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Vif débat sur le financement d’une statue géante

© D.R

Au sommet d’une colline de Dakar, une société nord-coréenne achève la construction d’une grande statue très controversée: «le monument de la Renaissance africaine» né dans l’esprit du président Abdoulaye Wade qui prévoit que 35% des recettes d’exploitation du site lui reviendront. L’ouvrage en bronze représente un couple en mouvement: de son bras droit, l’homme torse nu enveloppe la femme à la nudité légèrement dévoilée ; du gauche, il porte leur enfant vers le ciel. «Ils sortent de la douleur de l’esclavage et des abysses de l’obscurantisme, pour aller à la conquête du monde», déclare à l’AFP le directeur du patrimoine culturel, Hamady Bocoum. Le président Wade lui-même avait décrit avec lyrisme sa vision de l’œuvre, dans un document de présentation en anglais: «Cet Africain qui surgit du volcan, faisant face à l’Ouest, accompagné par sa femme et son enfant, porté haut comme pour être présenté à la face du monde, symbolise cette Afrique qui s’est libérée de plusieurs siècles d’emprisonnement dans les profondeurs abyssales de l’ignorance, l’intolérance et le racisme (…)». Haut de 50 mètres, «ce sera le monument en bronze le plus grand du monde. Un peu plus grand que la statue de la Liberté de New York. Nous y tenions quand même», souligne l’architecte sénégalais et conseiller du président, Pierre Goudiaby Atepa. L’ensemble est construit par la société nord-coréenne Mansudae Overseas Project Group of Companies, «maître d’oeuvre», tandis que la société Gemo basée à Paris assure sur son site internet avoir la «maîtrise d’ouvrage déléguée». Le résultat n’est certes pas du goût de tous les Dakarois. Certains critiquent un vague style soviétique. Mais c’est surtout son financement qui fait scandale, au sein de l’opposition politique et de la société civile. Le budget de la construction, estimé à plus de 15 millions d’euros, «devrait être revu à la hausse en raison du report du 3e Festival mondial des arts nègres (Fesman)», dit M. Atepa.
Pour financer le tout, l’Etat a expliqué avoir vendu des terrains au privé. «Cette procédure consistant à vendre des terrains à quelqu’un qui les revend pour financer la construction d’une statue ne nous paraît pas compatible avec les règles de bonne gouvernance», proteste un membre de l’ONG Forum civil, Mamadou Jean-Charles Tall.
L’opposition rejette surtout l’idée qu’un tiers des recettes puisse revenir au chef de l’Etat. Le 1er août, Abdoulaye Wade a assuré que le site générera «beaucoup d’argent» car «des centaines de milliers de touristes viendront le visiter». «Je suis l’auteur du monument. 35% des retombées financières m’appartiendront et 65% à l’Etat (…) Mes droits, je les destine à la case des tout-petits» (école maternelle gratuite), a annoncé le président, selon l’agence de presse sénégalaise. Il est ainsi prévu que Karim Wade, fils du président et ministre, dirige la fondation créée pour gérer les recettes du site, où doivent être aménagés un restaurant et divers salles de spectacle et de conférence.
Criant au «hold-up», le journal privé Le Quotidien écrit que «le président assume ouvertement être actionnaire d’un ouvrage réalisé à partir du pillage des biens immobiliers de la Nation». Quant au Parti socialiste (opposition), il dénonce «l’absence d’appels à la concurrence pour la cession des terrains», «l’absence de concours de création artistique» et «l’absence d’appel d’offres pour le marché des travaux». De l’avis de l’avocate Ndèye Fatou Touré, députée de l’opposition, une telle construction n’était surtout «pas une priorité en période de crise».

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