Chroniques

100 % Jamal Berraoui : Campagne stéréotypée

© D.R

Comme tous ceux qui ont une connaissance du terrain éprouvée, j’ai été très étonné des résultats du sondage de LMS. Celui-ci nous annonce un taux de participation idyllique frôlant les 70%. Pour mémoire, le ministère de l’Intérieur avait annoncé en 2002 un peu moins de 55%, ce qui avait paru suspect par rapport aux résultats des grandes agglomérations. Qu’est-ce qui a changé entre-temps ? Rien.
La mobilisation des électeurs ne se fait pas par prêches médiatiques autour de la notion de civisme. Elle a des ressorts multiples mais sûrement pas celui-là. La défiance vis-à-vis des instances élues a même été aggravée au cours de la dernière législature. Les vrais sondeurs, ceux du ministère de l’Intérieur, ont diagnostiqué une série de handicaps.
– Le vote politique engagé est en baisse parce que les enjeux ne sont pas clairs, que l’émiettement et le délitement à gauche sont des réalités incontournables et qu’à part le vote islamiste, les contestataires ne pensent pas que les élections aboutiraient au changement qu’ils souhaitent.
– Le vote tribal, personnalisé, est handicapé par le système de liste qui aboutit à l’élimination de certains notables. D’où la satisfaction des responsables de l’administration territoriale face à la multiplication des candidatures considérée comme un gage d’implication et donc de participation.
– Dans les campagnes, la participation est victime des mesures prises pour assainir les élections. Les autorités ne peuvent plus déplacer les électeurs et ne permettent pas aux candidats de le faire. Or, il est matériellement impossible de rapprocher les bureaux de vote de tous les électeurs dans des circonscriptions à la taille d’un pays et à l’habitat très disséminé.
Reste la politique. Pour mobiliser les électeurs, il faut les convaincre qu’il y a un véritable enjeu engageant leur vie quotidienne. La vérité, c’est que pour le citoyen lambda, ils disent tous la même chose, y compris les islamistes. Il serait utile que des doctorants planchent sur les discours et programmes de l’actuelle campagne où toute ligne de fracture est indécelable. C’est à ce niveau que se situe le handicap le plus sérieux à la mobilisation. Ajoutez à ce brouillard programmatique l’hypothèse des alliances les plus extravagantes et vous comprendrez que le citoyen non encarté n’a pas beaucoup de raisons de se déplacer.
Il pourrait le faire pour le charisme des candidats. C’est raté, en qualité on peut même dire que nous régressons la mauvaise monnaie chassant la bonne au nom du pragmatisme.
La campagne, son style, les moyens utilisés ne sont pas assez « sexy » pour créer un mouvement en faveur de la participation. Alors où est-ce qu’ils ont trouvé les 70 % ? Là où j’habite, une résidence de plus de 140 appartements, au bout d’une semaine de campagne, seul le PJD a distribué son tract. A ce rythme là je prends tous les paris, les sondeurs vont faire choux blanc.

Articles similaires

Chroniques

Quand l’extrême droite lorgne sur les Arabes

Le fait que des profils comme celui de Malika Sorel tombent sous...

Chroniques

Israël se rit du monde !!

Un paradoxe éclatant : tout l’Occident apporte son soutien à un État...

Chroniques

Se comparera bien qui se comparera le dernier… !

Toutes les comparaisons ne sont pas dangereuses pour nous et il en...

Chroniques

Un «sacré» ftour pluriel… mon récit

Aujourd’hui le Ftour Pluriel est devenu un rendez-vous phare du vivre-ensemble en...

EDITO

Couverture

Nos supplément spéciaux