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100% Jamal Berraoui : Les conséquences d’un choix

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Les «Shabols», finalement on y est. Depuis plus de dix ans, plusieurs responsables ont avancé l’idée de copier les Coréens. Ceux-ci avaient créé des champions nationaux qui ont tiré l’économie vers le haut et pu résister à la concurrence internationale. Aujourd’hui au Maroc, même sans les fanfares on y est. Les contrats signés dernièrement sont dans cette logique avec un rôle de coordination active pour la CDG, qui devient le bras  séculier de l’Etat.
Ce choix vaut les autres et son évaluation ne peut se faire que sur la durée. Cependant, on peut faire remarquer que la Corée a pris cette option et l’a réussie parce qu’elle vivait sous la dictature et que la société était encore féodale, sans existence d’une bourgeoisie locale. Au Maroc, la transition vers la démocratie est avancée et le privé, avec toutes ses tares, est tout de même une réalité. Ceci limite les capacités de  l’Etat à favoriser les «Shabols», car cela présuppose des rentes, des passe-droits, un favoritisme qui n’a rien à voir avec l’Etat de droit auquel nous aspirons. Limites que le pouvoir militaire coréen n’avait pas.
Ceci étant dit, la marge de manœuvre reste grande et la possibilité de voir émerger des groupes nationaux de dimension internationale n’est pas une utopie sans lendemain. Il faudra veiller à l’éthique et à la transparence. Lier le coup de pouce de l’Etat à l’entrée en Bourse est une approche intéressante, car la Bourse impose une transparence de la gestion. Les entreprises «élues» devront être exemplaires sur le terrain. Sinon,  on ne fera que perpétrer l’économie de rente. Or, la transparence n’était pas le point fort de certaines d’entre elles, surtout celles qui opèrent dans des secteurs opaques. Le nouveau rôle de la CDG, celui de numéro 10 de l’économie nationale n’est pas une hérésie, restera à déterminer ses rapports avec le gouvernement élu. Il faut à tout prix éviter que cette institution se transforme en Etat dans l’Etat, ce qui n’est apparemment pas la volonté de l’équipe dirigeante, mais nul ne  maîtrise l’avenir. L’OCP a pendant des décennies refusé de livrer ses comptes au ministère des Finances par exemple.
Quelle que soit la pertinence des choix opérés, ils n’ont de chance d’aboutir au développement que si l’environnement global est modifié. Depuis l’an 93 du siècle dernier, nous savons exactement quels sont nos handicaps et nous avons échoué sur trois fronts : l’éducation, la justice, la fiscalité. L’élément humain est un handicap actuellement, l’éducation faisant défaut, la réforme de l’enseignement, si elle aboutit, ne donnera ses fruits que dans quelques années, par rapport au marché du travail.
La justice est toujours une vraie plaie, broyant souvent les droits des gens et créant en tout cas une psychose chez les justiciables. Quant à la fiscalité, elle est effectivement trop lourde mais les finances préfèrent un tiens à deux tu l’auras, car la diminution du poids de la fiscalité n’est viable que si l’assiette s’élargit. Les grandes réformes, comme on les appelle chez les politiques, sont encore au point mort. Par excès de prudence ou manque de courage probablement. Si on ne les réussit pas, les «Shabols» ne serviront à rien. On aura quelques fleurs entourées de marais puants et ce n’est pas le but de l’exercice.

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