Automobile

Patrice Ratti : P-dg sortant, mais par la grande porte

© D.R

Au premier abord, le plus frappant chez Patrice Ratti, c’est le contraste qu’il y a entre l’apparence qu’il donne et sa vraie personnalité et son tempérament. Un brin réservé, mais pas si timide qu’on le croirait, une fois qu’on l’a côtoyé, il semble finalement à l’aise dans son habit de P-dg de filiale.
Mais après deux années passées à la tête de Renault Maroc, M. Ratti voit devant lui une nouvelle opportunité pour sa carrière : la direction du département sportif de Renault. Une aubaine pour cet authentique passionné, né à Monaco, il y a 54 ans. «À la base, je suis un passionné de voitures (…), j’ai fait des études d’ingénieur pour travailler dans l’automobile et même dans les voitures de course», dit-il. Ce sera chose faite dès 1981 (et jusqu’en 86), lorsqu’il intègre l’écurie Renault de Formule 1 en tant qu’ingénieur châssis. S’en suivront d’autres missions et responsabilités en France et à l’étranger (Mexique, Chili, Portugal…). Au total, Patrice compte 30 années de services chez Renault. Il a donc collaboré avec cinq de ses présidents : Bernard Hanon, Georges Besse, Raymond Lévy, Louis Schweitzer, puis Carlos Ghosn ! Au Maroc et au quotidien, Patrice «n’avait pas de journée standard», même si le plus souvent, «une réunion mensuelle est calée, le lundi ou le mardi, de 9 à 17 heures». Au menu de ces longues réunions: l’analyse des résultats et le plan d’action commerciale du mois suivant. Cela ne l’empêche pas de consacrer assez de temps à sa petite famille (il n’a qu’une fille, âgée de 23 ans) et aussi de découvrir le pays qui l’a accueilli. «Ce que je pense du Maroc? C’est un pays extrêmement accueillant, attachant et que j’ai finalement adoré», répond-il à notre question, avant d’expliquer: «C’est un pays que je connaissais très mal, mais dont j’ai découvert toute la richesse du patrimoine et de la culture». Normal, puisque du Royaume, Patrice Ratti n’avait –auparavant– qu’un vieux, vague, mais bon souvenir : celui d’une semaine de vacances passée, il y a quelques années, à Marrakech et dans le Sud. Loin de ce contexte touristique et de l’image qui va avec, le patron sortant de Renault Maroc a pu se faire une idée bien plus réelle du Maroc et de son secteur automobile. «Ce qui me frappe le plus au Maroc, c’est la chaleur des gens. Les relations humaines sont fondamentales et omniprésentes dans la vie de tous les jours», poursuit-il. «Ces relations ne sont pas toujours faciles à gérer dans le cadre professionnel, mais cet aspect-là m’a beaucoup plu». À ce niveau, Patrice a su tirer profit du bon côté des choses, arguant : «C’est en même temps une force, car lorsqu’on arrive à établir de bons rapports et avoir la confiance des gens, on peut réussir beaucoup  de choses avec les différents collaborateurs». S’agissant du marché automobile national, son appréciation est encore plus positive. «Je suis convaincu qu’à terme, le marché marocain va croître et fortement. Ne serait-ce que parce qu’il y a tous les fondamentaux : une croissance assez élevée, une industrialisation appelée à s’accélérer et un taux de motorisation encore très faible par rapport au niveau de vie», explique-t-il. À côté de cela, Patrice est également confiant sur l’impact qu’aura la future usine de Renault à Tanger. Question bilan, il ne serait pas exagéré de dire qu’en deux ans seulement, le P-dg sortant de Renault Maroc a bien fait évoluer sa boîte. «Depuis que je suis arrivé ici, mon principal mot d’ordre était de pérenniser le leadership», a-t-il avoué. Une mission largement accomplie et avec brio même, lorsqu’on sait que non seulement les ventes de la filiale ont continué à croître, mais que ses deux marques, Renault et Dacia, ont accru leur pénétration du marché, détenant des parts cumulées de 33,9 % contre environ 28% il y a deux ans. Modeste, M. Ratti y voit la contribution des nouveaux produits. «Je pense aussi que nous avons bien exploité la force et la complémentarité des deux gammes», dit-il à ce sujet. Évoquant l’une des principales carences du secteur, toutes marques confondues, il estime que «l’après-vente va de plus en plus se professionnaliser dans les années qui viennent». Chose qu’il a déjà entamée ou plutôt parachevée sur une bonne partie du réseau national de Renault. D’ailleurs, à la question de savoir de quoi est-il fier au terme de son dernier mandat, Patrice Ratti ne tarde pas à répondre : «je suis fier et pas seulement à titre personnel, mais pour l’ensemble de Renault Maroc, d’avoir réussi l’amélioration de la qualité des services». Aujourd’hui, et ce n’est pas lui qui le dit, autour de 95% (!) des clients de Renault sont satisfaits de leurs prestations en après-vente, ce qui n’était pas le cas il y a deux ou trois ans. «Être leader, ce n’est pas trop dur. Le rester très longtemps, c’est moins facile. Et l’une des bases pour y parvenir, c’est justement la qualité, sa culture et ses méthodes», dit-il. Il y a aussi «le bon management» opéré au niveau du réseau commercial. D’une part, «une bonne relation entre la stratégie de la marque et le réseau auquel s’améliore, redore son image et investit dans la formation», dit M. Ratti. Puis d’autre part, une couverture (du réseau) qui n’a cessé de s’étoffer, passant de 47 à 62 sites, toujours sous la houlette de Patrice Ratti, avec comme compagnon et cheville ouvrière Régis Picot, l’actuel directeur Ventes et Réseau de Renault Maroc. À son successeur, Jean-Frédéric Piotin, il souhaite beaucoup de courage et lui laisse quelques chantiers déjà ouverts tels que «le développement des ventes flottes» et «l’amélioration des parts de marché de Renault dans le segment des véhicules utilitaires». Quant à sa future mission, elle aura également trait à la gestion. Mais cette fois, il ne s’agira pas d’une filiale à l’étranger. En effet, Patrice Ratti va prendre en charge la direction générale de Renault Sport Technologies. Une division qui propose des véhicules de compétition, mais aussi des modèles sportifs de série, comme les versions RS des Twingo, Clio et Mégane. Une chose est sûre, là où il sera d’ici quelques semaines, Patrice Ratti ne retrouvera pas la chaleur humaine des collaborateurs auxquels il rendait visite dans les différentes concessions. Et cela, ça va lui «manquer», nous a-t-il avoué.

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