Automobile

Le Maroc est le «best-cost country» de l’industrie automobile

© D.R

ALM : L’implantation récente de bureaux Ford à Tanger et à Casablanca ne devrait-elle pas être perçue comme un prélude à la mise en place prochaine d’une usine de la marque américaine au Maroc?
 

Mamoun Bouhdoud : Certainement ! Ce partenariat avec Ford représente une première étape et pose les jalons d’une coopération encore plus fructive et prospère à l’avenir. Vous savez, pour un constructeur une prise de décision se construit sur le long terme. Si Ford est venu aujourd’hui s’installer de façon plus massive au Maroc, c’est grâce à un partenariat de très longue date qui le lie à Auto Hall. Ford a eu le temps de développer une relation de confiance avec le Maroc. Aujourd’hui, à travers l’installation d’un bureau d’achat, Ford envoie un signal très fort. Cela veut dire que le Maroc est définitivement dans le carnet d’ordre de Ford au niveau industriel. La présence d’un constructeur de cette renommée impactera de manière positive et significative l’économie marocaine. De même qu’elle persuadera d’autres marques à venir s’implanter.

A ce propos, qu’en est-il de l’installation d’autres constructeurs au Maroc ?

Si on ne peut rien annoncer jusqu’à présent à propos de l’installation de futurs constructeurs, sachez toutefois que des discussions sont là et que plusieurs marques sont vivement intéressées par le Maroc. Ce qui suscite cet engouement pour notre pays c’est bien la réussite du modèle Renault et le positionnement du secteur automobile d’une manière visionnaire. Vous savez, le Maroc dispose d’une main-d’œuvre hautement qualifiée et motivée et d’un écosystème de fournisseurs automobiles en perpétuelle évolution. De même qu’il possède d’excellentes infrastructures et un positionnement stratégique idéal. Tous ces atouts plaident pour des partenariats futurs win-win ambitieux avec les constructeurs.

Quid des rumeurs sur la mise en place d’une usine PSA Peugeot/Citroën ? Votre ministère est-il en discussion avec ce constructeur ?

Nous ne pouvons rien dire pour le moment. Il existe des discussions actuellement avec plusieurs constructeurs qui restent fortement intéressés par le Maroc. Dès que quelque chose de concret sera arrêté nous ne manquerons pas de vous en tenir informés !

Quelle lecture faites-vous du saut qualitatif enregistré ces dernières années par le secteur automobile ?

Je qualifie cela de révolutionnaire ! Vous vous rendez compte, grâce au déploiement d’une stratégie ciblée, le secteur de l’automobile a pu réaliser des performances remarquables. Avec des exportations qui ont atteint 19,5 milliards DH en 2014, soit une augmentation de +52,7% par rapport à 2013, le Maroc s’est hissé au 1er rang des pays exportateurs de produits automobiles dans la région Afrique du Nord et Moyen-Orient.

Comment jugez-vous toutes ces performances ?

Elles sont le signe du positionnement affirmé de notre pays en tant que base compétitive de production et d’exportation pour le secteur qui a pu attirer d’importants acteurs internationaux, encouragés par l’environnement particulièrement attractif des affaires au Maroc, et par les multiples avantages qui s’y offrent. Le choix de Renault de faire du Maroc la 2ème plate-forme industrielle de ses véhicules low-cost en témoigne.

Quelle est la stratégie adoptée par vos départements pour atteindre cet objectif ?

Le Plan d’accélération industrielle 2014-2020 constitue une nouvelle vision imprimant un rythme plus soutenu à l’évolution de l’industrie en tant que pourvoyeur d’emploi et levier de croissance. La stratégie repose fondamentalement sur les logiques d’écosystèmes comme base pour le développement de la filière automobile au Maroc dans le cadre d’une nouvelle dynamique et une nouvelle relation entre grands groupes et PME. Ces logiques d’écosystèmes arrivent, en outre, à point nommé pour le secteur de l’automobile dont les performances réalisées à ce jour méritent d’être consolidées en vue d’assurer un réel ancrage industriel.

Où en êtes-vous à ce jour ?

Pas moins de quatre écosystèmes ont déjà vu le jour respectivement dans les filières du câblage automobile, l’intérieur véhicule et sièges, le métal-emboutissage et les batteries automobiles. Ces premiers écosystèmes ont été formalisés par la signature entre l’Etat et la profession, le 29 octobre 2014, de 5 contrats de performance. De même, un travail de fond est en cours de réalisation pour le développement d’écosystèmes autour des constructeurs automobiles afin de permettre le développement d’équipementiers locaux disposant des capacités nécessaires pour fournir les usines des constructeurs lancées dans le global sourcing.

De quelle façon contribuez-vous à l’éclosion de ces écosystèmes ?

Pour réussir le déploiement des écosystèmes automobiles, cinq contrats de performance fixent les engagements à la fois de l’Etat et du secteur privé, avec des propositions de valeur spécifiques à chaque écosystème, dont notamment la mobilisation de 275 ha pour répondre aux besoins des industriels en foncier, l’octroi de prime à l’investissement et à l’intégration et l’accompagnement spécifique pour le développement de métiers structurants et pour l’amélioration de l’offre logistique. En contrepartie de ces aides, les opérateurs s’engagent à réaliser les objectifs fixés par le PAI pour l’automobile en termes, notamment, de création d’emplois, de valeur ajoutée et de capacités d’exportation.

Le Maroc peut-il être considéré comme destination best-cost ?

Aujourd’hui, le secteur automobile au Maroc a atteint une maturité reconnue au niveau régional et s’est, en effet, montré à la hauteur en termes de qualité et de coût. Grâce au niveau d’intégration de son industrie automobile, sa main-d’œuvre qualifiée, sa qualité de production, ses infrastructures autoroutières, ferroviaires, portuaires et industrielles, le Maroc est considéré aujourd’hui comme destination best-cost country (BCC).
Cette performance offre au Maroc une opportunité pour aller plus loin dans le développement de son secteur automobile pour en faire une réelle locomotive de développement de l’industrie national.

Parlez-nous un peu de vos ambitions…

Notre ambition est d’enraciner durablement l’activité automobile et la faire évoluer vers un modèle industriel intégré.
Je suis convaincu que nous y parviendrons avec la mise en œuvre du PAI, notamment à travers la création d’écosystèmes performants qui renforceront l’intégration du secteur et favoriseront une montée en valeur dans les filières en développant chez les PME leur aptitude à créer et à innover.

Le Maroc possède désormais les écosystèmes et les compétences nécessaires à la fabrication d’une voiture marocaine… Peut-on rêver un jour d’une voiture qui serait entièrement «moroccan-made» ?

Tout à fait ! On peut en rêver et c’est un projet réaliste. Je dirais même que le Maroc fabrique déjà sa propre voiture à travers Dacia, puisqu’il contribue à sa transformation à hauteur de 21%, ce qui est déjà beaucoup ! Et puis, aujourd’hui, il n’existe plus réellement de voiture fabriquée à 100% dans un seul pays.

Les voitures et les conditions de leur fabrication sont devenues tellement complexes qu’un pays à lui seul ne peut plus assumer des taux d’intégration de l’ordre de 100%. Il s’agit d’une époque révolue.
 

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