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100% Jamal Berraoui : Terrorisme : l’erreur algérienne

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Les groupes extrémistes algériens ont mué. De terroristes locaux, ils sont devenus officiellement des lieutenants du terrorisme international. Le président Bouteflika avait cru un instant régler le problème par une loi d’amnistie générale. Des repentis, il y en a eu au plus grand désarroi des familles des victimes. On peut imaginer la douleur d’un villageois qui voit parader l’assassin de son frère ou le violeur de sa fille sans pouvoir réclamer justice. Pire, dans une générosité plutôt suspecte, les services algériens ont même aidé à la réinsertion des repentis. Souvent, ces repentis se sont recyclés dans le banditisme ou le racket institutionnalisé. Les plus décidés de la nébuleuse du terrorisme algérien se sont jetés dans les bras d’Al-Qaïda. Ils ne combattent plus pour l’islamisation de l’Algérie mais pour défaire l’Occident. Le sang algérien qui a coulé cette semaine n’a plus rien à voir avec la faute originelle, c’est-à-dire l’arrêt du processus électoral il y a 15 ans. Cette mutation est le fruit d’une longue maturation que les conseillers de Boutef n’ont pas apprécié à sa juste valeur. Les groupuscules intégristes, même issus de l’ancien FIS, la matrice de la barbarie version algérienne, ont été happés par le contexte international. Ils ne sont plus spécifiques à l’Algérie, d’où l’échec absolu de ce que les officiels d’Alger ont appelé la concorde nationale. En occultant cette mutation, les gouvernants d’Alger ont fait fausse route et commis une série d’erreurs que des citoyens algériens ont payé et vont payer de leurs vies.
Pensant avoir affaire à un terrorisme intrinsèque, ils se sont réservé le droit souverain de le traiter en interne et ont donc traîné les pieds pour collaborer avec les services voisins, en particulier les Marocains. Les services algériens ont donné l’impression que le terrorisme international ne les concernait pas. Le «leur», domestique, devait être traité politiquement, pensaient-ils en enterrant la théorie de l’éradication. La plus grande illustration de cette myopie c’est d’avoir laissé près de 2000 «combattants» du Polisario émigrer vers les régions frontalières et être récupérés par «Al-Qaïda». Cet épisode, révélé par les services étrangers, inquiète, aujourd’hui, au plus haut point, tous les pays attachés à la stabilité dans la région. Maintenant, Alger n’a plus d’autre choix que d’intégrer la guerre internationale contre le terrorisme. Aveugle, celui-ci ne fait pas de cadeau aux récalcitrants. Cette intégration présuppose une collaboration étroite avec le voisin, c’est-à-dire le Maroc. Elle présuppose aussi qu’Alger cesse de laisser des armes circuler librement sur son territoire, un trafic immense se développer à ses frontières et des relations ténébreuses se tisser entre ses protégés et ses ennemis. La sagesse et le patriotisme, puisqu’il s’agit de sauver des vies algériennes, imposent une révision déchirante de l’ensemble des options stratégiques de l’élite algérienne. Le règlement de l’affaire du Sahara est une condition sine qua non pour assurer la stabilité dans la région. Cette stabilité est, elle même, la condition du développement et de la démocratisation dans la région. Alger sait aujourd’hui que face à des dangers planétaires, il est ridicule de jouer en solo. Bouteflika acceptera-t-il de payer le prix de la collaboration ?

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