Chroniques

100% Jamal Berraoui : Hamas face à l’histoire

© D.R

Les Palestiniens ont voté majoritairement pour Hamas. Ils ont fait ce choix pour plusieurs considérations dont la corruption du Fatah n’est pas la moindre, mais aussi sur le discours «résistant» du Hamas qui correspondait à un sentiment de lassitude, face à un processus de paix totalement bloqué.
Aujourd’hui, le gouvernement palestinien crie famine et voudrait que les donateurs continuent à le financer. Or, le financement international était lié à l’existence d’une promesse de paix aussi tenue soit-elle. Le Hamas refuse de reconnaître «Israël», promet de la détruire. Aujourd’hui, la posture du Hamas affaiblit la position de la diplomatie palestinienne sur la scène internationale. A contrario elle donne des ailes à la solution unilatérale de «Kadima». Les adeptes de la paix réelle genre «Paix maintenant», la gauche libérale sont en porte-à-faux. Ils ne peuvent revendiquer la paix face à un adversaire qui la refuse. Le vieux projet de Sharon se réalise : Israël n’a plus de partenaire pour la paix. C’est ce qu’il cherchait depuis son accession au pouvoir.
Maintenant quelles sont les perspectives ? L’asphyxie économique est une réalité. La propagande islamiste sur la solidarité des peuples est encore un gros mensonge. Non pas que les musulmans soient insensibles à la question palestinienne, bien au contraire, mais parce que l’Etat d’Israël ne permettra pas cette aide. Croire qu’une mobilisation quelconque infléchera la position de l’Occident en général ou des USA en particulier relève de la fantasmagorie qui a amené tous les désastres que nous connaissons. Hamas n’a pas de projets, mais une série de rêves. Ils se brisent tous sur le rocher des réalités. Combattre Israël ? avec quelles armes, quel soutien ? La réalité on la voit chaque jour : un missile artisanal qui tombe dans le désert et la soldatesque sioniste se permet d’assassiner une dizaine de Palestiniens avec l’assentiment des grands de ce monde. Eradiquer la corruption ? encore faut-il payer les salaires de cette Administration pléthorique (150.000 personnes pour un Etat en gestation). La crise est aux portes et la grande crainte, c’est la déflagration inter-palestinienne, la guerre civile. Le Hamas est victime de sa propre contradiction : accepter le pouvoir sur un territoire non libéré en se fixant l’objectif de terrasser l’ennemi. Que des militants croient en la disparition d’Israël et la création d’un Etat laïc démocratique est un idéal respectable, qu’ils se mettent en situation de négocier avec Israël sa propre disparition est une bêtise. Hamas, lui, prend le conflit pour un conflit confessionnel et veut jeter les Juifs à la mer, c’est beaucoup moins respectable. En plus, ils ont pris le pouvoir, démocratiquement il est vrai, ce qui est suicidaire. Si Hamas maintient ses positions, il met les Palestiniens dans des difficultés quotidiennes impossibles, facilite la tâche au sionisme et in fine amène le retour à la case départ d’avant Oslo. S’il les change, il se discrédite et avec lui tous les islamistes du monde. Pourtant, personne ne peut rester insensible au malheur des Palestiniens et se réjouir de ces sombres perspectives. Le Maroc entame une opération de facilitation du dialogue. Mais c’est en Palestine que cela se jouera. La responsabilité veut que Hamas se démette parce qu’il n’est pas apte à diriger la nation palestinienne. Les chimères peuvent emporter l’adhésion, elles n’en restent pas moins des chimères. Le peuple palestinien ne mérite pas d’être décimé parce qu’il a voté Hamas.

Articles similaires

Chroniques

L’extrême droite caracole en tête des sondages en France

L’extrême droite, incarnée par Jordan Bardella, semble avoir le vent en poupe....

Chroniques

Mieux communiquer, mieux vivre…C’est inspirant, d’être inspirant !

Pour réussir à inspirer les autres et pour réussir à être inspiré...

Chroniques

Le renseignement face à l’essor des criminels en col blanc

Dans ses formes les plus raffinées, la criminalité en col blanc se...

Chroniques

Le terrorisme international appartient-il au passé ?

La menace de la terreur n’a pas disparu de notre monde

EDITO

Couverture

Nos supplément spéciaux