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100% Jamal Berraoui : La majorité a-t-elle un chef ?

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Le débat, ou plutôt la bataille, autour des lois électorales n’est pas clos. Ces lois uniques ne peuvent que susciter l‘ire des petits partis et de ceux qui, par choix politique, ne participaient pas auparavant aux échéances électorales. L’objet de ces lignes n’est cependant pas le fond de la question  mais quelques aspects formels ayant une grande importance.Depuis le début de la polémique, c’est l’USFP qui assure au nom de la majorité. Le parti du Maître Elyazghi se comporte comme s’il dirigeait la coalition gouvernementale, ce qui n’est pas le cas. Cette posture le met en première ligne, tant face au bloc des 15 que face à l’extrême gauche. Dernièrement, c’est Abdelouahed Radi qui s’est exprimé devant les militants de Casablanca sur le sujet. Alors que le président du Parlement est connu pour sa modération et son style policé, il est monté au créneau pour dénoncer ceux qui «au nom de leurs intérêts partisans veulent entraver la réforme du pays».
C’est que l’homme s’est rendu compte du malaise des militants. Ceux-ci dans leur vie quotidienne ne connaissent pas la majorité. Leur environnement, ce sont les militants d’extrême gauche, les anciens du Tihad. Ils se chambrent mutuellement, politiquement mais se respectent. Par contre, les autres, ceux de la majorité, sont perçus comme des «Chlahbya», des filous. Le militant tihadi de base ne comprend pas que sa direction engage le parti sur une voie qui l’isole de son environnement naturel.
Ce qui perturbe les militants, c’est que ni l’Istiqlal ni le RNI, ni les mouvements populaires ne font de cette bataille la leur. Or, le texte étant celui de la majorité, il aurait été normal que Driss Jettou et son ministre de l’Intérieur fassent le travail d’explication. Cela n’est pas le cas. Le Premier ministre a préféré défendre sa politique sociale devant la Chambre des représentants, quasiment vidée par la campagne pour les renouvellements.
L’explication de ce retrait est expliquée par des sources proches du dossier. « Si Jettou lui-même défendait ces dispositions, on pourrait en conclure que c’est l’Etat qui est derrière, or ce sont les partis qui l’ont imposé». Qui est l’Etat au Maroc ? La majorité est-elle oui ou non une composante de cet Etat ? Des questions lancinantes qu’il vaut mieux éviter avant les vacances.
Le résultat est peu brillant pour la marche de nos institutions. Une législation qui soulève un tollé général, qui vise à éliminer des sensibilités politiques à l’existence réelle, n’a de parrain que le parti de M. Elyazghi et encore juste au niveau de sa direction. Le Premier ministre, constitutionnellement chef de la majorité et donc politiquement responsable de ce dossier et le ministre de l’Intérieur qui, de toutes les façons, viendra le défendre au Parlement, regardent ailleurs.
Elyazghi et le chef de son groupe parlementaire en prennent pour leur grade, parce qu’ils se sont substitués au porte-parole de la majorité. Vis-à-vis de l’opinion publique, ils ont usé de moyens antidémocratiques pour éliminer des concurrents susceptibles de leur piquer des voix. Ils ont surtout approfondi le malaise de leur parti et de ses militants. C’est ce que l’on appelle une prise de risque inconsidérée.
Si le projet est amendé en Conseil des ministres ou au Parlement, ils auront l’air bien naïfs. C’est ce qui risque de se passer.

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