Chroniques

100% Jamal Berraoui : 2007, les stratégies se mettent en place

© D.R

Le champ politique n’est pas aussi amorphe qu’il le paraît. Si l’heure des grandes mobilisations n’a pas sonné, la Koutla et le PJD ont mis les moteurs en marche. Les islamistes « poussent davantage de la normalisation» ; depuis le 16 Mai, ils ont réussi leur manœuvre. Aujourd’hui, ils se veulent rassurants et engrangent les allégeances. Or, celles-ci ne manquent pas et le plus étonnant sur le thème, «ils sont honnêtes et compétents», honnêtes, on demande à voir, compétents, sûrement pas. Où sont leurs programmes, leurs idées géniales pour enrayer le chômage? Eux font semblant d’y croire et jouent les modestes. Leur attitude aujourd’hui, souvent conciliante sur le détail, vise à éviter tout réflexe de crainte qui se transformerait en mobilisation forte contre eux. C’est pour cela qu’ils ont minimisé le pseudo-sondage. Istiqlal, USFP et PPS ont à l’inverse adopté des stratégies risquées. Leur presse entame le jeu critique. L’attitude qui consiste à s’approprier le positif dans le travail gouvernemental et à critiquer le reste risque d’incommoder le lectorat. Surtout pour l’USFP et l’Istiqlal qui gèrent des départements importants. Les journaux de l’USFP et du PPS sont plus offensifs qu’il y a quelque temps contre le PJD. Intuitivement, ils savent qu’il faut créer le clivage pour espérer l’emporter. Mais là aussi, la manière est troublante. Ainsi, l’éditorialiste de l’«Ittihad Al Ichtiraqui» a été véhément  mardi dernier, mais sur des positions passéistes. Il reprochait aux islamistes leur absence durant les années de plomb, voir la complicité de certains d’entre leurs chefs avec les bourreaux. Vrai, sauf que ce n’est pas ce discours qui peut créer la mobilisation.
L’équation pour les partis de gauche est limpide, il faut amener les gens qui portent, vivement, les valeurs de modernité à voter. Il n’y a pas un seul sympathisant islamiste qui reste à la maison le jour du scrutin; par contre, l’essentiel des abstentionnistes est composé de gens critiques des partis de gauche, sur leur gauche. Le discours, des camarades des martyrs, ne prend plus, parce que nous sommes aussi les camarades des ministres depuis 8 ans. La planche de salut, ce n’est pas un bilan, c’est un vrai projet et il est grand temps de le décliner en programme gouvernemental, mais aussi en positions fortes et claires sur les problèmes de société. L’autre contradiction qu’il faut régler concerne les rapports entre la société civile et les partis de gauche. Le Maroc est la seule démocratie en construction où le travail associatif se veut anti-partis ou pire alternative aux partis. Le PJD, lui, contrôle des centaines d’associations. L’origine de ce conflit à gauche est à trouver dans nos attitudes sectaires, héritées de notre passé , en particulier le non-respect des cadres et la tentation permanente de les instrumentaliser. Aujourd’hui, il faut exiger des militants qu’ils s’investissent avec humilité et respect des limites de chaque cadre. Non, le PJD n’a pas gagné, sa victoire n’est pas une fatalité. Une stratégie frontale, une mobilisation sur la ligne «No pasaran», leur barrera la route, parce que la société n’est pas totalement gangrenée. Dans les universités, des étudiants de tous bords luttent physiquement contre le fascisme. Ceux qui croient que le PJD est soluble dans la démocratie devraient faire un petit tour dans les campus. «Attajid Attoulabi», le courant estudiantin du très modéré Othmani, y  fait régner la terreur. Les islamistes interdisent toute manifestation culturelle, politique ou juste syndicale qui n’est pas sous leur contrôle. De jeunes filles sont agressées parce qu’elles ont une cigarette à la main ou qu’elles sont trop belles au goût de ces frustrés. Là où ils sont majoritaires, les islamistes imposent leur loi, cela s’appelle le fascisme et c’est ce qu’il faut éviter à la patrie. C’est de cela qu’il s’agira en 2007 et cela se prépare dès aujourd’hui.

Articles similaires

Chroniques

L’extrême droite caracole en tête des sondages en France

L’extrême droite, incarnée par Jordan Bardella, semble avoir le vent en poupe....

Chroniques

Mieux communiquer, mieux vivre…C’est inspirant, d’être inspirant !

Pour réussir à inspirer les autres et pour réussir à être inspiré...

Chroniques

Le renseignement face à l’essor des criminels en col blanc

Dans ses formes les plus raffinées, la criminalité en col blanc se...

Chroniques

Le terrorisme international appartient-il au passé ?

La menace de la terreur n’a pas disparu de notre monde

EDITO

Couverture

Nos supplément spéciaux