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100% Jamal Berraoui : Des logiques qui s’affrontent

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Les citoyens qui s’intéressent à la chose publique montrent des signes d’impatience, sinon d’irritation. Abbas El Fassi, Premier ministre désigné n’en a pas fini avec ses tractations, à l’heure où j’écris ces lignes. En fait, la tache est compliquée pour une raison simple : les tares de la classe politique. L’USFP revendique un «traitement conforme à son poids politique». Rien de plus normal si cela signifiait son poids électoral. Justement, le poids politique ici est opposé au résultat électoral, l’USFP veut plus qu’une part proportionnelle à son poids  dans l’hémicycle, au nom d’une «importance politique» non chiffrable. Cette logique a prévalu en 1997 pour… l’Istiqlal. Le néophyte d’alors, Abbas El Fassi, cinquième à la sortie des urnes, avait eu droit à un traitement royal, presqu’autant de postes que l’Ittihad. Cependant lui, il contestait la régularité des élections, ce qui constitue une différence de taille.
Le RNI et le MP ne l’entendent pas de cette oreille, ils réclament l’application de la démarche démocratique jusqu’au bout et donc plus de sièges que l’USFP. Cette impasse est aggravée par deux conditions posées par le leader de l’Istiqlal. Il veut sensiblement diminuer le nombre de portefeuilles, ce qui rend la bataille entre ministrables encore plus féroce. Pour arranger ses affaires internes, éliminer Khalifa et Aouad, il refuse le maroquin convoité à ceux qui ont été battus aux législatives. Cela brouille les cartes pour ses alliés ; RNI, USFP et PPS ont vu nombre de leurs cadres défaits et cette barrière met le feu aux poudres. On peut continuer la liste, ce qui en apparence paraît normal, simple application de la logique démocratique, complique en fait la tâche des partis, parce que tous leurs cadres ou presque se considèrent ministrables et que les équilibres internes sont très précaires. A l’USFP, on est au bord de la rupture (Lachgar VS Elyazghi) malgré l’unanimisme affiché. Le calendrier imposera en définitive un accord à l’arrarché, avec son lot de mécontents qui se transformeront en opposants à leur direction.
Les Marocains qui attendent un nouveau gouvernement qui réponde à la gifle du taux de participation sont déjà déçus. L’accouchement est glauque, le nouveau-né est déjà relégué au second plan. Cette impression générale, condamnant sans appel la classe politique, bien que justifiée théoriquement, est inéquitable. Les structures partisanes, dans une coalition de cette nature, sont fondées à défendre leurs intérêts.
Plus généralement cela fait dix ans que les politiques sont traînés dans la boue. Trop vieux, décalés, rapaces, opportunistes, sans grande consistance et bien d’autres épithètes leur sont collés. Tout cela est bien vrai, la classe politique est ainsi. Mais est-il réaliste de vouloir la classe politique que nous voulons, quand l’élite en général est ce qu’elle est ? Est-il réaliste de rêver d’une classe politique à point, quand les médecins ne respectent pas leur serment, quand l’enseignant méprise son métier, le journaliste trahit le sien, le mécanicien ne remplace pas les pièces qu’il facture, le gendarme monnaie la loi, personne ne respecte le code de la route et que parce que c’est Ramadan, le Marocain ne travaille pas ? Il est clair  que le sous-développement est un état général, il n’y a aucune raison pour que les dirigeants politiques soient meilleurs que ceux du sport ou du tissu associatif. Ils sont à l’image du reste, avec tous les qualificatifs cités ci-dessus.

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