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Un officier au service du Roi (1)

«J’ai passé quarante années de ma vie dans l’Armée royale, au service de mon pays et aux ordres de mon Roi. J’ai toujours gagné et mérité le salaire mensuel et la pension de retraite, avec le grade de colonel, que j’ai touchés toutes ces années. Je remercie Dieu pour cela ! Aujourd’hui, retraité et libre, je me permets de m’attribuer cette nouvelle gratification».
Tanger le 30 Juin 1956.
Ce matin là je me suis levé plus tôt que de coutume. À 06.30 heures, j’étais déjà lavé, rasé et habillé : j’avais mis mon costume beige en alpaga, avec une cravate en soie marron uni. Mes souliers en daim avaient une semelle de crêpe.
Je partais en voyage. Ma valise, faite la veille, gardait un costume de rechange, gris, une ou deux chemises, un «pull» en cachemire léger, des sous-vêtements signés, des chaussettes, des mouchoirs et des effets de toilette : le nécessaire pour une absence de quelques jours.
Ma voiture, une Simca Aronde 55, pratiquement «neuve». Un tableau de bord que l’on dirait presque en «acajou». Un tableau de bord de «Jaguar».
Je l’avais payée, cette voiture, avec mon traitement «d’instituteur du Cadre Général», alors que j’étais affecté à l’École Primaire «Franco-Musulmane» de Tétouan, dans le Nord du Maroc.
Bachelier «Math-Elem», Collège Moulay Youssef à Rabat (Bac. 1ère Partie), Lycée Saint-Aulaire à Tanger (Bac 2ème Partie), diplômé de l’École Normale de Aïn-Sebaâ à Casablanca, je touchais, en fonction du taux de change du jour, entre «onze mille et douze mille pesetas par mois». C’était beaucoup d’argent pour l’époque.
Je partais pour Rabat. Ce voyage, Tanger-Rabat, ou même Tétouan-Rabat, je l’avais fait bien souvent au cours de ma jeunesse, en qualité d’étudiant interne au collège Moulay Youssef, et plus tard, en qualité d’instituteur du Cadre Général à Tétouan, dans le Nord du Maroc.
Je me souviens très bien de «ces voyages» qui se déroulaient toujours de la «même manière» : «Votre Passeport !». J’avais un passeport de la Zone Internationale de Tanger. C’était mon «Laisser-Passer». Et je devais le sortir, le présenter, le montrer, l’exhiber devant chaque officier des Douanes ou de Police, que ce soit à la sortie ou à la rentrée de la Zone internationale de Tanger, à la sortie ou à la rentrée de la Zone espagnole, à la sortie ou à la rentrée de la Zone française.
Et pendant Tout ce temps là je n’avais pas quitté mon pays.
 Interne au collège Moulay Youssef, en classes de 3ème, 2ème et 1ère, mes trois glorieuses années d’étudiant, je suis revenu à Tanger, à chaque vacances scolaires, le plus souvent par train, en wagon de 3ème classe.
Cela supposait une endurance extrême et une patience, qui, à notre âge, nous faisait grandement défaut. Il faut spécifier que cela se passait dans les années 47, 48 et 49.
L’année 1947 était pour nous, jeunes Tangérois, élèves du collège Moulay Youssef, une année de joie, de bonheur. C’était aussi l’année d’une «immense espérance».
C’était l’année où SM le Sultan Sidi Mohammed Ben Youssef, feu le Roi Mohammed V, avait décidé de braver tous les obstacles présentés par les autorités du Protectorat français pour s’opposer à son voyage symbolique et unificateur du pays, et l’empêcher de se rendre, par train, de Rabat à Tanger, et de déclarer au monde entier, que le Maroc est «un» et «indivisible».
SAR le Prince Moulay El Hassan, vêtu de l’uniforme des «Scouts Hassanis», parla à la jeunesse tangéroise en «chef» capable de conduire ses «Troupes» vers la réussite et la gloire.
S.A.R. la Princesse Lalla Aicha, vêtue d’une merveilleuse «Robe Blanche», la tête recouverte d’un très léger «voile» en dentelle de soie blanche, encouragea la femme marocaine à la suivre sur le chemin de la culture et de la modernité. Nous sommes le 9 avril 1947, une date Mémorable pour tous les Marocains.
Plus tard, début des années 50, instituteur renommé, à bord de ma première voiture personnelle neuve, une Austin A–30, j’avais fait une ou deux fois, ce même trajet, pour aller rendre visite à mon oncle maternel à Rabat.
Si la durée du voyage avait été moins longue, les étapes de contrôle et de vérification d’identité n’avaient absolument pas changé. Le Maroc était toujours divisé en trois zones sous protectorat et contrôle étrangers.
Au cours d’un de mes voyages à Rabat, en Austin A-30, j’arrive, tard le soir, à l’entrée de la ville de Salé. Nous étions au mois d’août de l’année 1953. Un gendarme français, motorisé, m’arrête. «Vos papiers s’il vous plait !». Je les lui présente. «Votre code gauche ne marche pas. C’est un danger pour les véhicules qui viennent en face». Je descends de la voiture et constate qu’effectivement mon code gauche, l’ampoule du code gauche, avait dû griller en chemin sans que je m’en aperçoive.

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