Chroniques

100% Jamal Berraoui : Arrêtez le massacre

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Chaque fois que la deuxième Chambre procède au renouvellement du tiers de ses membres, la démocratie marocaine est souillée. Cette fois, cela se passe à quelques mois des législatives que tous s’entendent à déclarer cruciales. Si l’on voulait dégoûter les électeurs à l’avance, on ne s’y prendrait pas autrement. Dans tous les collèges l’achat de voix est la règle. Le ministère de l’Intérieur a demandé de la fermeté, c’est à croire que les représentants sont sourds et malvoyants. Les partis politiques, eux, savent de quoi il en retourne, au point que les plus démocratiques d’entre-eux ont procédé à des recrutements peu respectueux des valeurs qu’ils sont censés porter. Aux militants qui protestent, les directions répondent «lui peut s’opposer aux candidats de l’argent», entendez par là, il est riche, ce qui est effectivement un atout dans ce souk aux voix. Parfois, les partis s’entendent pour se coaliser contre un féodal véreux, coalition  qui explose souvent avant le dépôt des candidatures, le supposé  vereux réussissant à ranimer des ambitions abandonnées auparavant. La deuxième Chambre a été conçue en 1996 comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête de Maître Youssoufi, au cas où le gouvernement d’alternance dépasserait les lignes rouges. Aujourd’hui, elle n’a plus aucune utilité politique, bien au contraire. L’argument de la lourdeur du travail législatif n’est pas le plus pertinent. Le bicaméralisme fonctionne bien sous d’autres cieux. Si la deuxième Chambre doit disparaître, c’est parce qu’elle concentre toutes les tares de la démocratie marocaine, elle constitue aujourd’hui un frein à toute évolution. La corruption des élus locaux est liée aux joutes de la deuxième Chambre, les alliances contre-nature trouvent leur origine dans  les contrats entre parrains locaux. Les Chambres de commerce n’ont pu se doter d’une véritable élite, parce que les professionnels de la politique éjectent les professionnels tout court et ce toujours dans la perspective des «indirectes». Nous sommes devant une plaie purulente et il faut que cela cesse. Malheureusement, l’ensemble de l’élite politique a démontré son incapacité à combattre le phénomène qui est flagrant que lors des législatives au scrutin universel. Normal, le corps électoral étant plus réduit, le contrôle de la mise est plus objectif. Dans la région Tanger-Tétouan, un candidat «Koutliste», paraît-il, promet tout simplement de doubler toute offre émanant de ses concurrents, il est à la tête d’une fortune aux origines douteuses. C’est le cas de la plupart de ces banquiers des élections et c’est ce qui expliquerait peut-être leur générosité excessive. Car, enfin, pourquoi est-ce qu’un politique balancerait des millions DH pour un mandat qui risque de ne durer que 3 ans ?
La respectabilité n’est pas un motif suffisant, parce que l’image des élus n’est pas reluisante. La mobilité peut être un moteur plus puissant, parce qu’elle présuppose comme relations avec les autorités. Que celles-ci arrêtent les privilèges et l’intérêt des rapaces baissera. Les petits électeurs que nous sommes, ne peuvent que constater les dégâts. Il n’y a pas de démocratie sans démocrates et encore moins sans élections. Mais sincèrement, à part la peur du PJD, quel ressort trouverons-nous pour aller voter en juin 2007 ?
Les partis démocratiques  n’ont plus que très peu de temps pour raviver la flamme. Cela commence par une lutte  acharnée contre les fossoyeurs de la démocratie, ce n’est pas la voie qu’ils suivent.

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