Le problème est assez grave, le ton très sérieux, mais le personnage est plutôt à l’aise et même serein. En sa qualité de délégué général de l’Union pour la promotion du secteur automobile au Maroc (UPSAM), Chakib Ben El Khadir a animé la semaine dernière une conférence de presse visant à présenter cette nouvelle association (lire encadré) et donner une idée sur sa mission. Officiellement et sur le courrier d’invitation à cette rencontre, on pouvait lire qu’il s’agissait d’une «réunion d’information sous le thème : L’importation des véhicules neufs d’origine BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) pour la liberté d’accès et de choix au citoyen marocain». En fait, plusieurs importateurs –si ce n’est la totalité– de voitures en provenance des pays dits BRIC rencontrent actuellement et depuis un bon moment un gros problème d’homologation. D’où, d’ailleurs, leur action de se regrouper sous leur propre bannière (l’UPSAM), tout en restant membres de l’Association des importateurs de véhicules au Maroc (AIVAM).
Quel est ce problème ?
«Les membres de l’UPSAM», dont quelques autres hauts responsables étaient également présent ce jours-là, «rencontrent aujourd’hui des blocages administratifs dénués de justifications claires qui freinent la commercialisation de leurs véhicules», lit-on dans un communiqué de presse émanant de ladite association. «En effet, à ce jour, plus d’une centaine de dossiers sont en attente d’homologation depuis plus de six mois au niveau du Centre national d’essais et d’homologations, sans aucune notification ni justification officielle de la part de l’Administration» ajoute le même document. En plus clair : voilà plus d’un semestre que ledit centre d’homologation –qui ressemble plus à une administration archaïque qu’à une vraie structure de contrôle et de validation (lire notre coup de gueule ci-contre)– ne donne aucune suite aux dossiers d’homologation pour tous les nouveaux modèles importés par les membres de l’UPSAM. Un silence qui sonne comme un refus, ou tout au moins, donne lieu à un flou kafkaïen. «On ne nous dit, ni oui, ni non, pas plus qu’on nous ne donne une réponse ou justification», a martelé M. Ben El Khadir lors de son brillant exposé. En effet, l’administrateur-directeur général du groupe Stokvis Nord-Afrique et de sa filiale automobile, Pacific Motors, a présenté chiffres à l’appui, le poids et les potentialités des importateurs d’automobiles d’origine BRIC. Ces derniers ont, durant l’année 2008, contribué à hauteur de 360 millions DH aux recettes fiscales de l’Etat, tandis que leurs investissements se sont chiffrés à quelque 420 millions DH sur les trois dernières années avec, à la clé, plus de 1.100 emplois créés. Cela, sans omettre que «l’arrivée de ces voitures (NDLR: d’origine BRIC) a permis à toute une catégorie de gens d’accéder à l’automobile et partant, à un certain niveau de vie», comme l’a si bien souligné M. Ben El Khadir. Dommage que les choses aient ainsi évolué durant ces derniers mois. Mais pour ce dernier, alarmiste ne signifie pas forcément défaitiste. Car, face à ce blocage administratif, l’UPSAM va «user de tous les moyens pour arriver à une solution ou tout au moins réunir les responsables administratifs concernés autour de la table du dialogue afin de clarifier cette situation». En attendant, l’UPSAM n’a pas trouvé d’autre recours que de sensibiliser l’opinion publique. Et le plus tôt possible serait le mieux, puisqu’il y va de plusieurs intérêts. Car, outre les emplois et richesses générés, certains de ces importateurs, comme Riad Motors par exemple, ont investi lourdement dans l’assemblage local et déjà exporté plusieurs centaines de véhicules montés au Maroc. Un élan industriel aujourd’hui freiné par ce problème d’homologation. Enfin et c’est le plus ironique dans cette histoire, plusieurs administrations marocaines ont déjà adoptés, non sans confiance et satisfaction, des véhicules d’origine BRIC dans leur parc roulant ! Avez-vous dit antinomique ?
L’UPSAM : Au nom de l’accès à l’auto bon marché
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