Longtemps considérée comme l’un des labels les plus luxueux de la galaxie automobile, la marque Jaguar a vu son image évoluer au cours de ces dernières années. En effet, depuis qu’il est passé sous la houlette du géant américain Ford, le constructeur britannique a plus ou moins changé de philosophie. Celle-ci est désormais dictée par des impératifs commerciaux et des objectifs de volume à atteindre. C’est la raison même de la naissance de la X-Type, en 2001, une berline qui a tout d’une Jaguar sauf un prix élitiste.
Une opération de «démocratisation» savamment opérée et réussie par le biais de la «Baby-Jag», puisque celle-ci a remarquablement dopé les ventes de la maison de Coventry. Tellement dopé, que les gens de Ford ont décidé de ratisser encore plus large.
Comment ? En greffant un Diesel sous son capot. Pour cela, il a tout simplement été procédé à une solution de facilité : puiser un quatre cylindres déjà existant dans la banque d’organes du groupe. Et ce n’est autre que le 2.0 litres TDCi (Diesel common rail) de la Ford Mondeo qui anime la X-Type depuis 2003. Intéressante par ses performances et économique par sa sobriété, cette mécanique a très vite été victime de son succès. La forte demande européenne explique donc que cette version ait pris du temps avant de figurer sur le catalogue de l’importateur marocain.
Mais celui-ci semble ne pas en faire l’usage le plus adéquat, puisque sa stratégie est critiquable à plus d’un titre. Il faut tout d’abord savoir que cette version fait l’impasse sur quelques équipements dont disposent les modèles concurrents. En effet, elle se contente d’enjoliveurs en plastique (au lieu de jantes en aluminium), d’une climatisation manuelle (plutôt qu’automatique et à deux zones) et de leviers pour les vitres arrière (seules les lève-vitres avant sont électriques). Tout cela n’est pas très Jaguar…
Mais là où le bât blesse encore plus, c’est lorsque la petite Jaguar devient accessible à Monsieur tout le monde.
En effet, il est aujourd’hui possible de repartir au volant d’une X-Type Diesel, immatriculée «WW», pour la modique somme de 350.000 Dhs ! Et l’importateur marocain d’enfoncer le clou en rendant cette proposition commerciale (presque indécente), assortie d’une garantie (kilométrage illimité) et d’une assistance de quatre ans! De telles conditions sont rares dans l’automobile.
Quant aux frais d’assurance et de vignette, ils restent identiques à ceux d’un autre modèle de même catégorie fiscale, c’est-à-dire 8 CV. «Sacrilège» pourraient crier autant les puristes et autres fans de la marque, que les premiers acheteurs de ce modèle.
Ces derniers auraient même raison de se sentir offusqués de posséder une voiture de luxe qui n’en est presque plus une. Où sont l’aura et le prestige d’antan? Sir William Lyons, père fondateur de la marque au félin, doit probablement se retourner dans sa tombe.