Automobile

Ryad Mezzour : Un patron volontariste

© D.R

Depuis quelques semaines, Suzuki Maroc est dirigée par un nouveau patron, Ryad Mezzour.
Pour être à la tête d’une entreprise comme Suzuki Maroc, ce diplômé de l’École polytechnique de Zurich aura d’abord convaincu les gens qui l’ont déniché, démarché puis débauché par son brillant parcours.
Car à 38 ans seulement, M. Mezzour a déjà une expérience qui force le respect. D’abord lauréat d’un bachelor en génie mécanique, il fera ses armes en Suisse chez ABB, l’un des leaders mondiaux dans les technologies de l’énergie et de l’automation. Toujours en Confédération Helvétique, l’ingénieur marocain intégrera Deloitte & Touche, mais après avoir décroché un master scientifique. diplômes en mains, il rentrera au Royaume en 2003 pour diriger Budget-Locasom, l’une des grandes enseignes de la location automobile. Trois années plus tard, il revient à ses «amours industriels» en étant directeur commercial des fonderies de plomb de Zellidja.
Du coup et de l’avis de certains, sa nomination à la tête de Suzuki Maroc n’apportera qu’un nouveau souffle à cet importateur, plus spécialisé dans la citadine et les motos que dans autre chose.
Notre premier contact avec lui, montre un homme élégant, souriant et surtout jeune, de corps et d’esprit. Une bonhomie derrière laquelle se cache pourtant un patron sûr de lui, mais sans excès, ni excès de zèle d’ailleurs.
Signe de son anticonformisme: il n’est pas dans son bureau lorsqu’on arrive (avec une bonne dizaine de minutes de retard) pour le rencontrer. En fait, M. Mezzour tourne dans les services, rencontre les équipes, s’enquiert des affaires en cours, comme de l’état du stock ou du service après-vente. Bref, il prend le pouls quotidien de l’entreprise dont il a la gestion générale.
Pour autant, M. Mezzour ne cherche pas autant à casser les codes. Conscient de l’importance du marketing dans le métier d’importateur automobile, M. Mezzour s’est trouvé mieux qu’un mentor : une conseillère de choix en la personne de Khadija Ouahimi, la responsable marketing de la boîte.
Mais au-delà des grands principes, Ryad cherche à apposer sa propre empreinte en management comme en stratégie. «Je crois moins au martelage médiatique qu’au marketing direct» dit-il. «Pour moi, la publicité doit être plus le moyen d’exprimer un message, qu’un visuel destiné à être noyé dans la presse ou l’affichage», affirme fermement M. Mezzour. Mais c’était sans compter l’humilité qui le caractérise puisqu’il lâche juste après: «telle est ma conviction personnelle. Maintenant, je m’intègre dans une équipe qui a, elle, une expérience plus large dans le métier de l’automobile. Et cela, je le prends en compte».
Certes, sa première expérience avec le marché automobile national s’est faite via une entité de location longue durée qu’il avait intégré en 2003. Or, le marché s’est depuis métamorphosé, comme en est bien conscient M. Mezzour. «Le marché marocain est mature, mais vieillissant» dit-il, et «le taux de motorisation ne dépasse pas les 70 véhicules par 1.000 habitants, il y a donc un potentiel énorme de développement» assure-t-il.
Et lorsque nous l’interpellons sur la question très épineuse qu’est la menace du marché parallèle et des importations grandissantes des voitures d’occasion (VO), M. Mezzour ne garde pas sa langue dans sa poche. «Si le marché des VO est vivant et plus actif que le neuf, cela indique tout simplement que l’on ne répond pas bien ou pas assez à la demande de la clientèle», répond-il. Puis de poursuivre, «nous avons une lecture claire du marché. À nous de la saisir, répondre aux exigences du client marocain et de lui offrir ce qu’il veut».
Une perspicacité et un franc-parler que l’on retrouve aussi lorsqu’on aborde les carences (y en a-t-il ?) de Suzuki Maroc. «Nous ne couvrons pas la totalité des segments, mais nous restons présent au cœur du marché et surtout, disposons de la voiture la moins chère, à savoir l’Alto qui démarre à 70.000 DH», commence-t-il avant d’expliquer : «Suzuki Maroc n’a pas de déficit d’image, mais juste un a priori auprès de la clientèle marocaine qui fait qu’il n’y a pas de conversion de cette image, lors du passage à l’acte d’achat».
Quant à ses ambitions, elles sont à la fois limpides et ambitieuses : «voir Suzuki Maroc prendre une part respectable du marché marocain, d’ici les trois prochaines années». Plus précisément et à moyen terme, il vise une part de 5% du marché global de l’automobile importée et même 10% sur l’ensemble des segments où Suzuki Maroc est présent. «Suzuki fait partie des dix premières marques mondiales, il n’y a pas de raison pour que ce soit différent au Maroc», affiche-t-il en souriant.
Pour y arriver, M. Mezzour met le client marocain comme point d’orgue dans sa stratégie. «Une fois que l’on a compris les besoins du client marocain, nous devons y répondre. Cela passe par des produits adéquats et abordables, mais aussi par la fidélisation de la clientèle». «Je sers mon acheteur d’aujourd’hui, qui sera mon client de demain», dit-il dans ce sens.
Puis d’interjeter : «pour moi, un client ça se respecte d’abord !». Et des arguments pour conforter ses propos, Ryad n’en tarit pas. «Au client de l’Alto, nous sommes heureux de dire que le remplacement de son pare-choc ne lui coûtera que 800 DH et non pas 2.000 DH», martèle-t-il. «Permettre à un client d’entretenir sa Suzuki à frais réduits» est un enjeu majeur pour lui. C’est ce qui explique que l’une des première décisions qu’il a prises lorsqu’il a débarqué chez Suzuki Maroc a été de réduire le prix des pièces de rechange de 40% !
En fait, M. Mezzour assimile l’approche client aux qualités inhérentes que doit avoir un manager du secteur. «Pour le client, l’expérience Suzuki ne doit pas être un piège, mais plutôt une expérience positive (…) cela passe avant la rentabilité et toute autre considération financière ou commerciale. Et ce n’est qu’à partir de cette bonne expérience que l’on peut capitaliser pour tout faire. C’est là une démarche gagnante/gagnante».
Et lorsqu’on lui dit que ses propos révèlent un caractère «jusqu’au-boutiste», il préfère se décrire de «volontariste». Mais avant toute chose, ce patron reste un homme au naturel, à la fibre familiale et humaine. «Pourquoi je suis rentré définitivement de Suisse ? Parce que j’aime mon pays, mais aussi pour voir vieillir mes parents et fonder une famille», répond-il en toute simplicité.

Bio-express :
1971 : Naissance à Rabat.
1989 : Baccalauréat C au Lycée Lyautey (Casablanca)
1996 : Bachelor en Génie mécanique à l’École polytechnique fédérale de Zurich
1996-1998 : Ingénieur Recherches et développement à ABB (Suisse).
1998-2000 : Master en Sciences (Centrales électriques et Gestion d’entreprises) à l’École polytechnique fédérale de Zurich.
2000-2003 : Consultant en stratégie chez Deloitte & Touche (Suisse).
2003-2005 : Directeur général de Budget Maroc.
2006-2009 : Directeur commercial à la Société des fonderies de plomb de Zellidja (groupe Somed).
Août 2009 : Directeur général de Suzuki Maroc.

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