Archives

Souvenirs de « Al-Tahrir » (33)

© D.R

Cette image excitait ma curiosité ; je voulais en savoir davantage sur ce gouvernement marocain d’avant le protectorat, détails que ne me fournissaient ni les programmes scolaires, ni les publications du parti. Or, un jour, comme je traversais la rue séparant la Qissariya des Haffarine de la muraille de Bousbire, je vis, garée au coin de la rue, la poussette du bouquiniste chez qui j’avais l’habitude d’acquérir les ouvrages dont j’avais besoin. Je m’arrêtai donc et me mis à parcourir les titres, dont l’un me sauta immédiatement aux yeux: Description baroque du système gouvernemental du Maroc (Al-bayân al-mutrib fî nidhâm bukûmat al-Maghrib). J’achetai le livre et accourus à la maison, impatient de le lire. Mais que ne furent ma surprise et ma déception quand je constatai que le gouvernement qu’il décrivait différait totalement de celui que le discours patriotique m’avait fait concevoir.
Hargneux, je jetai le volume au loin, certain que c’était là une oeuvre des traîtres et autres suppôts de l’occupation, n’ayant d’autre but que de contredire ce que le discours patriotique affirmait à ce sujet. Je ne devais pourtant pas tarder à y revenir, fasciné par son ton froid et neutre, où ne perçait aucune velléité méliorative ni péjorative. Peu à peu, il commença à constituer pour moi la réalité qui fut, par opposition au discours patriotique des communiqués du parti, des journaux nationaux et des écrits officiels, qui tous représentaient désormais ce qui aurait dû être, ou plutôt ce que l’on voulait que nous croyions avoir été. Ce livre aura eu le mérite de me rendre, dès cet âge, capable de dissocier mes propres désirs d’avec la réalité vécue. Plus encore, grâce aux informations sur le mode de gouvernement que connaissait le Maroc avant et pendant le protectorat, je devais plus tard être à même de comprendre les dessous de bien des choses « gouvernementales » du Maroc indépendant.

2- Structure de l’ancienne conception du pouvoir
Voilà pourquoi j’ai jugé utile de reproduire ici l’image que je m’étais faite du « système gouvernemental du Maroc » -image qui constitue une partie intégrante de ma mémoire politique- avant que d’évoquer les trois gouvernements ayant précédé celui d’Abdallah Ibrahim, ainsi que ce dernier, étant, lui, l’objet de ce numéro. Cette utilité découle à mon sens de ce que ce serait là un bon moyen de comprendre les allusions faites dans ce numéro à l’opposition existant entre le gouvernement Ibrahim et les services administratifs, opposition qui sévit aujourd’hui encore entre ces services et le gouvernement d’alternance présidé par Abderrahmane Youssoufi. Due aux pressions de ce que l’on a pris l’habitude, voilà déjà quelques années, de dénommer le parti secret, le Groupe de pression, ou encore le gouvernement parallèle, cette contradiction est –me paraît-il- ce que Sa Majesté le Roi Mohammed VI signifiait quand elle évoquait, dans le discours donné à Casablanca, l’existence de handicaps structurels qui ralentissent le rythme des réformes.

• Par Mohammed Abed al-Jabri

Articles similaires

ArchivesUne

Office des changes : Les transferts des MRE avoisinent 66 MMDH à fin juillet

Les transferts de fonds effectués par les Marocains résidant à l’étranger (MRE)...

ArchivesUne

Après les listes A et B, le Maroc ajoute une liste C

Elle comprend les pays dont les voyageurs en provenance sont interdits d’accès...

ArchivesUne

Renault dévoile son nouveau plan «Renaulution»

Le Maroc retenu parmi les sites stratégiques à l’international

ArchivesUne

Aujourd’hui le nombre de cas confirmés, 1.217, est le plus bas depuis le 2 septembre

Entre hier à 18H00 et aujourd’hui à 18H00 1.217 nouveaux cas soit...

EDITO

Couverture

Nos supplément spéciaux