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Souvenirs de « Al-Tahrir » (41)

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PDI : six ministres : Abdelhadi Boutaleb, ministre du Travail ; Mohamed Cherkaoui, ministre d’Etat ; Abdelkader Benjelloun aux Finances ; Thami Ouazzani à l’Industrie et aux Mines; Mohamed Benbouchaïb à l’Habitat, et Ahmed Bensouda à la Jeunesse et Sports.
Parti de l’Istiqlal : neuf ministres : Abderrahim Bouabid et Driss M’hammedi, ministres chargés des Négociations avec le gouvernement français ; Abdelkerim Benjelloun (la Justice) ; Mokhtar Soussi aux Habous ; Ahmed Yazidi au Commerce et à l’Industrie ; Mansour Nejjaï à l’Agriculture ; M’hammed Douiri aux Travaux publics, Abdallah Ibrahim à l’Information; Mohamed Fassi à l’Education nationale. Leur sera adjoint Balafrej en tant que ministre des Affaires étrangères, quand ce département sera créé en avril 1956.
L’Istiqlal se retrouvait ainsi devant un gouvernement où ne se reflétaient ni le poids du Parti dans les milieux populaires, ni les sacrifices consentis, ni la confiance sans limite en la personne de Mohammed V. Pis encore, Les ministres du parti étaient eux-mêmes loin d’en représenter les forces constituantes. Il n’y avait parmi eux nul individu en qui la résistance ou les syndicats eussent pu se reconnaître.
Abdallah Ibrahim avait, certes, des liens dans les milieux de la Résistance et des Syndicats ; mais le poste de secrétaire d’Etat aux Informations qui lui avait échu était sans doute en deçà même de la position de l’homme en tant qu’intellectuel militant du Parti à Marrakech et dans le sud du pays. Par-dessus tout, évidemment, le chef du gouvernement n’était pas de l’Istiqlal ; c’est le colonel Bekkay qui, le 2 mars 1956, ratifiera pour le Maroc le document proclamant l’indépendance du pays.
Cette formation gouvernementale n’avait donc rien pour atténuer l’ampleur de la crise interne qui sévissait au sein de l’Istiqlal, crise dont les symptômes perçaient dans les déclarations –divergentes, contradictoires, voire franchement opposées- qui émanaient des dirigeants du parti, notamment celles de Allal Fassi, destinées à exercer des pressions, tantôt sur les Français, tantôt sur le Comité exécutif lui-même. Il en résultait une grande confusion dans les rangs du parti.

7- Appel au démantèlement des partis politiques
Six mois seulement après la formation de ce gouvernement, une crise devait éclater entre les ministres du parti et ceux issus de la Troisième force. Il y eut d’abord des heurts entre les branches locales du parti et les représentants du ministère de l’Intérieur, issus pour la plupart de l’époque colonialiste.
Les activités du parti faisant alors l’objet d’entraves dans certaines régions du pays, sa presse commença à critiquer les agissements des services de l’Intérieur. La crise amorcera un tournant alarmant lorsque le caïd Lahcen Youssi prendra lui-même part à la lutte, apparaissant alors comme le leader d’un courant tribal opposé à l’Istiqlal. En tant que ministre de l’Intérieur, il fera une tournée dans certaines provinces, où il prendra la parole devant des rassemblements populaires, attaquant ouvertement la parti.
Abdallah Ibrahim, ministre de l’Information, protestera contre ces attaques qui portaient atteinte à la solidarité des membres du gouvernement. Des événements survenant à Marrakech détermineront la démission de Youssi, qui sera alors remplacé par Driss M’hammedi, élément de l’Istiqlal. Youssi n’en mettra cependant pas un terme à sa campagne contre le parti. Le 27 juin 1956, il déclarera à al-Raï al-Am, organe du PDI, que «la seule manière d’unifier le Maroc est de démanteler tous les partis politiques, pour s’unir tous derrière Sa Majesté Mohammed V.» Réunissant, en août de la même année, un grand nombre de chefs tribaux du Moyen-Atlas, Youssi se lancera dans une violente diatribe contre l’Istiqlal, faisant appel à tous pour s’unir derrière le Roi. Il aurait –rapporte-t-on- dit dans l’un de ses discours : «Ces partis semblent oublier que le peuple marocain est en majorité rural, que ce sont les ruraux qui firent la gloire du Maroc, qu’il n’est nullement de l’intérêt du peuple que toutes les responsabilités politiques, sociales et économiques, soient confiées à des gens qui ne font aucun cas des tribus et des populations rurales.»
Il récidivera en septembre, à Béni Mellal et à Kasbah de Tadla. Mais là, la police découvrira un complot fomenté à l’initiative de fonctionnaires français, convaincus de propagande contre l’Istiqlal. La relation de Youssi avec les officiers français au Maroc sera établie lors du procès de Addi Oubihi, comme nous le verrons plus loin.

8- Revendiquer un gouvernement homogène
Il apparut alors clairement que Bekkay –à qui les membres du Comité exécutif étaient si reconnaissants de la « noble position » prise en août 1953- ne leur rendait ni confiance ni bons sentiments. Plus encore, il prit carrément le parti de Youssi, devenant du coup lui-même un leader de la Troisième force, dont le souci premier était désormais de créer un schisme entre Mohammed V et le parti de l’Istiqlal. Il fallait donc s’attendre à des réactions politiques de la part des dirigeants et instances de ce dernier, réactions dont on peut citer:
– La revendication -exprimée par la Jeunesse ismaïlienne, dans son premier Congrès, réuni à Fès en mars de la même année 1956- d’un gouvernement homogène, entendre : un gouvernement dont le chef que la plupart des membres, seraient issus du même parti;

• Par Mohammed Abed al-Jabri

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