Sa devise : «ce qui vient du cœur arrive au cœur». Son pêché mignon: s’entraîner à sauter devant un miroir. Nabil Sekhra, le vocaliste du groupe Darga, aime faire la différence. Sur scène, spontanément, il danse sur tous les rythmes de leur répertoire musical. Les observateurs de la scène urbaine le qualifient de bête de scène. En analysant ce qualificatif, Nabil Sekhra esquisse un sourire et avoue qu’il adore s’exprimer sur scène avec gestualité. «J’ai souvent entendu dire que je bouge beaucoup sur scène, mais je pense que c’est ce qui fait la différence, cela fait partie du show.
On ne peut pas animer un concert en restant immobile», a-t-il confié à ALM. Les membres du groupe ont fini par s’habituer et à s’adapter aux gestes de Nabil, jugés parfois excentriques. Mieux, l’autre vocaliste Oubiz, est son allié dans l’animation de la scène. Le concept de la Hayha musique est aussi exercé par les gardiens du temple du style de Darga. Chacun des musiciens laisse son empreinte et transmet ses compétences pour le développement de l’ensemble de la formation. «Chez nous, il n’y a pas de chef, je suis personnellement contre le vedettariat». Pour le bon fonctionnement de la formation, il défend une certaine démocratie. «Toutes les décisions sont prises suite à un vote à main levée, et je considère que la présence de tous les membres est vitale», souligne Nabil Sekhra.
Ce dernier voit d’ailleurs l’évolution de sa carrière, non pas en dehors du groupe, mais plutôt aux côtés des dix musiciens du groupe. Cela ne signifie pas que ce chanteur ne possède pas d’ambitions ou de projets personnels. Nabil souhaite prendre des cours de mandoline et de banjo et étudier le gharnati en Algérie et pourquoi pas créer un style de gharnati revisité. «C’est un projet qui me tient à cœur, mais je compte le réaliser dans les années à venir, pas maintenant». Nabil Sekhra dit avoir de l’ambition. « Je veux marquer l’histoire», dit-il clairement.
Agé de trente ans, Nabil Sekhra est originaire de Meknès, mais il est né à Casablanca. Il aime sa ville et le quartier Beauséjour où il a grandi. Pour écrire les paroles des chansons, il s’est pendant longtemps inspiré des histoires réelles qu’il a vues de ses yeux ou entendues de la bouche de ses amis proches. Les deux titres «Tchoumira» et «Stop Barraka» illustrent parfaitement bien l’esprit du groupe.
Des chansons engagées dont les paroles sont directement inspirées de la société marocaine. Pour garantir le succès de leurs œuvres musicales, il n’y a pour Nabil Sekhra qu’une seule recette. Elle est simple. «Les paroles et la musique doivent parvenir du cœur pour arriver directement dans le cœur des auditeurs». Le chanteur évoque ici la question de la sincérité dans le travail et la recherche artistique. Après le dernier concert à Fès lors de la treizième édition du Festival des musiques sacrées, Darga bûche actuellement dans la fin de l’enregistrement de son deuxième opus de dix titres. Nabil promet des surprises. Un album mi africain-mi marocain.