Chroniques

100% Jamal Berraoui : le vrai complot

© D.R

Que des gens trouvent le PJD a leur goût, ce n’est que du très normal ; que des néophytes pensent que M. Lahcen Daoudi est un économiste est acceptable. Ledit Daoudi étant enseignant (c’est dire si nos universités sont brillantes), mais que personne ne réagisse à la prestation du député PJD à la télé me paraît insupportable. Mon problème se situe au delà de mes convictions politiques. Le dirigeant islamiste a proféré plein de non sens que les journalistes présents n’ont pas relevé, c’est normal, ils ne sont pas nécessairement au fait de la chose économique.
Que dit Lahcen Daoudi ? Ce gouvernement, et le précédent ont échoué partout parce que la solution c’est d’arriver à un taux de croissance de 7%. La belle trouvaille, c’est exactement ce que disaient Hassan Abouyoub, Abderrahmane Saaïdi, Driss Jettou, André Azoulay, Fathallah Oualalou et ce depuis 15 ans !
Personne sur le plateau ne lui a posé la question comment ? Car si le Maroc n’y est pas parvenu ce n’est pas faute d’avoir essayé et ce n’est pas parce qu’il y aura plus de zélotes au gouvernement que cela marchera. Ensuite, ce discours a montré son inanité. Il faut une juxtaposition entre croissance et développement, qui est une rentable escroquerie intellectuelle. La croissance n’aboutit au développement que si elle est accompagnée d’une batterie de réformes sociales, dont la première concerne l’élément humain. Ce n’est pas parce que les télécoms, l’habitat et les banques doperaient les chiffres que les Marocains tricheront moins, respecteront la loi, croiront dans une destinée collective, conditions essentielles à la croissance et au développement. Le processus de développement est un processus intégré où le taux de croissance est accompagné dans sa hausse par l’amélioration du niveau  du facteur humain avant d’améliorer son niveau de vie. Cela passe par la fin de la marginalisation, par l’intégration économique en premier. Il n’y aura pas de développement tant que la croissance ne se diffuse pas à l’ensemble de la société par le mécanisme d’un marché unifié et d’une économie intégrée. Les Islamistes? Ils ne tiendraient pas dans un vrai débat public. Mais le vrai complot aujourd’hui c’est de continuer à préférer  l’écume au vrai débat. Leur position sur l’alcool, la femme, les libertés ! Cela n’a aucune importance, ils peuvent faire dans le moralisme tant qu’ils veulent, il faut qu’ils proposent aux Marocains un projet chiffré et qu’ils le défendent.
Dès qu’ils sont sur ce terrain, ils singent les autres, eux-mêmes véritables perroquets du discours du FMI, de la prétendue pensée dominante. Tant qu’aucun parti ne traitera les Marocains en citoyens responsables, il y aura de la place pour les faux politiques, ce n’est pas le PJD qui est dangereux, ce sont les autres qui sont nuls.

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