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Souvenirs de « Al-Tahrir » (16)

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L’indépendance enfin recouvrée, les yeux se tournèrent à la recherche des héros libérateurs. Ils virent par-ci un invalide, handicapé à vie, par-là, une veuve déroutée, ayant tous pour seul souci des enfants à nourrir, et pour seul crime, celui d’avoir consenti à donner sa propre vie, celle de son mari ou de ses enfants, pour que vivre la nation. Ces gens ne sont pourtant ni des mendiants, ni les victimes de quelque catastrophe naturelle, encore moins d’anciens combattants de l’armée française. Ce sont –nous le disons avec autant de douleur que de honte- les résistants, ceux-là mêmes grâce à qui le Maroc a pu recouvrer sa liberté et son indépendance. Quatre années se sont écoulées depuis l’indépendance.
Quatre années durant lesquelles le Maroc se sera donné, non un seul, mais une multitude de gouvernements qui dotèrent le pays de tous les appareils dont un Etat moderne doit disposer. Mais qu’est-ce que le Maroc, qu’est-ce que l’Etat marocain, ont-ils fait, durant ces quatre années, pour les résistants, les bâtisseurs véritables de cet Etat ? Rien, absolument rien ! Loin de baisser les bras –comment auraient-ils d’ailleurs pu les baisser, eux qui n’avaient jamais appris à le faire ?- ces résistants élevèrent leurs voix, revendiquant les droits qui leur revenaient. Voyant les portes se fermer à eux, ils décideront, en ultime recours, de frapper à celles du Palais royal ; -Dieu garde ses occupants- pour demander directement justice à Sa Majesté le Roi. La réaction sera pire encore que le silence indifférent et les promesses non tenues.
Mardi dernier (1er décembre 1959), ils formèrent une délégation composée de 48 invalides, accompagnés de leurs femmes et enfants, ainsi que de familles de martyrs qui se rendirent tous au Palais royal sollicitant une audience de Sa Majesté, pour la mettre au fait de la condition que connaissent les résistants, les blessés invalides de la résistance ainsi que les familles des martyrs. La réaction du directeur du Protocole royal et de la Chancellerie n’aura justement rien eu de protocolaire. Faisant appel à une force de police, il demandera à ses éléments d’évacuer ce monde, sans plus de façon. Refusant de se plier à la force, les résistants se verront interpeller par un haut fonctionnaire, auprès de Sa Majesté, qui leur adjoint de quitter les lieux, exactement comme on met un chien dehors ! Devant leur refus d’obtempérer, il passe aux menaces, avant d’être relayé par un autre fonctionnaire qui, optant pour la carotte, leur promet un rendez-vous pour l’après-midi, à 17h30.
A l’heure dite, ils sont tous là, pour s’entendre dire par le directeur du Cabinet royal qu’il n’était pas habilité à donner des rendez-vous, et par le directeur du Protocole et de la Chancellerie qu’ils devaient revenir plus tard. Le lendemain, mercredi, dès sept heures du matin, les membres de la délégation sont présents à un endroit par où le Roi devait passer.
Une réplique s’imposait.
• « C’est grâce à nous qu’il a recouvré son trône ; comment osez-vous nous empêcher de le rencontrer ? »

• Par Mohammed Abed al-Jabri

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