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Siham Halli : «Revaloriser la banalité du quotidien est ma singularité»

© D.R

ALM : Vous êtes de ces artistes qui ont à trente ans réalisé un parcours probant. Peut-on avoir une idée sur ce que vous avez réalisé jusqu’à présent ?
Siham Halli : Je suis une simple fille de Nador qui a compris dès le départ que pour percer dans le monde des plasticiens il faut d’abord suivre une formation adéquate. Certes j’avais un penchant pour le dessin et les couleurs dès mon jeune âge, toutes les personnes que j’ai côtoyées m’ont incité à poursuivre des études d’arts plastiques. Mes parents y sont pour beaucoup puisqu’ils m’ont soutenue jusqu’au bout. Je suis lauréate de l’école des Beaux-arts de Tétouan avec mention très bien lors de l’obtention de ma licence en 2005. Cela m’a permis d’intégrer la S.T.A.G.E.O en tant que professeur d’infographie pour former des architectes et des décorateurs. J’ai aussi réalisé un défilé de mode « fantaisie féminine », dans un centre culturel local. J’ai aussi animé des cours de formation d’arts plastiques pour enseignants. En 2007 j’ai obtenu un prix international pour originalité de la conception. Auparavant j’ai remporté un prix au deuxième festival national pour les jeunes artistes à Fès. Je compte aussi plusieurs expositions individuelles ou collectives à travers plusieurs villes marocaines et européennes.

Vos derniers tableaux semblent inaugurer une nouvelle expérience basée plus sur des empreintes furtives aux multiples dimensions que sur des portraits ou objets émanant d’une nature morte.
Dans ma dernière collection nommée «empreinte de femme» j’ai essayé de démontrer que toutes les femmes se ressemblent mais diffèrent au niveau de l’empreinte qu’elles laissent. Cette trace concernera leurs réussites en tant que mères, épouses ou actrices de développement. Il y a aussi les artistes qui contribuent à l’émergence de genres nouveaux. Je suis de celles qui ont opté pour l’art plastique afin de revaloriser plusieurs éléments que nous côtoyons chaque jour mais dont on ignore la richesse. Revaloriser la banalité du quotidien est ma singularité et ma manière de me démarquer des autres. En somme une femme comme les autres mais qui se veut en parfaite symbiose avec ce qu’elle fait sur ses toiles.

Ne pensez-vous pas que ce que vous entendez par valorisation n’est autre qu’une forme de récupération avec une touche artistique. ?
Récupérer c’est améliorer la qualité de l’objet ou le refaire pour lui donner un aspect et un style plus beau. C’est imbriquer la forme de l’objet avec le fond de la toile pour sensibiliser à l’importance d’une approche valorisante de ce qui est condamné. Je travaille à partir d’objets que nous jetons pour décrier l’absurdité de certains comportements et montrer que dans toute chose jetée il y a une forme ou couleur qui mérite plus d’attention.  Et c’est à partir de ces éléments, que j’ai réalisé des collections en haute couture par exemple. C’était mon premier pas dans le monde de l’art. Et c’est ce travail qui m’a fait distinguer alors que je poursuivais encore mes études à Tétouan. C’était une innovation appréciée par mes professeurs qui m’ont encouragée à développer ma façon de remettre en valeur ce qui est considéré comme inerte. Le fait de transformer des choses banales en tuniques spécifiques m’a permis d’obtenir le prix de l’ambassade du Mexique à Rabat pour originalité de la conception.

Une conception authentique pour certains se fait à partir d’idées spécifiques ou d’outils originaux. Pour monter une toile vous travaillez avec quels matériaux?
J’utilise comme couleur de base tout ce qui se rapporte à la nature, le safran, le brou de noix, le sucre, l’argile, les feuilles d’arbres, la pulpe de grenade, le « messouake » et autres teintes connues par les femmes du terroir. Pour dégager une couleur authentique mais enracinée dans ma culture de femme marocaine.
Ma spécificité réside aussi dans le fait que je ne peints qu’avec mes mains, mes doits et ongles aucun recours aux plumes et aux pinceaux. Je ne peux prétendre utiliser des éléments naturels alors que je néglige le travail à la main qui me rapproche des « Mâalmines » pour perfectionner les petits détails qui font l’originalité de notre culture. Cela s’inscrit dans une continuité qui se veut novatrice. Il est possible que j’utilise d’autres moyens sur d’autres toiles. L’important est d’innover et de donner un sens à ce qu’on fait. Sur le plan de la thématique, la lumière, la joie, la couleur de terre et l’espoir en un monde meilleur me suffisent dans ma quête d’artiste peintre attachée au quotidien.

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