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100% Jamal Berraoui : Zarqaoui : le terrorisme ne paye pas

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Jamais dans l’histoire de l’humanité le terrorisme, quelles que soient les options idéologiques de ceux qui l’ont choisi comme moyen de lutte, n’a gagné. Il a souvent servi les intérêts inverses de ceux dont il affichait la défense. Les Brigades rouges et la bande à Baader, bien qu’elles n’aient pas choisi le terrorisme de masse et qu’elles ne soient pas comparables à ce que nous vivons, ont participé au délitement du mouvement progressiste dans leur pays et à l’adoption de lois liberticides. Le 11 septembre a servi de justification à la politique agressive de la bande à Bush. Zarqaoui, lui, était atypique, seul le GIA algérien a fait pareil. Le Jordanien a instauré la terreur en Irak, en visant non pas l’occupant, mais les populations civiles. Il porte la responsabilité de milliers de morts, essentiellement des chiites, il a mis les deux communautés face à face, a assassiné des croyants dans leur lieu de prière, qui va pleurer un tel fou sanguinaire ?
Et pourtant, certains secteurs des populations de la région voyaient en lui une sorte d’héros moderne défiant le grand Satan. On lira, sûrement, ici ou ailleurs, des qualificatifs tel que « Martyr ». C’est une véritable pathologie qu’il faut soigner, politiquement, socialement, culturellement. Car, ne nous voilons pas la face, il faut déterminer ce qui fait que des individus emmagasinent autant de haine pour soutenir un criminel sadique comme Zarqaoui.
La crise identitaire y est pour beaucoup. La Palestine d’abord, puis l’occupation de l’Afghanistan et de l’Irak sont une agression manifeste à un monde rongé par le sous-développement, l’analphabétisme et le despotisme des classes dirigeantes. Les courants régressifs, tous soutenus au début par les services américains dans le cadre de la guerre froide, utilisent à merveille ce ressentiment. Et c’est ainsi qu’on aboutit à des raisonnements aberrants faisant des crimes de Zarqaoui une réponse légitime à la violence occidentale, tout aussi condamnable par ailleurs. Ce combat là n’est pas occidental, il concerne en premier lieu les intellectuels et les démocrates des pays concernés. L’erreur historique, qui malheureusement se matérialise de jour en jour, serait de laisser aux seuls islamistes ces thèmes. La nation, la cause palestinienne, le respect de l’intégrité territoriale des pays ne sont pas des causes périmées. Or, aujourd’hui c’est à une véritable fuite en avant que nous assistons. L’anti-impérialisme étant remis au placard, le pan-arabisme s’étant dissous dans l’islamisme, les intellectuels dits libéraux ont déserté ce terrain. Pire, certains, comme Chaker Naboulsi, défendent l’agression américaine, en font une conquête. Le raisonnement sous-jacent est réellement néo-colonialiste. Selon ce raisonnement, le monde dit arabo-musulman est incapable d’évoluer vers la modernité, il est donc bon que les USA fassent le ménage et installent la démocratie. Cette ineptie est dangereuse parce qu’elle permet l’amalgame et le rejet de la démocratie et de la modernité perçues non pas comme des valeurs universelles, mais comme les valeurs de l’occupant, du croisé, du juif. Ce raisonnement est celui de défaitistes qui ont déclaré forfait, leur incapacité à comprendre et à agir dans leur société les pousse à la pire des attitudes: s’appuyer sur les chars US pour opérer ce changement. Les démocrates dans cette région doivent assumer la crise identitaire, en particulier avoir le courage d’en finir avec le concept de « Oumma » et de consacrer les nationalismes réels, objectifs, souvent antagoniques. Redéfinir les identités nationales est une œuvre complexe mais nécessaire à toute modernisation, se poser ces problématiques, tenter de les résoudre est urgent, sans abandonner des causes justes. La cause palestinienne est juste, non pas parce qu’elle met en face des Arabes et des Juifs, mais parce que des terres ont été spoliées et que le peuple palestinien a droit à son Etat. L’occupation de l’Afghanistan et de l’Irak n’a pas démantelé le terrorisme, bien au contraire, et constitue une violation du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Ce n’est qu’en le martelant fermement que les démocrates pourront asseoir leur crédibilité et en finir avec le soutien à la chimère terroriste.

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