Chroniques

100% Jamal Berraoui : Divisions

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Un plaisantin a trouvé une formule sur les récentes créations de partis de gauche : «c’est une bonne chose, ils intègreront tous l’internationale socialiste et le Maroc y sera majoritaire». Pris sous cet angle, on peut, peut-être, applaudir, mais pour l’efficacité, pour la recomposition du champ politique on repassera. Le phénomène «petite boutique» s’accentue. Le Congrès national ittihadi (CNI) n’a eu qu’un seul élu en 2002, il présentera deux listes, celle de Bouzoubaâ et de Amaoui. Ben Atik, bien qu’il s’en défende, chasse sur les terres de l’USFP et recrute parmi ses mécontents. Al Ahd, qui vient du mouvement populaire, s’est déclaré socialiste parce qu’il a reçu quelques députés du PSD. Au PPS, l’arrivée de Guejmoula au bureau politique quelques heures après son adhésion n’est pas du goût de tous les militants. Les désaccords au sein de l’extrême-gauche sont de plus en plus aigus, alors même que la décision de participer aux élections de 2007 est inéluctable. Nous sommes face à un processus où des forces centrifuges s’affrontent en l’absence d’une vision politique réelle qui puisse rassembler, mobiliser, pour faire barrage à l’intégrisme. Comme toujours, c’est le bateau amiral l’USFP qui focalise l’intérêt des observateurs. Le 7ème congrès avait été celui de la normalisation. La direction avait été légitimée par un congrès qu’elle voulait «organisationnel». Tous s’accordaient  sur une période de répit qui permettrait de fonctionner dans un environnement bénéficiant d’un minimum de sérénité. C’était sans compter avec les forces centrifuges et les vieux démons de l’USFP. La réorganisation sur une base régionale décidée lors du congrès a tourné au pugilat généralisé. A Rabat, région réputée bien tenue par l’appareil, le congrès s’est terminé sur un vote où seuls 47 militants ont participé et le nouveau bureau est déjà chahuté. A Casablanca, Abda-Doukkala, c’est le blocage absolu. Ailleurs, «les opérations» ont abouti à la marginalisation d’une partie des maigres troupes qui restent. Le congrès de la Jeunesse se prépare dans une ambiance de guerre civile et les manœuvres des apparatchiks sont très mal vécues par la base. Les nouveaux bureaux, fabriqués en catimini le plus souvent, ne sont pas acceptés. Le désir de certains de domestiquer le parti passe très mal parce que justement ce parti n’est pas tout à fait mort.  Hassan Tariq, secrétaire général de la Jeunesse Tihadia, a fait une sortie, il annonce ni plus ni moins la création d’un courant organisé au sein de l’USFP. Hassan est combattu ouvertement bien avant le 7ème congrès. Il a toujours réagi en militant fidèle et discipliné. Le courant qu’il annonce n’est pas une réaction d’apparatchik et il l’explique clairement. Sur quelles forces ce courant pourra-t-il compter ? Cela dépendra de la perspective politique qu’il ouvre et de son refus de la division. Car on oublie que c’est de cela qu’il s’agit en politique.
Ce ne sont pas les allégeances personnelles, les petites combines qui fondent un engagement. La gauche marocaine a aujourd’hui besoin de débats sereins sur sa propre identité, son apport dans la phase historique actuelle, sa capacité à refaire un dessein, à fabriquer du rêve. Elle a, en outre, besoin d’hommes crédibles, charismatiques, non obnubiles par les séquelles du passé. C’est peut-être dans la génération des jeunes qu’il faut aller les chercher, celle de Hassan Tariq justement.

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