erruass est convaincue, ce serait du peu d’effort politique pour le développement des arts et de la culture au Maroc. « Il existe une absence totale d’une politique culturelle au Maroc.
Et le peu qui se fait reste moyennement professionnel et bénéficie toujours aux mêmes personnes», affirme-t-elle, nuançant cependant ses propos en déclarant que les jeunes artistes commencent peu à peu à investir le terrain « par la force des choses et le brio de leurs talents ». Si la donne est en train de changer, c’est parce que les jeunes s’imposent. Si ce n’est pas au Maroc, c’est ailleurs. Le résultat est qu’on commence enfin à reconnaître les jeunes talents. Safaa Erruass en est, elle-même, l’une des plus brillantes illustrations.

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