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Souvenirs de « Al-Tahrir » (24)

Quant aux résistants arrêtés, en voici les noms : Hassan Safi Eddine, Abdallah Sanhaji, Mohamed Mansour, Thami Nouamane, Mohamed Bensaïd, Mohamed Dhahbi, Bouchaïb Doukkali, Mohamed Sekkouri, Hachmi Mutawakkil, Jilali Haïder, Reddad Bouazzaoui, Abderrahmane Zeyyate, M’barek Ouardi, Omar Bensaïd, Saïd Bounaïlate, etc. Les arrestations toucheront les résistants aux quatre coins du Royaume, comme si tous avaient comploté pour “attenter à la vie du Prince héritier” !
Certains d’entre eux seront relâchés, tandis que d’autres, dont voici la liste, seront déférés devant le juge d’instruction : Hachmi Mutawakkil, Jilali Haïder, Abderrahmane Zeyyate, Thami Nouamane, Ahmed Dhou El Fakkar, Mohamed Bensaïd, Bouchaïb Doukkali, Mohamed Bouyezza, Mohamed Khannouri, Mohamed Sekkouri, Mohamed Ouardi, Mohamed Nejjari, Omar Bensaïd, M’barek Ouardi Bouchama, Mohamed Bouazza Salama et Saïd Bounaïlate.
2- Mise à nu de l’iniquité des accusations ; réactions de mécontentement
Ces arrestations, ainsi que les charges retenues contre les personnes mises en cause, suscitèrent donc de vives réactions, notamment parmi les résistants restés en liberté, autant ceux intégrés dans l’administration que ceux restés en dehors des rouages de l’Etat. Parmi les réactions qui devaient avoir de graves incidences, celles qu’eurent donc les résistants qui admettaient mal de voir leurs anciens camarades de combat, victimes d’arrestations arbittaires, faire face à de si absurdes accusations.
C’est ainsi que, provoqué par un commissaire de police à la réputation douteuse, la caïd Bachir, en place à Béni Mellal, ne put se retenir de brandir son arme et de tirer. Le commissaire tomba, frappé à mort, et le caïd se cantonna dans la montagne, en un état de quasi-rébellion, bientôt suivi par d’autres. C’est dans le même cadre qu’adviendra l’insurrection de Marrakech, quand trois résistants -Chafi’i, Bachir Lamta’i et Hassan Roudani- se cantonneront dans la montagne où une section de la Gendarmerie royale les pousuivra et les tuera jusqu’au dernier.
3- La quotidien français Le Monde dévoile la vérité.
Dans sa livraison du 27/28 mars 1960, “Le Monde” publiera à propos de tous ces événements un article analytique, dont al-Raï al-Am reproduira la traduction dans un numéro du 29 mars, et où l’on pourra lire : “La crise qui couvait depuis plusieurs mois au Maroc a éclaté, sans prendre le caractère de guerre civile que certains redoutent et que la sagace autorité du Roi peut encore épargner à son pays. Le conflit dresse les uns contre les autres, d’une part les deux principales personnalités du gouvernement, MM. Ibrahim et Bouabid, soutenus par l’UMT et l’Union nationale des forces populaires, de l’autre les forces groupées autour du Prince héritier et qui se proposent de substituer au cabinet actuel une équipe décidée à appliquer, au nom du Roi, des méthodes autoritaires. Deux points névralgiques sont apparus : dans l’Atlas et dans les agglomérations ouvrières. C’est cet élargissement qui en fait aujourd’hui la gravité. La dissidence qu’anime dans l’Atlas, au sud du grand barrage de Bin-El-Ouidane, le super-caïd de Béni Mellal, et qui s’étend aux cantons montagnards situés au sud et à l’ouest de Marrakech, est d’une nature très différente de celle que déclenchèrent en 1957 Addi Ou Bihi dans le Tafilalet ou en 1958 Salem Ameziane dans le Rif (…). Ce sont des hommes ayant pris part en 1954-1955 à un soulèvement dirigé à partir de Casablanca, qui partent en dissidence.”
Rappelant ensuite le conflit opposant le Croissant Noir à la Mounadhama al-sirriya (organisation secrète), le quotidien soulignait que le directeur de la Sûreté nationale, M. Laghzaoui à l’époque, avait su mettre ce conflit à profit pour venir à bout de ces organisations, et que “la rébellion” avait été “ déclenchée par des hommes appartenant à un parti dont MM. Ibrahim et Bouabid sont les amis”. Puis, soulevant la question de l’opposition entre l’UNFP et l’Istiqlal -alors principal parti d’opposition- “Le Monde” rappelait que l’Istiqlal avait mis en place un syndicat destiné à faire pendant à l’UMT, et que cette dernière avait réagi en déclenchant une grève générale (25 mars 1960) dont l’ampleur vint prouver le caractère artificiel du nouveau mouvement syndical, et démontrer que les forces ouvrières étaient acquises à l’UMT.
“La nécessité d’un arbitrage royal, ajoutait enfin le quotidien, s’impose d’autant plus que l’effervescence entretenue dans la montgne et l’ampleur de la grève de vendredi montrent que ce qui apparaissait aux adversaires du gouvernement comme une facile “remise en ordre” risque de tourner en une dure épreuve de force, déchaînant des violences à travers le pays tout entier.” (Le Monde, 27/28 mars 1960). Le lecteur s’interrogera peut-être sur la position que Ibrahim et Bouabid adoptaient vis-à-vis de ces événements et sur le gêne qui devait s’ensuivre pour eux, étant tous deux membres du gouvernement. Les dirigeants, les militants et la presse du Parti dont ils étaient eux-mêmes des leaders- faisaient en effet face à ces exactions, uniquement parcce qu’ils soutenaient précisément ce gouvernement!

• Par Mohammed Abed al-Jabri

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