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Tueurs en série : le monstre de Casablanca : Mustapha Moutachawiq (11)

© D.R

Aller alerter la police ? Une initiative qui semble difficile pour la famille de Saber. En conséquence, elle attend impatiemment que son fils retourne chez lui. Avril, mai, juin et juillet 1977 passent. Fin août, le père d’Abderrahim Saber semble avoir encore de l’espoir pour retrouver son fils. Soudain, le téléphone sonne chez lui. Qui est à l’autre bout du fil ?
– «Je suis Mustapha Moutachawiq, le chef de la bande qui a kidnappé ton fils. Abderrahim est toujours en vie. Il est en bonne santé. Tu dois nous verser la somme de 20 mille dirhams».
Le père d’Abderrahim ne répond pas. Le croit-il vraiment et sera-t-il en mesure de lui verser la somme réclamée ? Moutachawiq raccroche le téléphone.
Trois jours plus tard, le 20 juillet 1977, Mustapha téléphone une fois encore au père d’Abderrahim.
– « Je suis le chef de la bande. As-tu les 20 mille dirhams que je t’ai demandés la dernière fois ?
– Je n’est rien. Je veux juste retrouver mon fils.
– Il est en bonne santé, bien logé et bien nourri. Nous prenons soin de lui comme s’il s’agissait de  notre fils.
– Je veux le voir.
– Tu le verras Incha Allah, mais tu dois nous verser au moins une avance de 5 mille dirhams.
– Je ne verserai aucun sou si je ne vois pas mon enfant. Tu dois m’envoyer une photo récente de lui pour me rassurer qu’il est encore en vie.
– D’accord ».
C’est le dernier appel téléphonique entre Mustapha Moutachawiq et le père du petit Abderrahim. Mustapha est convaincu que le père de Saber ne lui remettra plus le moindre sou s’il ne voit pas son fils. Sous la menace d’un couteau, Moutachawiq et son fidèle acolyte, Bouchaïb Zinani, recourent provisoirement au petit larcin contre les fillettes. Entre-temps, ils commencent à préparer un bon coup qui leur rapportera gros.
Début octobre 1977. Moutachawiq commence à chercher l’enfant qui doit lui permettre durant les prochains deux ou trois mois de vivre tranquille, sans avoir besoin d’un seul dirham. En compagnie de Bouchaïb Zinani, il rôde dans les ruelles du quartier Derb Soltan. Son intuition le met sur le chemin de Mohamed Chaddadi. Cet enfant de cinq ans, orphelin de mère, vit sous le même toit avec sa tante paternelle, Aïcha Chaddadi, et son mari, Abdelhadi Lamrani, commerçant de son état. Tous deux aiment follement Mohamed. Depuis la mort de sa mère, ils prennent soin de lui et n’épargnent aucun effort pour le rendre très heureux. En fait, Mohamed est un enfant actif, bavard, amusant et rigolo. Tous les jours, il joue au ballon et aux billes avec ses camarades à Derb Soltan.
– «C’est l’enfant qu’on doit kidnapper, chuchote Moutachawiq à l’oreille de son  acolyte, Bouchaïb.
– Crois-tu que sa tante et son mari sont très attachés à lui au point d’être généreux avec nous?
– Oui, j’ai appris qu’ils l’aiment et surtout sa tante paternelle.
– Et son époux ?
– Il le considère comme son fils. C’est son père adoptif. En tout cas, j’ai déjà son numéro de téléphone et l’adresse de son domicile. On va commencer la surveillance dès demain pour le kidnapper».
Le 23 octobre 1977. Dès 9 h du matin, Moutachawiq et Zinani surveillent les lieux. Leurs yeux ne quittent pas la porte du domicile du commerçant Abdellah Lamrani. Vers 11h, la porte s’ouvre. Qui sort? Abdellah Lamrani est déjà à son commerce. La tante, Aïcha? Non. C’est l’enfant, Mohamed Cheddadi, qui vient de sortir. Les yeux de Moutachawiq brillent. Il échange les regards avec Zinani. L’enfant, Mohamed, emprunte le chemin. Vers quelle destination ? Au commerce d’Abdellah Lamrani, au Kissariat Al Haffarine À mi-chemin, Moutachawiq le croise, lui donne deux bonbons et sympathise avec lui. Parfois l’innocence d’un enfant le trompe. Trompera-t-elle Mohamed Cheddadi ? n

 (Demain : Moutachawiq tue Mohamed Cheddadi et le jette dans le puits de Sidi Messaoud).

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