Chroniques

A dire vrai… La ville où l on écoute le silence

© D.R

La ville que j’eus la chance de visiter récemment me semble sortie tout droit d’un songe. Une ville où le temps s’écoule… comme à l’origine du temps. Une ville restée à l’échelle des hommes et des femmes qui y vivent.
Durant les quelques jours passés entre ses murs, j’ai vu ses habitants vaquer à leurs occupations dans une quiétude presque anormale.

Nulle frénésie ne les anime. Nulle précipitation ne les habite. Ils se saluent lorsqu’ils se croisent, comme s’ils se connaissaient, comme s’ils étaient les membres d’une même famille. Ils fréquentent les lieux de commerce, dans la sérénité. Ils occupent les terrasses de café, dans la bonne humeur. Ils déambulent sur les trottoirs, dans la nonchalance.

Ils sont prompts à vous sourire, à vous montrer le chemin. Ils reconnaissent vite l’étranger, et se mettent en quatre pour le mettre à l’aise. Pour peu, ils l’entraîneraient dans leur chaumière pour partage leur pitance du jour. Ils sont agréables, ils sont joviaux.

Les voitures circulent à l’image des piétons, sans empressement, sans impatience. Elles observent la signalisation et, ô comble du bonheur, ne klaxonnent point. Oui, elles n’émettent aucun de ces horribles sons qui agressent l’être humain. De la terrasse de café où je dégustais un thé à la menthe forte de la région, j’ai pris un indicible plaisir à téléphoner à mes amis des grandes métropoles, leur parler longuement, puis leur demander au bout de la conversation s’ils avaient entendu le moindre coup de klaxon, cet affreux bruit dont ils ont fait leur mode de communication privilégié au volant dans leurs cités nombrilistes auprès desquelles plus rien n’existe ! Ils n’en revenaient pas lorsque je leur disais que j’étais dans une cité bien de chez nous !

Les autobus, roulent tout aussi sobrement, s’arrêtent aux endroits qui leur sont réservés, près du trottoir. Les taxis répondent quand ils sont hélés, et prennent leurs passagers à leur destination, sans leur imposer la leur propre.
Les rues sont propres, les voies larges, les immeubles à dimension humaine. En dépit de la dureté du climat, la verdure entoure les habitants et agrémente la cité.

Le bleu intense du ciel est à peine entaché de légères traînées de nuages d’un blanc immaculé. Le soir, les étoiles descendent du ciel pour peupler les rêves des habitants. La nuit tombée, dans un continuum naturel, la ville s’assoupit dans un sommeil préparé par le calme du jour.

Et si l’envie vous prend de vous aventurer dans ses environs, vous serez sublimé de la majesté du désert, la féerie des paysages, la magie des montagnes, l’envoûtement des rivières.
Non, il ne s’agit pas d’une ville utopique.
Elle est bien réelle, mais ne se laisse  pas conquérir facilement.

Il faut pour cela se défaire de ses soi-disant occupations essentielles et aller de l’autre côté des hautes montagnes du Grand Atlas, là où les hommes ont encore une âme, où ils ont préservé des modes de vie ancestraux, où le quotidien est régi par des valeurs d’une grandeur immuable. Il faut oser muer, tomber sa peau de citadin emporté par les vagues tumultueuses de la modernité fallacieuse, et retourner goûter à un bonheur fait de spontanéité, de solidarité et d’humanisme.

Cette ville s’appelle Ouarzazate. On y écoute le silence. Il y fait bon vivre. Autour de son cou, scintille un collier de perles ensorcelantes qui ont pour noms Agdz, Zagoura, Tazenakht, Skoura, Kelaat Mgouna, Boumalne du Dadès. Dans chacun de ces endroits fascinants, l’on est submergé par l’ineffable hospitalité des habitants et la féerie magique des paysages.

J’ai eu du mal à m’arracher à cette ville et à ses environs enchanteurs, nichés au pied de l’Atlas, à l’orée du désert qui leur a imprimé profonde sérénité et élévation spirituelle.
J’espère que la vie me permettra d’y retourner, avec l’espoir d’y couler des jours paisibles, emplis du bonheur fait de joies simples et naturelles.

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