Carlos Ghosn a fait cette annonce lors de l’assemblée générale annuelle des actionnaires du groupe japonais, qui s’est tenue récemment à Yokohama (région de Tokyo). Au nom de nouvelles règles édictées par les autorités nippones, les entreprises cotées doivent publier la rémunération de leurs dirigeants gagnant plus de 100 millions de yens par an. Les sociétés peuvent se contenter de donner le montant global touché par l’ensemble de leurs dirigeants payés au-delà de cette somme ou préciser qui gagne combien. Intervenant en début de l’assemblée générale, M. Ghosn a précisé ses émoluments pour l’année budgétaire d’avril 2009 à mars 2010. Les douze principaux dirigeants du groupe ont au total gagné 1,692 milliard de yens, selon le rapport d’activité remis aux actionnaires.
«Nous sommes une entreprise différente des autres sociétés japonaises» avec «des responsables de 12 nationalités différentes aux 92 principaux postes», a déclaré peu après M. Ghosn à des journalistes l’interrogeant sur son salaire. «Nous devons nous comparer aux standards internationaux et nous assurer de ne pas être déconnectés du marché mondial» sur le plan de la rétribution des dirigeants, a-t-il ajouté. Un porte-parole de Nissan, Simon Sproule, a précisé que l’ensemble des traitements de M. Ghosn était «en-dessous de la rémunération moyenne des P-dg de Volkswagen, Ford, Daimler et Fiat». Parmi les dirigeants des sociétés cotées dont la rémunération est connue, le Français est le mieux payé du Japon, devant son homologue de Sony, l’Américain Howard Stringer, qui a perçu au total 816,5 millions de yens (7,4 millions d’euros) sur la même période, selon des chiffres publiés par le fabricant d’électronique. La paie de M. Ghosn n’inclut pas la rémunération de 1,24 million d’euros qu’il a touchée en 2009 en tant que P-dg du constructeur automobile Renault, premier actionnaire de Nissan avec 45,7% des titres. La publication des rémunérations des dirigeants, qui s’est poursuivie jusqu’à la fin juin à la faveur des assemblées générales d’actionnaires des principaux groupes nippons, a été particulièrement suivie dans l’archipel. Les dirigeants japonais gagnent en général nettement moins que leurs homologues européens et américains, particulièrement par temps économique difficile où les patrons nippons sont tenus de donner l’exemple. Nombre d’entre eux ont réduit, voire carrément renoncé à leurs salaires pendant la récession de 2008. M. Ghosn a souligné par ailleurs qu’il portait «beaucoup d’attention» aux récents conflits sociaux en Chine dans des entreprises étrangères. Ses concurrents japonais Honda et Toyota ont notamment vu leur production perturbée par des grèves d’ouvriers réclamant des augmentations de salaires. «Je ne pense pas que ces événements nous feront changer notre plan» d’extension en Chine, a toutefois estimé le P-dg, qui a affirmé que «les choses se passent en douceur» sur place pour Nissan. Le constructeur automobile a dégagé un bénéfice net de 42,4 milliards de yens (385 millions d’euros) en 2009-2010, après avoir mis en œuvre un vaste plan d’austérité comprenant 20.000 suppressions d’emplois et des réductions d’investissements pour rebondir après de lourdes pertes l’année précédente.