Chroniques

100% Jamal Berraoui : Le retour de la politique

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Cogitum ! Toutes les neurones de gauche sont ultra-sollicitées en ce moment. Au sein de l’USFP, les néo-socialistes ont une plate-forme claire et concise. Pour eux, il faut procéder à l’analyse critique de l’ensemble de la période. La participation au gouvernement en 1998 avait un but précis et un contenu hautement politique, l’alliance extra-large était imposée par les conditions du consensus. Ensuite la participation a été vidée de tout sens politique. L’absence de visibilité d’un projet de gauche fait de celle-ci un supplétif « d’un hypothétique projet de la monarchie ». Le constat est encore plus alarmant quand il relève qu’au sein de la société, par réflexe anti-intégriste, se développe un courant en faveur d’une sorte d’absolutisme éclairé. Par ailleurs, d’autres militants ont trouvé comme référence le discours de maître Youssoufi à Bruxelles, discours très critique sur les résultats institutionnels de l’alternance consensuelle. Bizarrement , les plus rétifs à cette remise en cause sont les ex du PSD qui se comportent en orphelins de Elyazghi. En tous cas, ceux qui pensaient que le départ de maître Elyazghi relevait uniquement de la guerre des chefs en sont pour leurs frais. J’avais écrit, sur ces mêmes colonnes, que le débat qui s’engage est identitaire, les plates-formes en circulation me donnent raison.
Chez les gens du PPS, c’est en filigrane le même questionnement qui domine. L’apparente lutte pour le pouvoir n’arrive même plus à masquer les questions lancinantes, existentielles d’une gauche qui se rend compte qu’elle a perdu pied au sein de la société, que son projet s’est délité, qu’elle a perdu son âme. Le retour à l’opposition se profile, non pas comme une catharsis mais comme une réponse au train de sénateur de la transition. Ce qui se passe sous nos yeux est un moment historique décisif. Si elle va jusqu’au bout de son introspection, la gauche marocaine imposera la restructuration du champ politique. L’offre politique de gauche, revendicative, déterminée, réancrée socialement, seul véritable barrage à l’intégrisme, fermera tous les couloirs. La tentative de monsieur Fouad Ali El Himma aura beaucoup de difficultés pour trouver un espace. La politique est de retour, non pas celle des accords dans les salons, mais celle des positionnements autour des valeurs et des choix politiques. Parce que tous les repositionnements, bien évidemment, concernent les relations avec la monarchie, il est à craindre que ce soit le seul point qui intéresse ceux qui polluent la vie politique depuis longtemps. Or, qu’en est-il réellement?
Il n’ y a aucune remise en cause de la légitimité historique de la monarchie. Les militants de gauche réclament une réforme constitutionnelle qui permette de renforcer les institutions issues du suffrage universel. Après il y a ceux qui se concentrent sur l’article 19 et ceux qui pensent qu’il faut prendre en considération l’histoire du pays. La gauche ne reprend pas une lutte pour le pouvoir, ce n’est pas vrai. La gauche dit clairement qu’elle compte s’adresser à la société et uniquement à la société. Stratégiquement elle n’a jamais caché que son but ultime était de faire de l’Etat un acteur neutre face au jeu politique. L’hégémonie actuelle, handicape la transition, éloigne les masses de la participation, crée effectivement une tentation d’absolutisme éclairé dans l’opinion et ne sert en fin de compte que le projet intégriste, ces choses là sont dites clairement dans tous les cénacles de gauche et seront publiques dans les jours à venir. Elles sont dites clairement et ne visent aucune crispation.
La politique, la grande est de retour. Les démocrates non encartés ne peuvent rester à l’écart et attendre que cela se passe. La gauche a besoin en ce moment d’un signal fort d’encouragement de la part de tous les démocrates. La refondation d’un grand mouvement de gauche, social-démocrate, populaire sans être populiste est fondamentale pour le devenir de la transition démocratique. Dans le court terme cette refondation signifie l’enterrement de la Koutla , l’émergence d’un pôle conservateur dirigé par l’Istiqlal, face à un pôle de gauche et à la mouvance intégriste. Nous en rêvions depuis des décennies c’est en train de se faire. Ceux qui trouvent plus excitant d’essayer de deviner qui sera le prochain chef n’ont rien compris au film, la majorité des militants de gauche s’en font royalement.

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